
Donizetti Tavares de Lima, le thaumaturge de Tambau (+1961)
Peu connu en France, le « saint curé de Tambau » est un prêtre catholique brésilien, père Donizetti Tavares de Lima, mort en odeur de sainteté le 16 juin 1961. Dévoué corps et âme à la lutte contre la misère sociale et spirituelle, il attira à lui des foules gigantesques en raison de ses charismes extraordinaires (guérisons, lecture des cœurs, lévitations, bilocations), qui entraînèrent de nombreuses conversions. Depuis 2019, le père Donizetti est vénéré comme bienheureux par l’Église catholique.
Les raisons d'y croire
Le père Donizetti Tavares de Lima se dépense sans compter pour les pauvres, les personnes âgées, les malades et les enfants, en construisant des écoles, des crèches, des hospices pour lutter contre la pauvreté sous toutes ses formes.
Pauvre parmi les pauvres, l’humble curé vit dans une résidence sans meubles, ne mange qu’une soupe une fois par jour, dort sur une planche de bois et n’achète pas d’habit, préférant repriser sa vieille soutane. Ne gardant rien pour lui, le père Donizetti redistribue aux pauvres tous les dons qu’il reçoit.
L’engagement social du père Donizetti est tel qu’il devient une référence pour la mairie de la localité en matière de réformes sociales. Le président brésilien Getulio Vargas lui-même se rend auprès du père Donizetti ; cette rencontre contribue aux premières lois brésiliennes encadrant le travail, en 1954.
Le père Donizetti est aussi connu comme « le thaumaturge de Tambau ». Un grand nombre de miracles lui sont attribués, ce qui contribue à sa réputation de sainteté à travers tout le Brésil. En particulier, les guérisons et les conversions se multiplient lors des bénédictions que le curé donne à la fin de sa messe quotidienne. Des foules de plusieurs dizaines de milliers de personnes se pressent donc pour y assister, au point qu’une plateforme est construite devant l’église du père Donizetti pour les accueillir. L’affluence est telle – jusqu’à 200 000 personnes – que l’évêque du lieu finit par demander au père de cesser les bénédictions publiques.
La guérison de José Alexandre Braga peut être citée en exemple. Surnommé « Braguinha », l’enfant atteint d’ostéochondrite (maladie dégénérative des articulations), ce qui le rend incapable de marcher sans aide. En 1955, après avoir reçu la bénédiction du père Donizetti, il se lève et réussit à marcher normalement. Il devient ensuite joueur de football professionnel. Ce miracle est amplement documenté.
Outre les nombreuses guérisons miraculeuses, on rapporte des cas de bilocation. Un journaliste brésilien connu, Joelmir Beting, rapporte à la radio que le dimanche de Pâques 1953, le père Donizetti, qui célébrait la messe à midi dans l’église Saint-Antoine devant des milliers de personnes, a été vu au même moment dans la ville de Sao Pedro dos Morrinhos, par pas moins de deux mille personnes, lors d’une vente aux enchères de bétail où il collectait des fonds.
Enfin, des lévitations ont été recensées. Par exemple en 1958, lors d’une messe en plein air à Tambau et devant une large assemblée, le père Donizetti s’élève d’environ un mètre au-dessus du sol.
Attribuant tous ces prodiges à Notre-Dame d’Aparecida, le père Donizetti demeure humble et détaché. Il considère les miracles comme de simples signes qui ouvrent la voie à ce qui est véritablement essentiel : la conversion des cœurs au Christ. Soucieux du bien terrestre de chaque homme, le saint curé est encore davantage préoccupé par le salut éternel des âmes.
Le père Donizetti, qui était reconnu pour les conversions et guérisons qu’il opérait de son vivant, ne cessa pas de réaliser des miracles après sa mort. Bruno Henrique Arruda de Oliveira, un enfant né en 2006 avec un pied bot congénital bilatéral (malformation sévère des pieds) a été guéri de façon instantanée et totale après que sa mère eut prié par l’intercession du père Donizetti.
