
Première lecture
Bien-aimés, tel est le message que nous avons entendu de Jésus Christ et que nous vous annonçons : Dieu est lumière ; en lui, il n’y a pas de ténèbres. Si nous disons que nous sommes en communion avec lui, alors que nous marchons dans les ténèbres, nous sommes des menteurs, nous ne faisons pas la vérité. Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché. Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. Si nous reconnaissons nos péchés, lui qui est fidèle et juste va jusqu’à pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice. Si nous disons que nous sommes sans péché, nous faisons de lui un menteur, et sa parole n’est pas en nous. Mes petits enfants, je vous écris cela pour que vous évitiez le péché. Mais si l’un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ, le Juste. C’est lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement les nôtres, mais encore ceux du monde entier.
Psaume
Comme un oiseau, nous avons échappé au filet du chasseur.
Sans le Seigneur qui était pour nous quand des hommes nous assaillirent, alors ils nous avalaient tout vivants, dans le feu de leur colère.
Alors le flot passait sur nous, le torrent nous submergeait ; alors nous étions submergés par les flots en furie.
Béni soit le Seigneur ! Le filet s’est rompu : nous avons échappé. Notre secours est le nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre.
Évangile
Alléluia, Alléluia. À toi, Dieu, notre louange ! Toi, le Seigneur, nous t’acclamons toi, dont témoignent les martyrs. Alléluia.
Après le départ des mages, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu’à la mort d’Hérode, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : D’Égypte, j’ai appelé mon fils.
Alors Hérode, voyant que les mages s’étaient moqués de lui, entra dans une violente fureur. Il envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages. Alors fut accomplie la parole prononcée par le prophète Jérémie : Un cri s’élève dans Rama, pleurs et longue plainte : c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus.
Méditer avec les carmes
Dieu a pris en main le cours des événements, et Il sauve Celui qu’Il vient de donner au monde comme sauveur ; et de même qu’il n’a pas cessé, dans l’ancienne Alliance, de commenter ses gestes de salut, Il révèle à Joseph son plan de salut pour l’enfant et sa Mère.
Mais, même révélé ainsi par Dieu, son dessein reste mystérieux, et sous bien des aspects.
D’abord Joseph reçoit une consigne très générale : « Fuis en Egypte ! »
Tout reste à inventer, à oser, à risquer, tout ce concret qui viendra de la libre initiative de l’homme, tout ce chemin d’audace et de prudence qui sera l’œuvre de Joseph.
Autre aspect du mystère : Dieu impose des délais, Dieu laisse faire le temps et ne donne au croyant que des signes de foi et d’espérance : « Fuis en Egypte, restes-y jusqu’à nouvel ordre ! »
Jusqu’à nouvel ordre... Joseph devra donc tout miser sur la Parole de Dieu... Un nouvel ordre de Dieu viendra, mais Dieu seul sait quand !
Cependant le mystère le plus déroutant dans le dessein de Dieu se situe ailleurs encore, et c’est celui-là que met en lumière le massacre des Innocents : Dieu, quand Il exauce un juste, n’interrompt pas forcément les menées de l’impie.
Dieu, tout en préservant l’avenir de l’Enfant Messie, laisse se déployer tout un projet criminel : « Hérode envoie tuer, dans Bethléhem et tout son territoire, tous les enfants jusqu’à deux ans ».
Seule la Résurrection de Jésus viendra donner un sens à ce martyre ; seule la certitude de retrouver près du Christ leur enfant aurait pu ce jour-là consoler toutes ces mères. Mais elles étaient inconsolables parce qu’elles ne pouvaient lire dans l’événement que la cruauté absurde d’un roi, comme Rachel, qui ne voulait pas que d’autres femmes la consolent, puisque les enfants de son peuple étaient partis en déportation (Jr 31, 35), comme tant d’hommes et de femmes, nos contemporains, que révolte la souffrance des innocents, et qui ne veulent pas, surtout pas, de consolation, préférant faire grief à Dieu, tant qu’ils vivront, de tant de morts insensées, de tant d’ivraie étouffant le bon grain.
Frères et sœurs, nous qui avons la foi, nous ne sommes pas pour autant immunisés contre l’épreuve, contre le deuil, contre la solitude ; mais nous savons une chose, qui nous rend la joie et la paix : c’est que nous avons du prix aux yeux de Dieu qui nous aime.
Disons oui au dessein de Dieu, qui nous rappelle tous d’Egypte, comme autant de fils et de filles, moyennant un Exode que lui seul conduira ; disons oui aux lenteurs de Dieu, et guettons chaque jour, dans la joie, son nouvel ordre, ce moment imprévisible, mais certain, où Jésus Berger, très doucement, sifflera de nouveau sa brebis.
Accueillons dans notre prière le non de tous ceux qui n’ont pas d’espérance, le non de toutes les mères inconsolables. Portons à Dieu, dans cette Eucharistie, le refus de ceux qui ne savent pas que Dieu les aime, et qu’Il fait de la vie avec toutes nos morts.