Comme une poule...

Mère Agnès raconte une anecdote lors d’un déplacement de sa petite sœur malade :

« En descendant les marches, elle vit, à droite, sous le néflier, la petite poule blanche qui avait tous ses poussins sous ses ailes. Quelques-uns montraient seulement leur petite tête. Elle s'arrêta toute pensive à les considérer. Au bout d'un moment, je lui fis signe qu'il était temps de rentrer. Elle avait les yeux pleins de larmes. Je lui dis : « Vous pleurez ! » Alors elle mit sa main devant ses yeux en pleurant davantage et me répondit : "Je ne puis pas vous dire pourquoi en ce moment ; je suis trop émue..."

Le soir, dans sa cellule, elle me dit avec une expression céleste :"J'ai pleuré en pensant que le bon Dieu a pris cette comparaison pour nous faire croire à sa tendresse. Tout ma vie, c'est cela qu'il a fait pour moi ! Il m'a entièrement cachée sous ses ailes !... Tantôt, en vous quittant, je pleurais en montant l'escalier, je ne pouvais plus me contenir, et j'avais hâte d'être rendue dans notre cellule ; mon cœur débordait d'amour et de reconnaissance." »

Thérèse a une grande capacité à voir Dieu dans le quotidien. Elle sait utiliser des petites expériences pour nourrir sa méditation et sa vie spirituelle. La vue émouvante d’une scène du poulailler lui permet d’approfondir l’amour que Dieu a pour elle. Thérèse fait ici référence à une parole de Jésus : "Jérusalem, Jérusalem, (…) combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble ses poussins sous ses ailes…" (Mt 23,37) Mais on peut aussi penser à d’autres passages qui évoquent la protection divine à travers l’image des ailes (Dt 32,11 ; Ps 61,5). Dieu veille sur nous avec tendresse : Thérèse, en pensant à sa vie, reconnaît que c’est vrai ; elle en a fait l’expérience et ce, malgré la maladie qui la ronge.

Je m’exerce aujourd’hui, à l’école de Thérèse, à utiliser une situation banale pour méditer sur l’amour que Dieu a pour moi.