Chant de reconnaissance à Notre Dame du Mont-Carmel

Thérèse offre ce poème à Marthe de Jésus pour son anniversaire (29 ans en 1894). Marthe est née à Giverville un 16 juillet, une date très significative pour une carmélite : c’est la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel. Thérèse évoque avec délicatesse la vie de cette compagne, qui l’apprécie tant qu’elle demande à rester au noviciat afin de demeurer sous sa direction (après sa profession du 23 septembre 1890).

«

Aux premiers instants de ma vie, Vous m'avez prise entre vos bras ; Depuis ce jour, Mère chérie, Vous me protégez ici-bas. Pour conserver mon innocence, Vous m'avez mise en un doux nid, Vous avez gardé mon enfance A l'ombre d'un cloître béni.

Plus tard, aux jours de ma jeunesse, De Jésus j'entendis l'appel !... Dans votre ineffable tendresse, Vous m'avez montré le Carmel. «Viens, mon enfant, sois généreuse, Me disiez-vous avec douceur ; Près de moi, tu seras heureuse, Viens t'immoler pour ton Sauveur.». . . . . .

Près de vous, ô ma tendre Mère ! J'ai trouvé le repos du cœur ; Je ne veux plus rien sur la terre, Jésus seul est tout mon bonheur. Si parfois je sens la tristesse, La crainte qui vient m'assaillir, Toujours, soutenant ma faiblesse, Mère, vous daignez me bénir.

Accordez-moi d'être fidèle A mon divin Époux Jésus. Qu'un jour, sa douce voix m'appelle A voler parmi les élus. Alors, plus d'exil, de souffrance ; Je vous redirai dans le Ciel Le chant de ma reconnaissance, Aimable Reine du Carmel !

»

En ces quatre strophes, Thérèse parcourt la vie de sœur Marthe :

Son enfance : orpheline de père et de mère, elle fut confiée aux sœurs de la Charité et vécut ainsi son enfance à l’ombre d’un cloître béni.

Sa vocation : les vers qui l’évoquent sont empreints d’une tonalité mariale. Thérèse souligne l’importance de la Vierge Marie dans la vie de sœur Marthe de Jésus, qui l’a soignée et protégée.

Sa vie au Carmel : c’est dans le cœur tendre de la Vierge qu’elle a trouvé le repos, même lorsque le chagrin et la peur survenaient.

Sa vie future au ciel : dès maintenant, elle espère que la Bonne Mère la soutiendra et lui accordera la grâce de rester fidèle à Jésus, son divin Époux, jusqu’au jour où il l’appellera auprès de lui. Alors, elle chantera toute sa reconnaissance.

En cette fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, prions la Vierge Marie, Mère bienveillante, qui nous conduit toujours vers son Fils, Jésus.