
Première lecture
Quand il créa le ciel et la terre, Dieu dit encore : « Que les eaux foisonnent d’une profusion d’êtres vivants, et que les oiseaux volent au-dessus de la terre, sous le firmament du ciel. » Dieu créa, selon leur espèce, les grands monstres marins, tous les êtres vivants qui vont et viennent et foisonnent dans les eaux, et aussi, selon leur espèce, tous les oiseaux qui volent. Et Dieu vit que cela était bon. Dieu les bénit par ces paroles : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez les mers, que les oiseaux se multiplient sur la terre. » Il y eut un soir, il y eut un matin : cinquième jour.
Et Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce, bestiaux, bestioles et bêtes sauvages selon leur espèce. » Et ce fut ainsi. Dieu fit les bêtes sauvages selon leur espèce, les bestiaux selon leur espèce, et toutes les bestioles de la terre selon leur espèce. Et Dieu vit que cela était bon.
Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Qu’il soit le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les bestioles qui vont et viennent sur la terre. » Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre. » Dieu dit encore : « Je vous donne toute plante qui porte sa semence sur toute la surface de la terre, et tout arbre dont le fruit porte sa semence : telle sera votre nourriture. À tous les animaux de la terre, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui va et vient sur la terre et qui a souffle de vie, je donne comme nourriture toute herbe verte. » Et ce fut ainsi. Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : sixième jour.
Ainsi furent achevés le ciel et la terre, et tout leur déploiement. Le septième jour, Dieu avait achevé l’œuvre qu’il avait faite. Il se reposa, le septième jour, de toute l’œuvre qu’il avait faite. Et Dieu bénit le septième jour : il le sanctifia puisque, ce jour-là, il se reposa de toute l’œuvre de création qu’il avait faite.
Telle fut l’origine du ciel et de la terre lorsqu’ils furent créés.
Psaume
Ô Seigneur notre Dieu, qu’il est grand, ton nom par toute la terre !
À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ?
Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur ; tu l’établis sur les œuvres de tes mains, tu mets toute chose à ses pieds.
Les troupeaux de bœufs et de brebis, et même les bêtes sauvages, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer, tout ce qui va son chemin dans les eaux.
Évangile
Alléluia. Alléluia.
Incline mon cœur vers tes exigences ; fais-moi la grâce de ta loi, Seigneur.
Alléluia.
En ce temps-là, les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, se réunissent auprès de Jésus, et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées. – Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, par attachement à la tradition des anciens ; et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de carafes et de plats. Alors les pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs repas avec des mains impures. » Jésus leur répondit : « Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, ainsi qu’il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. » Il leur disait encore : « Vous rejetez bel et bien le commandement de Dieu pour établir votre tradition. En effet, Moïse a dit : Honore ton père et ta mère. Et encore : Celui qui maudit son père ou sa mère sera mis à mort. Mais vous, vous dites : Supposons qu’un homme déclare à son père ou à sa mère : “Les ressources qui m’auraient permis de t’aider sont korbane, c’est-à-dire don réservé à Dieu”, alors vous ne l’autorisez plus à faire quoi que ce soit pour son père ou sa mère ; vous annulez ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous transmettez. Et vous faites beaucoup de choses du même genre. »
Méditer avec les carmes
Tout n’était pas mauvais dans les habitudes juives, et même, beaucoup de préceptes ne faisaient qu’énoncer les lois de l’hygiène la plus élémentaire. Laver les coupes, les cruches et les plats, c’était tout à fait recommandable, et nous le faisons nous-mêmes au moins deux fois par jour. Se laver les mains avant de passer à table, c’est également un réflexe qu’on nous a inculqué depuis l’enfance, et la précaution n’est pas toujours inutile, à en juger par les mains de nos écolières quand elles viennent communier.
Il ne serait pas venu à l’idée de Jésus de critiquer la propreté ; mais puisque, ce jour-là, les gens instruits lui faisaient des reproches, il a saisi l’occasion pour mettre les choses au point, car il avait, à son tour, des griefs à formuler.
Tout d’abord il reproche aux scribes leur minutie inutile : se laver les mains, fort bien ; mais pourquoi « jusqu’au coude », si les bras sont propres ? Pourquoi obliger les hommes à des gestes vides de sens ?
Un autre grief va plus loin : pourquoi s’asperger d’eau au retour de la place publique ? Est-ce que le coude à coude de la vie quotidienne rend impur aux yeux de Dieu ? Ou bien y a-t-il une catégorie d’hommes qui contamine les autres ? Jésus ne peut accepter cette discrimination religieuse !
Enfin Jésus dénonce par deux fois le mensonge spirituel des scribes :
« Vous mettez de côté le commandement de Dieu, la volonté de Dieu, vous annulez sa parole ». Vous faussez le vrai culte, qui doit venir du cœur. Dieu a dit : « Honore ton père et ta mère » ; et vous dites : « Halte-là ! Les fonds sont bloqués : le capital de cet homme appartient au temple ! »
Ainsi le temple passe avant Dieu, et l’argent du temple avant l’obéissance à Dieu.
Et tout cela, pourquoi ? Parce qu’on s’attache à une tradition transmise par des hommes ! Parce que rabbi Untel a dit : « Jusqu’au coude ! », jusqu’à la fin des temps on se lavera jusqu’au coude. Or Dieu n’avait rien dit du tout !
Ne raillons pas trop vite ; car la parole de Jésus nous atteint, nous aussi. Certes, nous sommes rarement tentés de nous appuyer sur nos habitudes, mais nous nous appuyons sur des prospectives, sur des évidences concernant l’avenir, sur des préférences que nous érigeons en absolu, sur des manières de faire plus ou moins imposées par le milieu ambiant ou par un scribe de notre entourage.
Certes, il y a de saines traditions, mais on peut devenir propriétaire de l’avenir comme on était autrefois esclave de qui avait dit par des hommes ; on peut s’aliéner dans l’avenir comme on s’aliénait dans le passé. Et tout cela cache la même tentation : l’homme veut parler plus fort que Dieu ; l’homme prétend que par lui l’Esprit a parlé.
Alors lentement se produit la dérive que déjà Isaïe reprochait à son peuple : les lèvres continuent leur louange, alors que le cœur est loin. Il est ailleurs, dans des choses à faire, alors qu’il s’agit d’être, dans des paroles à dire, quand il suffit d’entendre, dans du nouveau à créer avec fièvre, alors que, chaque jour la nouveauté de Dieu est là, qu’il nous invite à recevoir.