Ce que c’est que prier

Dans les dernières pages de son ultime « Manuscrit autobiographique », Thérèse nous livre, comme un testament spirituel, son enseignement sur la prière.

« Qu’elle est donc grande la puissance de la Prière ! On dirait une reine ayant à chaque instant libre accès auprès du roi et pouvant obtenir tout ce qu’elle demande. Il n’est point nécessaire pour être exaucée de lire dans un livre une belle formule composée pour la circonstance ; s’il en était ainsi.... hélas ! que je serais à plaindre !... En dehors de l’Office Divin que je suis bien indigne de réciter, je n’ai pas le courage de m’astreindre à chercher dans les livres de belles prières, cela me fait mal à la tête, il y en a tant !... et puis elles sont toutes plus belles les unes que les autres... Je ne saurais les réciter toutes et ne sachant laquelle choisir, je fais comme les enfants qui ne savent pas lire, je dis tout simplement au Bon Dieu ce que je veux lui dire, sans faire de belles phrases, et toujours Il me comprend... Pour moi, la prière, c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le Ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie ; enfin c’est quelque chose de grand, de surnaturel, qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus. »

Que c’est simple ! De façon lumineuse, Thérèse nous encourage à considérer la prière comme un dialogue spontané avec Dieu : il est une personne vivante, il est toujours présent auprès de moi et au-dedans de moi… Je peux donc m’adresser à lui à tout instant de la journée ! Cela peut être pendant un temps signalé où je vais me « poser » pour vivre cette rencontre avec Dieu. Mais cela peut être aussi au milieu de mes occupations quotidiennes, en m’arrêtant quelques instants pour élever silencieusement mon cœur vers le Seigneur et lui adresser des paroles de louange, de reconnaissance, de demande. Et tout cela, je peux le faire avec mes propres mots : il ne s’agit pas seulement de « faire des prières » (réciter des prières composées, ce qui est aussi une bonne chose), mais de « prier » (expérimenter encore plus spontanément une relation vivante avec Dieu).

Aujourd’hui, je m’exerce à profiter de petits temps d’attente (sur le quai du métro ou à la gare, en attendant l’ascenseur, en patientant à la caisse d’un magasin…) pour adresser une brève prière intérieure, à Dieu présent au-dedans de moi.