
Jour nº4 - Dimanche 19 mars 2023
Voici que tu vas concevoir - La Parole de Dieu
Parole du Seigneur
L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » (Luc 1, 30-33)
Méditation
Écoute, Israël !
Lors de l’Annonciation, l’ange accomplit auprès de Marie sa fonction de messager. Il ne parle pas de lui-même, il transmet la Parole de Dieu. Cette Parole la Vierge l’écoute religieusement avant d’y acquiescer de tout son être et de la concevoir en sa chair. Elle est Notre Dame de l’Ouÿe, la Vierge qui écoute. Elle est la Fille de Sion, le petit reste d’Israël qui reçoit ce tout premier commandement du Seigneur : « Écoute Israël…. » (Dt 6, 4) Cet antique Shma’ Israël, combien de fois la petite fille de Nazareth ne l’avait-elle pas entendu dans les prières de la synagogue ! Et elle y adhérait de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force, sans que nul péché n’altérât la qualité de son écoute. C’est pour elle que semblent prononcées les paroles du psaume :
« Écoute, ma fille, regarde et tends l'oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père : le roi sera séduit par ta beauté. » (Psaume 44, 11-12a)
« L’homme prudent médite en son cœur les maximes. Une oreille qui écoute, c’est le rêve du sage », dit Ben Sirac (Siracide 3, 29). Dans son fameux songe de Gabaon, Salomon, le sage, avait demandé à Dieu plutôt que la richesse « un cœur qui sache écouter » (1 Rois 3, 9). Combien plus Marie, Trône de la Sagesse, devait-elle posséder cette qualité rare : « un cœur qui sache écouter » ! Ne la voyons-nous pas dans l’Évangile tout occupée à « garder avec soin toutes ces choses et à les méditer dans son cœur » (Luc 2, 19 ; cf. 2, 51). Elle représente ici le meilleur de la piété juive toute nourrie de la rumination de la Torah. Comme Fra Angelico a raison d’avoir peint la Vierge de l’Annonciation avec un livre ouvert sur les genoux ! Marie, Trône de la Sagesse, Table de la Parole !
Saint Augustin dit que Marie a conçu Jésus dans sa foi avant de le concevoir dans sa chair. Elle crut à la voix de l’ange et conçut par l’oreille (Jean Bertaut, 1552-1611). Il en va de même, analogiquement, pour tous les fidèles. Avant de recevoir le Christ dans notre corps par la communion sacramentelle, il faut le recevoir dans notre cœur par l’écoute obéissante et diligente de sa Parole.
La Table de la Parole
Dans la liturgie eucharistique après le trouble de la liturgie pénitentielle vient le moment de l’écoute de la Parole de Dieu. On parle communément des « deux tables » du Seigneur : l’ambon où est servi le pain savoureux de la Parole de Dieu et l’autel où est rompu le Corps de Jésus-Christ. « C’est de la Table du Seigneur que nous recevons notre nourriture, le Pain de vie, écrivait saint Hilaire de Poitiers, mais c’est de la table des lectures dominicales que nous sommes nourris de la doctrine du Seigneur. » Le même et unique Repas du Seigneur comprend indissociablement ces deux « parties ». On ne doit pas porter moins d’attention à l’une qu’à l’autre. Écoutons pour nous en persuader ce que disait déjà le grand Origène (v. 185-253) : « Vous qui assistez habituellement aux divins mystères, vous savez avec quelle précaution respectueuse vous gardez le corps du Seigneur, lorsqu’il vous est remis, de peur qu’il n’en tombe quelque miette et qu’une part du trésor consacré ne soit perdue. Car vous vous croiriez coupables, et en cela vous avez raison, si votre négligence en perdait quelque chose. Que si lorsqu’il s’agit de son corps vous apportez à juste titre autant de précautions, pourquoi voudriez-vous que la négligence de la Parole de Dieu mérite un moindre châtiment que celle de son Corps ? » Ce met délicieux de la Parole de Dieu n’en laissons pas perdre une miette, par distraction ou par retard à la messe, par exemple… !
Tu m’as façonné une oreille
Hélas ! Qu’il y aurait à dire sur notre faculté d’écoute ! Il y a un verset de psaume qui dit ceci : « Tu n’as pas voulu de sacrifices ni d’offrandes, tu m’as façonné une oreille » (Psaume 39, 7). Comment pourrions-nous offrir le sacrifice de toute l’Église sans laisser le Seigneur nous façonner une oreille ? On dit quelquefois que nous avons deux oreilles et une seule bouche parce qu’il nous faut écouter deux fois plus que nous ne parlons. À partir de ce verset de psaume, « tu m’as façonné une oreille », des commentaires rabbiniques remarquent que l’embryon dans le ventre maternel a la forme d’une oreille. Et ils disent que Dieu en créant le corps humain commence par l’oreille pour signifier dès le principe de la création à tout homme ce commandement primordial, cet impératif : « Écoute Israël ! Écoute Israël ! » C’est le premier commandement de Dieu. Mais comme l’homme est un incorrigible bavard et qu’il prétend toujours parler davantage qu’il n’écoute, Dieu met son doigt sur la bouche du nouveau-né et la trace de son doigt divin est portée sur notre menton dans la petite fossette qui y est inscrite, de sorte que nous pouvons nous regarder et nous souvenir en regardant notre menton de la trace de ce doigt divin qui nous invite à l’écoute !
