
Première lecture
Il est droit, le chemin du juste ; toi qui es droit, tu aplanis le sentier du juste. Oui, sur le chemin de tes jugements, Seigneur, nous t’espérons. Dire ton nom, faire mémoire de toi, c’est le désir de l’âme. Mon âme, la nuit, te désire, et mon esprit, au fond de moi, te guette dès l’aurore. Quand s’exercent tes jugements sur la terre, les habitants du monde apprennent la justice.
Seigneur, tu nous assures la paix : dans toutes nos œuvres, toi-même agis pour nous. Seigneur, dans la détresse on a recours à toi ; quand tu envoies un châtiment, on s’efforce de le conjurer. Nous étions devant toi, Seigneur, comme la femme enceinte sur le point d’enfanter, qui se tord et crie dans les douleurs. Nous avons conçu, nous avons été dans les douleurs, mais nous n’avons enfanté que du vent : nous n’apportons pas le salut à la terre, nul habitant du monde ne vient à la vie.
Tes morts revivront, leurs cadavres se lèveront. Ils se réveilleront, crieront de joie, ceux qui demeurent dans la poussière, car ta rosée, Seigneur, est rosée de lumière, et le pays des ombres redonnera la vie.
Psaume
Du ciel, le Seigneur regarde la terre.
Toi, Seigneur, tu es là pour toujours ; d’âge en âge on fera mémoire de toi. Toi, tu montreras ta tendresse pour Sion ; il est temps de la prendre en pitié : l’heure est venue. Tes serviteurs ont pitié de ses ruines, ils aiment jusqu’à sa poussière.
Les nations craindront le nom du Seigneur, et tous les rois de la terre, sa gloire : quand le Seigneur rebâtira Sion, quand il apparaîtra dans sa gloire, il se tournera vers la prière du spolié, il n’aura pas méprisé sa prière.
Que cela soit écrit pour l’âge à venir, et le peuple à nouveau créé chantera son Dieu : « Des hauteurs, son sanctuaire, le Seigneur s’est penché ; du ciel, il regarde la terre pour entendre la plainte des captifs et libérer ceux qui devaient mourir. »
Évangile
Alléluia. Alléluia. Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, dit le Seigneur, et moi, je vous procurerai le repos. Alléluia.
En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
Méditer avec les carmes
« Vous qui peinez et qui êtes surchargés »...
Jésus, en disant cela, s’adressait en premier lieu à tous ceux qui étaient écrasés et blessés par le fardeau ou le joug de la Loi, mais aussi, plus largement, à tous ceux qui pliaient sous le poids des épreuves. Et là, chacun de nous se sent rejoint, compris, et interpellé. Car les épreuves sont notre lot à tous, au moins à certaines heures ou à certains tournants de la vie :
épreuves de santé,
épreuves de famille,
épreuves dans la réalisation de nous-mêmes,
et, pour les consacrés, épreuves de la vie communautaire.
Même les personnes au caractère le plus heureux ou le mieux trempé peuvent se sentir un moment écrasés par l’épreuve ; et quand les soucis s’accumulent, elles accusent le coup, car le malheur leur semble sans issue.
« Venez à moi, dit Jésus, vous qui pliez sous le poids de la souffrance, vous qui pleurez un être cher, car je viens habiter votre solitude.
Venez à moi, vous qui êtes las de vous donner et de vous oublier, car avec moi cette mort sera féconde.
Venez, vous qui peinez au désert de la foi, car ma parole le fera refleurir.
Venez à moi, vous que la haine a chassés de votre pays, de votre maison ou des horizons de votre enfance, car avec moi vous serez dans le pays de Dieu.
Venez à moi, vous qui pleurez de ne pouvoir pardonner, car je suis doux et humble de cœur.
Venez à moi, et moi, je vous ferai reposer. »
Mais comment Jésus s’y prend-il, et quel ce repos qu’il nous promet ? Est-ce que le Seigneur enlève d’un seul coup de nos épaules toutes les charges et tous les jougs ?
Non : la plupart du temps nos fardeaux restent en place, même si parfois Dieu exauce nos prières de manière inattendue. Le plus souvent les fardeaux ne changent pas : c’est nous qui changeons sous le fardeau, à partir du moment où nous l’assumons comme le fardeau que Jésus nous demande de porter, et à partir du moment où, à l’école de Jésus, nous reprenons un chemin d’humilité et de douceur.
Car souvent c’est la révolte et l’agressivité qui nous ôtent toute force intérieure. Ce qui nous paralyse, c’est de deviner ou d’imaginer, derrière les épreuves, telle ou telle réaction trop humaine, telle ou telle incompréhension ou animosité, telle ou telle injustice, telle ou telle volonté de nous barrer la route.
Ce qui nous fait chavirer dans notre espérance, c’est d’interpréter nos souffrances comme un rejet de Dieu ou comme une absence de son amour.
À l’école de Jésus, on n’échappe pas forcément à l’épreuve, mais on apprend à lui donner un sens, à l’orienter le plus possible vers la vie, à l’assumer résolument dans la réponse à Dieu.
Le fardeau demeure, mais il devient léger, parce que c’est l’amour qui le porte : ce n’est plus le fardeau honni, mais le fardeau de Jésus. Le joug pèse encore sur les épaules, mais il ne fait plus mal, parce que Jésus lui-même l’a posé et l’ajuste chaque matin.
« Je vous ferai reposer », dit Jésus. Or son repos à lui fut rejoint à travers la Croix ; et c’est dans ce mystère qu’il nous invite à entrer : c’est par l’humilité et la douceur qu’il est entré lui-même dans le repos de Dieu.