Le 6 avril 2019, le Vatican reconnut la guérison miraculeuse de Bruno Henrique Arruda de Oliveira par l’intercession du saint prêtre, ce qui entraîna la béatification du père Donizetti le 23 novembre 2019, à Tambau. Ce miracle a été officiellement reconnu par le Vatican, après avoir été validé par une commission médicale et théologique. À ce jour, les témoignages de guérisons obtenues par des pèlerins grâce à l’intercession du père Donizetti continuent d’affluer.
En savoir plus
Donizetti Tavares de Lima est né dans la ville de Cassia, au centre du Brésil, le 3 janvier 1882, dans une famille de neuf enfants. Il est le fils de Tristao Tavares de Lima, juriste, et de Francisca Candida Tavares de Lima, professeure. Alors qu’il n’a que quatre ans, sa famille s’installe dans la ville de Franca, dans l’État de Sao Paulo, où Donizetti fréquente l’école primaire et apprend les rudiments de la musique. Le jeune garçon travaille assidûment afin de subvenir aux besoins de sa famille et de payer une partie de ses futures études, moyennant quoi son père accepte de le laisser devenir prêtre. En 1894, à l’âge de douze ans, Donizetti entre au séminaire épiscopal, où il devient bientôt organiste, puis professeur de musique pour les séminaristes. Puis, en 1900, le jeune homme commence des cours de droit et, en 1903, sa formation philosophique et théologique en vue de son accession au sacerdoce.
Le 12 juillet 1908, à l’occasion de son ordination sacerdotale des mains de l’évêque de Pouso Alegre, Donizetti s’impose de sa propre initiative le vœu de pauvreté, qui n’est pourtant pas obligatoire pour le sacerdoce. Tout au long de son ministère, le père Donizetti aura en effet à cœur d’être proche du peuple, pauvre parmi les pauvres. Lorsqu’il est nommé curé de l’église Sant’Ana à Vargem Grande do Sul, dans le diocèse de Ribeirao Preto, en 1909, son engagement radical au service des pauvres lui vaudra d’être accusé de communisme par de riches détracteurs.
Le 24 mai 1926, le père Donizetti est nommé curé de l’église Saint-Antoine de Tambau. Il s’y dévoue sans compter pour les pauvres, les personnes âgées, les malades et les enfants. Proche de ses paroissiens, il fonde une crèche pour les petits, une école et un club de foot pour les enfants, organisant des cercles de travailleurs pour les ouvriers en usine, ou encore un centre d’approvisionnement alimentaire pour les pauvres. Le curé supervise aussi la construction de l’hospice Saint-Vincent-de-Paul pour les personnes âgées pauvres ou abandonnées, prend également en charge les immigrés italiens et visite régulièrement les personnes âgées. Si lui-même vit dans une pauvreté radicale, le père Donizetti, très bon administrateur, gère admirablement les ressources de la paroisse, dont il investit les revenus dans des œuvres sociales. C’est ainsi qu’il achètera des terres et des maisons pour ceux qui ne possèdent rien. Ayant eu vent de son expertise pratique sur le sujet, les autorités municipales, d’abord réticentes, finissent par demander conseil au père Donizetti sur les questions sociales ; au point que le curé devient rapidement une référence, même à l’échelle nationale.
Son désir radical de vivre comme les pauvres le conduit à une vie marquée par une grande pauvreté matérielle. Dans sa résidence, dépourvue de meubles, le père mange de la soupe de gombo au dîner, son unique repas, et dort sur une planche de bois plutôt que sur un lit, avec une pile de livres en guise d’oreiller. Préférant raccommoder lui-même sa soutane plutôt que d’en obtenir une neuve, il donne systématiquement aux pauvres les choses matérielles dont ses paroissiens lui font cadeau pour lui-même. « Le père Donizetti avait une vie austère, sans luxe ni raffinement »,écrit José Wagner Azevedo dans son livre Le Père Donizetti de Tambau :«Son aspiration était de servir Dieu par-dessus tout. Il avait un zèle total pour les enfants et les personnes âgées, mais il accueillait chacun sans distinction.» Humble et recueilli, le père Donizetti se montre toujours accueillant, compréhensif, bienveillant et doux.
