Aimer en actes

En méditant l’Évangile et en étant attentive aux événements quotidiens, Thérèse découvre toujours plus profondément ce que c’est qu’aimer en vérité.

Ce n’est pas assez d’aimer, il faut le prouver. On est naturellement heureux de faire un présent à un ami, on aime surtout à faire des surprises, mais cela, ce n’est point de la charité car les pécheurs le font aussi. Voici ce que Jésus m’enseigne encore : « Donnez à quiconque vous demande ; et si l’on prend ce qui vous appartient, ne le redemandez pas. » Donner à toutes celles qui demandent, c’est moins doux que d’offrir soi-même par le mouvement de son cœur ; encore lorsqu’on demande gentiment cela ne coûte pas de donner, mais si par malheur on n’use pas de paroles assez délicates, aussitôt l’âme se révolte si elle n’est pas affermie sur la charité. Elle trouve mille raisons pour refuser ce qu’on lui demande et ce n’est qu’après avoir convaincu la demandeuse de son indélicatesse qu’elle lui donne enfin par grâce ce qu’elle réclame, ou qu’elle lui rend un léger service qui aurait demandé vingt fois moins de temps à remplir qu’il n’en a fallu pour faire valoir des droits imaginaires.

Bien sûr, les circonstances extérieures de notre vie sont en général bien différentes de celles dans lesquelles Thérèse a écrit ces lignes, elle qui vivait dans le cadre de son monastère de Carmélites. Mais la visée qu’elle nous indique nous rejoint tous, quel que soit notre état de vie, quel que soit le contexte dans lequel nous vivons. Il s’agit de cultiver une attitude de disponibilité envers les autres, et d’être attentifs à ne pas trouver des bonnes excuses pour rester centrés sur nous-mêmes. L’exercice de la charité comporte, d’une certaine manière, l’exigence de se laisser déranger : sortir de notre zone de confort pour donner de nous-mêmes (de notre temps, de notre écoute, de nos capacités mises au service d’autrui…)

Je demande au Seigneur la grâce de savoir me laisser déranger par une personne qui sollicite de ma part un service que je n’avais pas prévu de rendre, et que je peux raisonnablement accomplir.