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Mardi 12 novembre 2024
Manuscrits

Noces de Chypre


Mise en contexte

Au début du Manuscrit B, Thérèse continue d'évoquer le climat de son rêve de mai 1896, quand la foi lui semblait évidente et lumineuse, sans nuages ; avant de revenir à son présent de septembre 1896, plus obscur mais aussi au 6ème anniversaire de sa profession religieuse.


Thérèse m'écrit

« O Jésus ! l'orage alors ne grondait pas, le ciel était calme et serein... je croyais, je sentais qu'il y a un Ciel et que ce Ciel est peuplé d'âmes qui me chérissent, qui me regardent comme leur enfant... Cette impression reste dans mon cœur, d'autant mieux que la Vble Mère Anne de Jésus m'avait été jusqu'alors absolument indifférente, je ne l'avais jamais invoquée et sa pensée ne me venait à l'esprit qu'en entendant parler d'elle, ce qui était rare. Aussi lorsque j'ai compris à quel point elle m'aimait, combien je lui étais peu indifférente, mon cœur s'est fondu d'amour et de reconnaissance, non seulement pour la Sainte qui m'avait visitée, mais encore pour tous les Bienheureux habitants du Ciel...

O mon Bien-Aimé ! cette grâce n'était que le prélude de grâces plus grandes dont tu voulais me combler ; laisse-moi, mon unique Amour, te les rappeler aujourd'hui... aujourd'hui, le sixième anniversaire de notre union... Ah ! pardonne-moi Jésus, si je déraisonne en voulant redire mes désirs, mes espérances qui touchent à l'infini, pardonne-moi et guéris mon âme en lui donnant ce qu'elle espère !!!

Être ton épouse, ô Jésus, être carmélite, être par mon union avec toi la mère des âmes, cela devrait me suffire... il n'en est pas ainsi... Sans doute, ces trois privilèges sont bien ma vocation, Carmélite, Épouse et Mère (...). »

Ms B 2

Je comprends

Que sont devenus ces pèlerins enjoués que les pinceaux lumineux de Jean-Antoine Watteau embarquaient pour Cythère? Le ciel qui surplombe l'huile sur toile, exposée aujourd'hui au 6ème étage de l'aile Sully du musée parisien du Louvre, n'a rien du calme et de la sérénité. Pleuvra-t-il sur leurs amours ? Pleureront-ils après la plus galante des fêtes, les noces de la princesse cythéréenne Psychè et du dieu Eros ? Autrement dit, Amour comblera-t-il notre noyau vital le plus intime, l'âme ?

Sainte Thérèse, loin de toute mythologie ou de de toute galanterie, revient sur ces six années vécues dans ce régime d'« union » avec le Seigneur. « Carmélite, Épouse et Mère » résume-t-elle, en valorisant ces mots par trois majuscules. Que pourrait-elle vivre de plus quand tout semble avoir été satisfait de se « désirs » ? Triste retour de Cythère ou attente d'un nouveau pèlerinage vers l'« Infini »?

Ne serait-il pas d'embarquer pour Chypre, comme le préconise la tradition populaire des anniversaires de mariage ? Six ans : n'est-ce pas le le moment d'aborder là où tout idylle s'éveille ? Chypre, c'est l'Amour avant l'Eros. La tradition carmélitaine a fait de l'île méditerranéenne le dépôt du trésor des frères de la Vierge : une icône de la Bienheureuse Vierge Marie à l'Enfant rescapée de l'exode précipité des ermites du Mont Carmel hors de Terre sainte. La Vierge Marie, « Carmélite, Épouse et Mère », à sa façon, n'était-elle pas le plus comblée de ces « privilèges » dont sainte Thérèse se réjouissait pour elle-même ? Si Notre Dame les possédait avant elle, lui apprendra-t-elle qu'ils n'ont rien d'exclusif ou de fini pour celle qui s'est engagée sur les amoureuses pentes du Mont Carmel ?


Je prie et j'agis

Est-ce que je prends le temps de célébrer des anniversaires : naissance, baptême, mariage, engagement, grâce spirituelle ? Pour renouveler l'amour, il faut garder la mémoire vive !

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