Le père Donizetti est également un homme profondément spirituel, rayonnant de sainteté. Il est connu comme étant « le thaumaturge de Tambau ». En effet, à partir des années 1920 et jusqu’à sa mort, un grand nombre de miracles lui sont attribués, contribuant à sa réputation de sainteté. L’un d’eux se produit dès 1927 : alors qu’une pluie torrentielle menace l’organisation de la procession d’une statue de Notre-Dame d’Aparecida, la tempête se calme lorsque le père Donizetti sort pour conduire la procession.
Par la suite, de nombreuses guérisons seront attribuées aux fameuses bénédictions du père Donizetti, attirant progressivement les foules. Un parfum d’Évangile plane sur l’église Saint-Antoine ! Entre le 30 mai 1954 et le même jour de l’année suivante, un flux continu de pèlerins se presse auprès du père Donizetti, au point qu’un jour, la foule atteint les 200 000 personnes, ce qui provoque un véritable désordre dans la ville. Devant les risques de fanatisme populaire, l’évêque du lieu demande au père Donizetti de cesser les grandes bénédictions publiques. La dernière aura lieu le 30 mai 1955, devant une foule immense, gagnée par l’émotion, alors qu’une pluie de pétales de roses est répandue sur la ville de Tambau par des avions. À l’issue de la bénédiction, le père Donizetti promet de continuer à prier pour tout le monde, fût-ce dans le secret de son cœur, seul dans sa chambre. Et, de fait, les miracles ne cessent pas…
Au matin du 16 juin 1961, à 11 h 15, après avoir donné sa vie pendant trente-cinq ans à la paroisse de Tambau, le père Donizetti y meurt à l’âge de soixante-dix-neuf ans, assis sur une chaise, à la porte de la maison paroissiale. Le cœur du curé, qui s’épuisa d’amour pour chacun, s’arrête de battre à la suite d’insuffisances cardiaque et diabétique... Jusqu’au lendemain, jour de l’enterrement, des milliers de personnes se rassemblent en l’église de Tambau pour un dernier adieu au père Donizetti.
En raison de sa grande réputation de sainteté, une enquête en vue de la béatification du père Donizetti est introduite rapidement. Le 26 septembre 2017, cardinaux et évêques reconnaissent que ce serviteur de Dieu exerça les vertus chrétiennes à un degré héroïque. Le 9 octobre de la même année, le pape François déclare le père Donizetti vénérable. Moins de deux ans plus tard, le 6 avril 2019, le Vatican reconnaît la guérison miraculeuse deBruno Henrique Arruda de Oliveira. La béatification du père Donizetti a lieu le 23 novembre 2019 à Tambau et sa mémoire liturgique est fixée au 16 juin, jour de sa naissance au Ciel.
Thomas Belleil, auteur de livres de spiritualité, diplômé en sciences religieuses à l’École Pratique des Hautes Études et en théologie au Collège des Bernardins.
Au delà
La dépouille du bienheureux Donizetti Tavares de Lima repose aujourd’hui à Tambau, au sanctuaire Notre-Dame d’Aparecida, que le père Donizetti avait souhaité voir construire. Entre dix et douze mille personnes par mois viennent en pèlerinage auprès de la dépouille du père Donizetti, dans la chapelle qui lui est dédiée. Des milliers de personnes visitent également la « Maison du père Donizetti ». À l’intérieur de la maison, on trouve de nombreux objets liés aux miracles, tels que des béquilles, etc.
Aller plus loin
Gaetano Passarelli, Donizetti Tavares de Lima di Tambau. Il taumaturgo, collection « Exempla hagiographica », Graphe.it edizioni, 2017. En italien.
En complément
La biographie du site AnaStpaul (article « saint du jour ») : « Bienheureux Donizetti Tavares de Lima (1882 – 1961) ».
Un site Internet lui est dédié, en portugais.
Le site officiel du sanctuaire de Tambau .
Les informations disponibles sur le site du Dicastère pour la cause des saints .
L’article de Vatican News (en italien) : « È Beato padre Donizetti Tavares de Lima, il "taumaturgo"».