Malgré son aspect étrange et quoi qu’il en soit de notre anatomie, avouons que cet enseignement rabbinique porte beaucoup de pertinence. Il y a tant de négligence souvent dans nos messes concernant l’écoute savoureuse et recueillie de la Parole de Dieu. Bien sûr il y a les micros déficients, les lecteurs hésitants, les cris des enfants et les éternuements, mais fondamentalement y a-t-il de notre part une vraie écoute ? Peut-être serait-il bon d’avoir déjà lu les lectures avant la messe dans notre missel ou de les lire et de les méditer après la célébration. En effet, « lorsqu´on lit dans l´Église la sainte Écriture, c´est Dieu lui-même qui parle à son peuple, et c´est le Christ, présent dans sa Parole, qui annonce son Évangile. C´est pourquoi les lectures de la parole de Dieu, qui constituent un élément de très grande importance dans la liturgie, doivent être écoutées par tous avec le plus grand respect » (Présentation générale du missel romain (PGMR) n°29).
Psaume 118, 65-89 : Heureux, bienheureux, qui écoute la Parole de Dieu !
Tu fais le bonheur de ton serviteur, Seigneur, selon ta Parole.
Apprends-moi à bien saisir, à bien juger : je me fie à tes volontés.
Avant d'avoir souffert, je m'égarais ; maintenant, j'observe tes ordres.
Toi, tu es bon, tu fais du bien : apprends-moi tes commandements.
Des orgueilleux m'ont couvert de calomnies : de tout cœur, je garde tes préceptes.
Leur cœur, alourdi, s'est fermé ; moi, je prends plaisir à ta loi.
C'est pour mon bien que j'ai souffert, ainsi, ai-je appris tes commandements.
Mon bonheur, c'est la loi de ta bouche, plus qu'un monceau d'or ou d'argent.
Tes mains m'ont façonné, affermi ; éclaire-moi, que j'apprenne tes volontés.
À me voir, ceux qui te craignent se réjouissent, car j'espère en ta Parole.
Seigneur, je le sais, tes décisions sont justes ; tu es fidèle quand tu m'éprouves.
Que j'aie pour consolation ton amour selon tes promesses à ton serviteur !
Que vienne à moi ta tendresse, et je vivrai : ta loi fait mon plaisir.
Honte aux orgueilleux qui m'accablent de mensonges ; moi, je médite sur tes préceptes.
Qu'ils se tournent vers moi, ceux qui te craignent, ceux qui connaissent tes exigences.
Que j'aie par tes commandements le cœur intègre : alors je ne serai pas humilié.
Usé par l'attente du Salut, j'espère encore ta Parole.
L'œil usé d'attendre tes promesses, j'ai dit : « Quand vas-tu me consoler ? »
Devenu comme une outre durcie par la fumée, je n'oublie pas tes commandements.
Combien de jours ton serviteur vivra-t-il ? Quand jugeras-tu mes persécuteurs ?
Des orgueilleux ont creusé pour moi une fosse au mépris de ta loi.
Tous tes ordres ne sont que fidélité ; mensonge, mes poursuivants : aide-moi !
Ils ont failli m'user, me mettre à terre : je n'ai pas abandonné tes préceptes.
Fais-moi vivre selon ton amour : j'observerai les décrets de ta bouche.
Pour toujours, ta Parole, Seigneur, se dresse dans les Cieux.
Intercession
Aujourd’hui Seigneur, nous te confions ceux qui ont charge d’annoncer ta Parole : les évêques, prêtres et diacres, les catéchistes, les enseignants, les missionnaires, les parents qui transmettent l’Évangile à leurs enfants, les confirmés qui ont reçu l’Esprit de Pentecôte. Accrois en nous le goût de ta Parole et la ferveur de la communiquer, nous t’en prions, Seigneur.
La prière de l'Angélus
V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.
Je vous salue Marie, pleine de grâce, Le Seigneur est avec vous, Vous êtes bénie entre toutes les femmes, Et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, Priez pour nous, pauvres pécheurs, Maintenant, et à l'heure de notre mort. V. Voici la Servante du Seigneur R/ Qu’il me soit fait selon votre parole. Je vous salue Marie... V. Et le Verbe s’est fait chair R/ Et il a habité parmi nous. Je vous salue Marie... V. Priez pour nous, Sainte Mère de Dieu R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ. Prions Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l'ange, tu nous as fait connaître l'Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa Passion et par sa Croix jusqu'à la gloire de la Résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. R/ Amen.