
Un miracle eucharistique à Trani
Vers l'an mil, à Trani (Italie, Pouilles), un miracle eucharistique marque la mémoire collective des croyants de la région, et au-delà. Une documentation historique précise et connue des spécialistes évoquent le phénomène. Les villageois ont tracé des « monogrammes eucharistiques » dans les anciennes rues de la commune.
En 1625, le frère Bartolomeo Campi décrit le prodige avec de multiples détails dans son œuvre L’amoureux de Jésus-Christ (1625). Nous tirons de cet écrit la description des faits.
Une femme inconnue des villageois faisait semblant d'être chrétienne. Il lui arrivait de venir à l'église de Trani pour y communier mais certains disaient qu'elle n'avalait pas l'hostie...
Un jour, effectivement, elle communia mais après avoir reçu l’hostie, elle la sortit de sa bouche et la mit dans son mouchoir. Rentrée chez elle, à l'écart du village, elle voulut vérifier que c’était vraiment du pain. A cet effet, elle mit l’hostie consacrée dans une poêle remplie d’huile pour la frire. Au contact de l’huile bouillante, l’hostie se transforma en chair sanglante. Une quantité invraisemblable de sang s'écoula dans la poêle d'abord puis partout sur le sol de la pièce.
Terrorisée, la femme se mit à crier ; des voisines accoururent pour savoir ce qui était en train de se passer. Elles ne purent que constater la véritable hémorragie sanguine qui avait tâché les habits de la propriétaire des lieux.
Après que celle-ci ait expliqué ce qu'elle avait fait, on alla prévenir le curé qui, à son tour, se précipita chez l'évêque diocésain. Celui-ci ordonna de ramener respectueusement l’hostie dans l’église de Trani.
En 1616, l’hostie miraculeuse fut placée dans un beau reliquaire en argent. On pratiqua nombre d'analyses à son sujet à différentes époques. La dernière date de 1924 par Mgr Giuseppe Maria Leo à l’occasion du Congrès eucharistique interdiocésain.
En 1706 la demeure de la femme qui, malgré elle, devint l'héroïne de cette histoire, fut transformée en chapelle grâce à l’offre généreuse d'un aristocrate des Pouilles, Ottaviano Campitelli.
Exposée aujourd'hui dans la cathédrale de Notre-Dame de l'Assomption de Trani, la précieuse relique eucharistique est l'objet d'une belle dévotion. « Hostie sacrée, frite par mépris de notre foi », comme le souligna au XVIIe siècle, l'abbé cistercien Ferdinando Ughelli dans son Italia Sacra, les fidèles contemporains continuent de venir nombreux jusque dans ce coin retiré des Pouilles.
Saint Padre Pio, lui-même originaire de la région, a écrit à son sujet : « La ville de Trani est privilégiée, car à deux reprises elle a été baignée par le sang du Christ. »