Aujourd'hui l'Eternité

Il s'agit de la plus longue pièce de théâtre composée par Thérèse, qu’elle a mûri intérieurement tout au long de l’année 1894 avant de l’interpréter dans le rôle de Jeanne d’Arc en janvier 1895. Thérèse comprend intimement Jeanne, avec une étonnante complicité. Sans doute les deux femmes vivent-elles au même niveau de sainteté, l’une au Ciel, l'autre sur la terre. Elles nous parlent à voix mêlées, dans un « Éternel aujourd’hui ».

« Seigneur, pour votre amour, j'accepte le martyre Je ne redoute plus ni la mort ni le feu C'est vers vous, ô Jésus ! que mon âme soupire Je n'ai plus qu'un désir, c'est vous [voir] ô mon Dieu.

Je veux prendre ma croix, doux Sauveur, et vous suivre Mourir pour votre amour, je ne veux rien de plus Je désire mourir pour commencer à vivre Je désire mourir pour m'unir à Jésus. »

Qu’il sonne étrangement à nos oreilles du XXIème siècle ce désir scandaleux du martyre qu’exprime ici sainte Thérèse en prêtant ses mots à Jeanne ! Mais à y regarder de plus près, Jean Baptise, le Christ, Jeanne d’Arc, Thérèse elle-même sont les témoins visibles d’une vérité que nous portons tous en nous-mêmes. Une Vérité qui nous dépasse et qui n’aspire qu’à nous envahir totalement si nous lui laissons toute la place, si nous consentons à mourir à nous mêmes : nous sommes faits pour la vie éternelle. Et la vie éternelle, c’est de s’unir à Jésus, ici et maintenant, dès ici bas. Les petits enfants le savent bien qui, avant l’âge de raison, vivent de cette vie. Ils existent dans « un autre mode d’être ». Pour eux hier n’existe plus, demain n’existe pas, il n’y a rien qu’aujourd’hui. Aucune frontière entre le présent et l'éternel, seul compte l’Amour : ils savent que leur vie ne tient que par le fil de l’amour qu’ils reçoivent, dans un éternel présent.

Je confie spécialement dans la prière tous ceux qui naissent aujourd’hui et aussi tous ceux qui meurent. Pour les uns comme pour les autres je demande la vie éternelle qui est de connaître Jésus.