
Première lecture
Frère, si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. Car c’est avec le cœur que l’on croit pour devenir juste, c’est avec la bouche que l’on affirme sa foi pour parvenir au salut. En effet, l’Écriture dit : Quiconque met en lui sa foi ne connaîtra pas la honte. Ainsi, entre les Juifs et les païens, il n’y a pas de différence : tous ont le même Seigneur, généreux envers tous ceux qui l’invoquent. En effet, quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. Or, comment l’invoquer, si on n’a pas mis sa foi en lui ? Comment mettre sa foi en lui, si on ne l’a pas entendu ? Comment entendre si personne ne proclame ? Comment proclamer sans être envoyé ? Il est écrit : Comme ils sont beaux, les pas des messagers qui annoncent les bonnes nouvelles ! Et pourtant, tous n’ont pas obéi à la Bonne Nouvelle. Isaïe demande en effet : Qui a cru, Seigneur, en nous entendant parler ? Or la foi naît de ce que l’on entend ; et ce que l’on entend, c’est la parole du Christ. Alors, je pose la question : n’aurait-on pas entendu ? Mais si, bien sûr ! Un psaume le dit : Sur toute la terre se répand leur message et leurs paroles, jusqu’aux limites du monde.
Psaume
Par toute la terre s’en va leur message.
Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l’ouvrage de ses mains. Le jour au jour en livre le récit et la nuit à la nuit en donne connaissance.
Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s’entende ; mais sur toute la terre en paraît le message et la nouvelle, aux limites du monde.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Venez à ma suite, dit le Seigneur. Je vous ferai pêcheurs d’hommes. Alléluia.
En ce temps-là, comme Jésus marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il les appela. Aussitôt, laissant leur barque et leur père, ils le suivirent.
Méditer avec les carmes
« Venez, suivez-moi ». C’est Jésus qui appelle : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi qui vous ai choisis et placés » Ce n’est pas nous qui avons fait à Jésus l’honneur de le suivre, mais lui qui nous a fait l’honneur de nous appeler, qui nous a fait suffisamment confiance pour nous prendre à son service.
Il nous faut donc accepter une rupture : il faut quitter les filets, la barque, le père dans la barque. Rupture avec le métier, les habitudes (même les meilleures !), le gagne-pain, le gagne-sécurité. Rupture avec l’avenir pré-vu, pré-paré, pré-fabriqué, avec les filets préparés pour la pêche selon des techniques connues, éprouvées. Et cela « pour le suivre », c’est-à-dire aller derrière lui, aller là où il va, travailler où il travaille (à l’œuvre de rédemption), accueillir ce qu’il accueille, chercher ce qu’il cherche, des adorateurs pour le Père.
Il nous faut accepter certaines ruptures car c’est lui qui s’occupe de la continuité.
Nous resterons des gens qui vont pêcher, mais nous pêcherons avec le Pêcheur d’hommes. Jésus nous demandera une transposition de tout notre agir ; il fera servir notre savoir-faire, mais à un autre niveau, celui du Royaume en marche. Rien ne sera perdu du passé, de l’amour de la mer, du savoir-faire acquis dans la barque de Zébédée, et pourtant il faudra tout ré-apprendre, à l’école du nouveau Maître.
Pour chacun de nous l’appel de Jésus demeure un mystère, que nous l’entendions de loin, comme une voix qui n’arrive pas à se faire entendre, couverte qu’elle est par la rumeur du désir ; que nous l’entendions en nous comme un murmure, comme un ruisseau discret, mais inlassable ; que nous l’entendions comme le souvenir vivant d’un grand oui déjà prononcé, comme le rappel du premier appel, c’est le mystère des choix de Dieu, de Dieu qui est libre, divinement libre, et qui sait à la fois où il veut nous conduire et le grand raccourci qu’il va nous proposer.
Tous nous sommes des appelés, nous sommes conviés à travailler à plein temps dans le champ du Père, à moissonner, ou à glaner, dans la moisson de Jésus. Qui que nous soyons, nous pouvons rendre ce témoignage que les moments où nous sommes le plus fidèles à cet appel sont dans notre vie les périodes ou les instants de plus grande plénitude.
Mais savons-nous, voulons-nous suffisamment rendre à d’autres ce témoignage, spécialement aux jeunes que Jésus met sur notre route ? Peut-être ont-ils besoin, pour répondre à l’appel de Jésus : « Viens, suis-moi », de voir en nous des appelés heureux, des baptisés qui n’ont pas été déçus dans leur amitié avec le Christ, bref : des passionnés de Jésus-Christ ?