
Première lecture
Frères, la loi de Moïse ne présente que l’ébauche des biens à venir, et non pas l’expression même des réalités. Elle n’est donc jamais capable, par ses sacrifices qui sont toujours les mêmes, offerts indéfiniment chaque année, de mener à la perfection ceux qui viennent y prendre part. Si ce culte les avait purifiés une fois pour toutes, ils n’auraient plus aucun péché sur la conscience et, dans ce cas, n’aurait-on pas cessé d’offrir les sacrifices ? Mais ceux-ci, au contraire, comportent chaque année un rappel des péchés. Il est impossible, en effet, que du sang de taureaux et de boucs enlève les péchés. Aussi, en entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps. Tu n’as pas agréé les holocaustes ni les sacrifices pour le péché ; alors, j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté, ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre. Le Christ commence donc par dire : Tu n’as pas voulu ni agréé les sacrifices et les offrandes, les holocaustes et les sacrifices pour le péché, ceux que la Loi prescrit d’offrir. Puis il déclare : Me voici, je suis venu pour faire ta volonté. Ainsi, il supprime le premier état de choses pour établir le second. Et c’est grâce à cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes.
Psaume
Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté.
D’un grand espoir, j’espérais le Seigneur : il s’est penché vers moi. Dans ma bouche il a mis un chant nouveau, une louange à notre Dieu.
Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit : « Voici, je viens. »
J’annonce la justice dans la grande assemblée ; vois, je ne retiens pas mes lèvres, Seigneur, tu le sais.
Je n’ai pas enfoui ta justice au fond de mon cœur, je n’ai pas caché ta fidélité, ton salut ; j’ai dit ton amour et ta vérité à la grande assemblée.
Évangile
Alléluia. Alléluia.
Tu es béni, Père, Seigneur du ciel et de la terre, tu as révélé aux tout-petits les mystères du Royaume !
Alléluia.
En ce temps-là, comme Jésus était dans une maison, arrivent sa mère et ses frères. Restant au-dehors, ils le font appeler. Une foule était assise autour de lui ; et on lui dit : « Voici que ta mère et tes frères sont là dehors : ils te cherchent. » Mais il leur répond : « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? » Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »
Méditer avec les carmes
Faire la volonté du Père, c’était, pour Jésus, sa nourriture, quotidienne, joyeuse, irremplaçable. C’est pourquoi l’auteur de l’épître aux Hébreux ne se trompe pas, lorsqu’il met sur les lèvres de Jésus, dès le début de sa vie, les paroles du Psalmiste : « Me voici, Seigneur, pour faire ta volonté ».
Faire la volonté de Dieu, c’était, pour Marie, le programme de sa vie, toute son ambition, toute sa joie. Dès l’Annonciation, elle répond au Messager de Dieu ces mots qui résument toute sa mission, toute sa disponibilité de corps et de cœur, tout son bonheur d’entrer dans les vues de Dieu : « Voici la servante du Seigneur ! »
Faire la volonté de Celui qui nous envoie, c’est la route que Jésus nous propose, pour avancer vers le salut, et pour épanouir notre être de fils et de filles de Dieu.
Jésus a dit un jour : « Celui qui fait la volonté de mon Père, c’est celui-là qui m’aime« (Jn 14, 21). Aujourd’hui il nous redit, en quelque sorte : « C’est celui-là que j’aime, et que je fais entrer dans mon intimité ».
Autour de lui, dans la petite maison de Capharnaüm, des gens, hommes et femmes, sont assis, qui l’écoutent sans se lasser, qui entendent de sa bouche ce que Dieu attend d’eux. Et avec ces affamés de Dieu, Jésus se sent comme en famille. C’est bien ainsi qu’il faut comprendre ses paroles lorsqu’on lui annonce l’arrivée de sa parenté.
Jésus ne veut pas dire : « Ma mère ? mes cousins ? que m’importe ! », mais, dans un sens positif : « Mes liens avec ceux qui me cherchent et m’écoutent, avec les affamés de Dieu, sont aussi forts, aussi heureux, aussi intimes qu’avec les membres de ma famille.
Ma famille, ce sont les chercheurs de Dieu, tous ceux et celles qui accueillent sa volonté avec un cœur vraiment généreux, tous ceux et celles qui veulent vivre devant Dieu une liberté de fils ou de fille.
Ma famille, ce sont tous ceux qui mettent leurs mains dans les mains du Père, qui aiment ce que Dieu aime, et qui « frémissent à sa parole ». En disant cela, Jésus faisait le portrait de sa Mère, et il vous traçait, ma Sœur, une route de joie pour toute votre vie consacrée à son Règne.
Sur la route toujours montante du Carmel, voilà cinquante ans qu’à travers les bons et les mauvais jours vous cherchez obstinément à vivre selon l’Évangile de Jésus. Avec les seules certitudes de la foi et dans l’aventure quotidienne de l’espérance, dans la ferveur et malgré les misères, à coups de fidélités et de conversions, vous maintenez, au cœur de l’Église, votre projet de répondre au Seigneur, d’un même cœur avec Marie, et par le chemin de la vie fraternelle.
Projet audacieux, projet insensé aux yeux du monde, car la vie fraternelle, celle que Jésus a inaugurée avec son petit collège des Douze, n’est jamais une réussite purement humaine, ni une conquête définitive :
c’est toujours par grâce de Dieu que l’on fait la volonté de Dieu,
c’est toujours par l’amour de Jésus que l’on revient sans se lasser à la vie fraternelle,
c’est toujours par la force et la douceur de l’Esprit que l’on peut vivre ensemble en sœurs de Jésus.