« Tout va bien se passer »

Au mois de juin 1897, alors qu’elle est minée par la tuberculose et plongée dans l’épreuve de la foi, Thérèse prend la plume à la demande de sa mère Prieure pour compléter son premier manuscrit autobiographique. Dès les premières pages de ce Manuscrit C , se manifeste le cœur de son union à Dieu.

« [Je rapporte] au Bon Dieu ce qu’Il a bien voulu mettre de bon en moi. S’il lui plaît de me faire paraître meilleure que je ne suis, cela ne me regarde pas, Il est libre d’agir comme Il veut... O ma Mère, que les voies par lesquelles le Seigneur conduit les âmes sont différentes ! Dans la vie des Saints, nous voyons qu’il s’en trouve beaucoup qui n’ont rien voulu laisser d’eux après leur mort, pas le moindre souvenir, le moindre écrit, il en est d’autres au contraire, comme notre Mère Ste Thérèse [d’Avila], qui ont enrichi l’Église de leurs sublimes révélations ne craignant pas de révéler les secrets du Roi, afin qu’Il soit plus connu, plus aimé des âmes. Lequel de ces deux genres de saints plaît le mieux au Bon Dieu ? Il me semble, ma Mère, qu’ils lui sont également agréables, puisque tous ont suivi le mouvement de l’Esprit Saint et que le Seigneur a dit : Dites au Juste que Tout est bien. Oui tout est bien, lorsqu’on ne recherche que la volonté de Jésus. »

Rapporter à Dieu ce qu’il y a de bon en nous, c’est l’humilité véritable. Cette attitude spirituelle permet à la fois de mettre en œuvre les dons que nous avons reçus, et de ne pas nous en faire les propriétaires. D’une part, Thérèse nous invite à la joie et à la responsabilité : j’ai tel talent, et je veux qu’il fructifie pour moi et pour les autres. D’autre part, elle nous appelle à l’action de grâce : béni sois-tu, Seigneur, de m’avoir donné ce talent !

C’est pourquoi il importe peu que nos talents soient connus de tous ou bien qu’ils rayonnent discrètement dans le petit périmètre de notre vie quotidienne. Ce qui est important, c’est de discerner les dons que nous avons reçus, de prier l’Esprit Saint de nous révéler comment nous allons leur faire porter du fruit. Alors nous pourrons dire que « tout va bien se passer », car quelles que soient les circonstances de notre vie, nous coopérerons à la volonté de Dieu à travers toutes choses.

Ce soir, pendant un petit temps de recueillement sous son regard, je demanderai au Seigneur de me rappeler un moment où j’ai mis en œuvre aujourd’hui un talent qu’il m’a donné pour faire du bien à l’un de mes proches, et je lui en rendrai grâce.