Marie et l’Ascension, un amour plus élevé
Le 29 mai, nous fêtons l'Ascension en contemplant le Christ qui monte vers son Père dans la gloire. Cette fête nous invite à aimer d'un amour plus pur, plus élevé. Marie, qui a vécu ce mystère de façon unique, nous montre le chemin. Entrons dans une méditation lumineuse avec l'aide d'un maître spirituel : le cardinal Pierre de Bérulle.
L'Ascension du Seigneur, célébrée quarante jours après Pâques, marque la montée du Christ ressuscité vers son Père. Jésus quitte ses disciples, non pour les abandonner, mais pour leur ouvrir la voie vers le Royaume, et leur envoyer l'Esprit Saint.
Comme l’explique le catéchisme de l’Église catholique, l'Ascension est l'ultime élévation de l'humanité du Christ dans la gloire de Dieu, prélude à notre propre destinée éternelle. Saint Luc, dans les Actes des Apôtres (Ac 1, 9-11), rapporte : « Tandis que les apôtres le regardaient, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. »
Le Christ monte pour nous préparer une place (cf. Jn 14, 2-3) et nous attirer à Lui. C’est une fête d’espérance et de joie, bien que marquée par l’épreuve d'une séparation.
À ce sujet, le cardinal Pierre de Bérulle (1575-1629), grand maître de l'École française de spiritualité, offre une méditation bouleversante sur le sens de cette séparation. Dans son Opuscule (éd. Du Cerf, Paris 1995, t. 3, p. 296), il écrit :
« La liaison d'amour que nous désirons avoir à l'humanité du Fils de Dieu ne doit pas empêcher son retour et son Ascension au ciel. Au contraire, nous devons souhaiter et porter cette privation du Fils de Dieu par amour au Fils de Dieu. Nous devons même la porter avec réjouissance et nous occuper beaucoup de ces paroles : "Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais au Père". C'est pour montrer qu'il leur demande un tout autre amour maintenant, un amour plus élevé, un amour beaucoup plus pur et spirituel. La Mère de Dieu n'a pas été exempte de cette pratique. Car elle possédait et aimait le Fils de Dieu plus que tous les autres. »
Marie, au pied de l’Ascension, ne s’accroche pas à son Fils, mais l’élève dans son amour. Elle consent à se séparer de sa présence visible, par un acte d’amour pur et détaché. Elle nous enseigne ainsi à aimer avec un cœur libre, tendu vers le ciel.
En ce jour d'Ascension, confions-nous à Marie qui défait les nœuds, elle qui sait délier les attaches désordonnées de nos cœurs, pour nous aider à vivre ce même amour élevé, ce même élan joyeux vers Dieu.