
Première lecture
Ainsi parle le Seigneur Dieu : « Je vais prendre les fils d’Israël parmi les nations où ils sont allés. Je les rassemblerai de partout et les ramènerai sur leur terre. J’en ferai une seule nation dans le pays, sur les montagnes d’Israël. Ils n’auront tous qu’un seul roi ; ils ne formeront plus deux nations ; ils ne seront plus divisés en deux royaumes. Ils ne se rendront plus impurs avec leurs idoles immondes et leurs horreurs, avec toutes leurs révoltes. Je les sauverai en les retirant de tous les lieux où ils habitent et où ils ont péché, je les purifierai. Alors ils seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu. Mon serviteur David régnera sur eux ; ils n’auront tous qu’un seul berger ; ils marcheront selon mes ordonnances, ils garderont mes décrets et les mettront en pratique. Ils habiteront le pays que j’ai donné à mon serviteur Jacob, le pays que leurs pères ont habité. Ils l’habiteront, eux-mêmes et leurs fils, et les fils de leurs fils pour toujours. David, mon serviteur, sera leur prince pour toujours. Je conclurai avec eux une alliance de paix, une alliance éternelle. Je les rétablirai, je les multiplierai, je mettrai mon sanctuaire au milieu d’eux pour toujours. Ma demeure sera chez eux, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Alors les nations sauront que Je suis le Seigneur, celui qui sanctifie Israël, lorsque mon sanctuaire sera au milieu d’eux pour toujours. »
Psaume
Le Seigneur nous garde, comme un berger son troupeau.
Écoutez, nations, la parole du Seigneur ! Annoncez dans les îles lointaines : « Celui qui dispersa Israël le rassemble, il le garde, comme un berger son troupeau.
Le Seigneur a libéré Jacob, l’a racheté des mains d’un plus fort. Ils viennent, criant de joie, sur les hauteurs de Sion : ils affluent vers les biens du Seigneur.
La jeune fille se réjouit, elle danse ; jeunes gens, vieilles gens, tous ensemble ! Je change leur deuil en joie, les réjouis, les console après la peine. »
Évangile
Ta parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance.
Rejetez tous les crimes que vous avez commis, faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau.
Ta parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance.
En ce temps-là, quand Lazare fut sorti du tombeau, beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui. Mais quelques-uns allèrent trouver les pharisiens pour leur raconter ce qu’il avait fait. Les grands prêtres et les pharisiens réunirent donc le Conseil suprême ; ils disaient : « Qu’allons-nous faire ? Cet homme accomplit un grand nombre de signes. Si nous le laissons faire, tout le monde va croire en lui, et les Romains viendront détruire notre Lieu saint et notre nation. » Alors, l’un d’entre eux, Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là, leur dit : « Vous n’y comprenez rien vous ne voyez pas quel est votre intérêt : il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas. » Ce qu’il disait là ne venait pas de lui-même ; mais, étant grand prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation ; et ce n’était pas seulement pour la nation, c’était afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés.
À partir de ce jour-là, ils décidèrent de le tuer. C’est pourquoi Jésus ne se déplaçait plus ouvertement parmi les Juifs ; il partit pour la région proche du désert, dans la ville d’Éphraïm où il séjourna avec ses disciples. Or, la Pâque juive était proche, et beaucoup montèrent de la campagne à Jérusalem pour se purifier avant la Pâque. Ils cherchaient Jésus et, dans le Temple, ils se disaient entre eux : « Qu’en pensez-vous ? Il ne viendra sûrement pas à la fête ! » Les grands prêtres et les pharisiens avaient donné des ordres : quiconque saurait où il était devait le dénoncer, pour qu’on puisse l’arrêter.
Méditer avec les carmes
Caïphe ne croyait pas si bien dire. Sans le savoir, et sans le vouloir, il a proclamé une vérité dont le monde entier vit encore aujourd’hui. « Notre avantage », c’était bien que Jésus, seul, entre dans la mort, puisque de cette mort du Fils unique Dieu allait faire la vie pour nous tous.
C’est ce jour‑là, après l’intervention de Caïphe, que les ennemis de Jésus décidèrent de le faire périr. L’Heure approchait pour Jésus, cette Heure qui était le but de sa vie parmi nous : l’Heure de sa passion, de sa mort et de sa glorification auprès du Père. Les mailles du filet se resserraient sur lui, et Dieu n’a rien empêché. Il a laissé la haine faire son œuvre, toute son œuvre. Faiblesse volontaire de Celui qui peut tout ; folie de Dieu, plus sage que toutes nos sagesses ; longue descente de Jésus jusqu’au fond de nos laideurs et de nos lâchetés, parce qu’il voulait nous sauver jusque là, nous sauver même de cela.
Il fallait que la mort changeât de signe, que la souffrance changeât de visage. Alors le Fils s’est laissé défigurer. C’était nos péchés qu’il portait ; c’est de nos douleurs qu’il s’était chargé.
Mourir, seul, pour le péché du monde, ce fut le destin de l’Agneau de Dieu, du Fils de Dieu fait homme ; et il n’y a pas d’autre sauveur pour l’humanité. Mais plus nous nous approchons de Jésus, par la foi, l’espérance et l’amour, plus Il nous donne part à son destin, à son mystère pascal de mort pour la vie.
Nous nous étonnons parfois que la coupe du sacrifice nous soit présentée si souvent, dans la vie communautaire, sous la forme du service obscur, du dévouement non valorisé, de responsabilités sources de tensions. C’est tout simplement que Dieu propose les sacrifices à ceux qui pourront les comprendre et les assumer avec amour ; c’est que Jésus offre une place au pied de la Croix à celles qui pourront rester debout avec Marie, sans révolte, sans rancœur et sans plaintes, en acte d’offrande et de compassion.
Jésus disait : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime », pour ceux que Dieu nous demande d’aimer. Une grande part de notre réponse à Dieu, et le plus clair de notre sainteté ici‑bas, consistera dès lors à livrer notre vie, nos forces et notre temps, selon un rythme et des modalités qui échapperont à nos prises et à nos prévisions.
Jésus est mort « pour rassembler », et toute œuvre d’unité à laquelle nous serons associés impliquera une mort à nous‑mêmes, une désappropriation de nos projets personnels, une entrée sans retour dans le secret que Dieu habite.
Dans le destin de ceux et de celles qui veulent s’identifier à Jésus, un moment vient toujours où il faut cesser de mesurer, de calculer, de regretter en murmurant, afin de laisser toute la place aux choix du Père et aux inventions de l’Esprit.
Par là passe le bonheur d’être tout à Dieu ; par là est donnée la preuve de notre amour ; par là Jésus nous ouvre à sa joie et nous donne part à sa liberté de Fils.