
« Tout ce qui brille n'est pas d'or »
Mise en contexte
Trois jours après la rencontre de Mgr Hugonin à Bayeux, le 31 octobre 1887, ce fut le début du pèlerinage à Rome (4 novembre-2 décembre). Thérèse livre ici ses premières impressions sur les pèlerins au milieu desquels elle allait passer ces quatre semaines.
Thérèse m'écrit
« N'ayant jamais vécu parmi le grand monde, Céline et moi nous nous trouvâmes au milieu de la noblesse qui composait presque exclusivement le pèlerinage. Ah ! bien loin de nous éblouir, tous ces titres et ces "de" ne nous parurent qu'une fumée... De loin cela m'avait quelquefois jeté un peu de poudre aux yeux, mais de près, j'ai vu que "tout ce qui brille n'est pas or" et et j’ai compris cette parole de l’Imitation : « Ne poursuivez pas cette ombre qu’on appelle un grand nom, ne désirez ni de nombreuses liaisons, ni l’amitié particulière d’aucun homme. »
J’ai compris que la vraie grandeur se trouve dans l’âme et non dans le nom puisque comme le dit Isaïe : « Le Seigneur donnera un autre nom à ses élus » et St Jean dit aussi : « Que le vainqueur recevra une pierre blanche sur laquelle est écrit un nom nouveau que nul ne connaît que celui qui le reçoit. » C’est donc au Ciel que nous saurons quels sont nos titres de noblesse. Alors chacun recevra de Dieu la louange qu’il mérite et celui qui sur la terre aura voulu être le plus pauvre, le plus oublié pour l’amour de Jésus, celui-là sera le premier, le plus noble et le plus riche ! … »
Je comprends
Thérèse, un peu avant ses 15 ans, fait donc l'expérience du "grand monde" au cours du pèlerinage romain. Il n'est pas étonnant qu'une jeune fille, déjà mûre pour demander à entrer au Carmel, ait de telles réflexions sur la vanité de ceux qui passent pour être grands dans le monde. Thérèse a compris que la vraie grandeur est celle du cœur, ou de l'âme comme elle l'écrit, et que c'est dans le royaume de Dieu que les derniers seront les premiers.
Je prie et j'agis
En ce début de la Semaine Sainte, demandons la grâce de recevoir la sagesse évangélique, l'enseignement du Crucifié, dont témoigne Thérèse ici, afin d'être et d'agir comme des enfants de Dieu dans le monde, sans être du monde.