
La table d’amertume
Mise en contexte
Alors qu’elle tente de mettre des mots sur son indicible épreuve de la foi, Thérèse laisse jaillir de son cœur et de sa plume une prière ardente.
Thérèse m'écrit
« Seigneur, votre enfant l’a comprise votre divine lumière, elle vous demande pardon pour ses frères, elle accepte de manger aussi longtemps que vous le voudrez le pain de la douleur et ne veut point se lever de cette table remplie d’amertume où mangent les pauvres pécheurs avant le jour que vous avez marqué... Mais aussi ne peut-elle pas dire en son nom, au nom de ses frères : Ayez pitié de nous Seigneur, car nous sommes de pauvres pécheurs !... Oh ! Seigneur, renvoyez-nous justifiés... Que tous ceux qui ne sont point éclairés du lumineux flambeau de la Foi le voient luire enfin... ô Jésus, s’il faut que la table souillée par eux soit purifiée par une âme qui vous aime, je veux bien y manger seule le pain de l’épreuve jusqu’à ce qu’il vous plaise de m’introduire dans votre lumineux royaume. La seule grâce que je vous demande c’est de ne jamais vous offenser !... »
Je comprends
Loin de laisser la nuit intérieure la replier sur elle-même, Thérèse choisit de vivre son épreuve de la foi en solidarité avec ceux qui vraiment n’ont pas la foi : les athées de son temps. À la veille du XXème siècle, qui sera traversé par les conséquences tragiques de l’accession au pouvoir de totalitarismes athées, elle fait figure de prophète, de sœur universelle unie à ceux qui en apparence sont le plus loin de la lumière du Christ. Sa communion spirituelle avec eux est si forte qu’elle ne fait pas que les désigner à la troisième personne du pluriel (« les pauvres pécheurs », « ses frères »). Elle va jusqu’à s’unir à eux par une prière à la première personne du pluriel : « Ayez pitié de nous ! » Configurée au Christ miséricordieux qui, dans l’Évangile, mange avec les pécheurs et les publicains (cf. Mt 9, 10-13), elle est assise à la table d’amertume pour y être le témoin de l’amour de Jésus.
Je prie et j'agis
En considérant une souffrance qui m’afflige régulièrement (qu’elle soit physique, psychologique, morale, affective ou spirituelle), je demande au Seigneur la grâce de la vivre en communion avec toutes les personnes qui subissent une souffrance analogue et je prie : « Dieu, viens à NOTRE aide ! »