
La paix et l'amertume
Mise en contexte
Lors de son septième jour à Rome, le dimanche 20 novembre 1887, Thérèse assiste enfin à l'audience papale et, encouragée par Céline, elle ose parler au pape Léon XIII pour lui demander la permission d'entrer au Carmel à l'âge de quinze ans. Le pape lui conseille d'être dans l'obéissance à ses supérieurs. Thérèse en ressort d'abord profondément déçue et en larmes.
Thérèse m'écrit
« Mon Papa chéri eut bien de la peine de me trouver tout en larmes au sortir de l’audience, il fit tout ce qu’il put pour me consoler, mais en vain… Au fond de mon cœur je sentais une grande paix, puisque j’avais fait absolument tout ce qui était en mon pouvoir de faire pour répondre à ce que le Bon Dieu demandait de moi, mais cette paix était au fond et l’amertume remplissait mon âme, car Jésus se taisait. Il semblait absent, rien ne révélait sa présence… […].
Cependant les dernières paroles du Saint Père auraient dû me consoler : n’étaient-elles pas en effet une véritable prophétie ? Malgré tous les obstacles, ce que le Bon Dieu a voulu s’est accompli. Il n’a pas permis aux créatures de faire ce qu’elles voulaient, mais sa volonté à Lui… »
Je comprends
Déçue par la réponse de Léon XIII, Thérèse verse d'abondantes larmes, tiraillée par des pensées contradictoires. D'un côté, elle ressent une profonde amertume face à cet échec apparent, mais au fond de son cœur, elle éprouve une paix inébranlable, ayant fait ce qu'il fallait faire. Cette contradiction n'a rien d'extraordinaire ; elle résulte de la conjonction d'événements défavorables et décevants avec une confiance fondamentale solidement ancrée au plus profond de l'âme.
Je prie et j'agis
Dans nos combats personnels, il peut nous arriver de connaître des défaites, comme ce fut le cas pour Thérèse après l'audience papale. Cependant, dans une véritable prière où nous rencontrons le Seigneur, nous recevons une paix profonde et un nouveau regard sur nos épreuves. Ce regard de foi nous remplit d'espérance.