
Première lecture
Pour la cause de Sion, je ne me tairai pas, et pour Jérusalem, je n’aurai de cesse que sa justice ne paraisse dans la clarté, et son salut comme une torche qui brûle. Et les nations verront ta justice ; tous les rois verront ta gloire. On te nommera d’un nom nouveau que la bouche du Seigneur dictera. Tu seras une couronne brillante dans la main du Seigneur, un diadème royal entre les doigts de ton Dieu. On ne te dira plus : « Délaissée ! » À ton pays, nul ne dira : « Désolation ! » Toi, tu seras appelée « Ma Préférence », cette terre se nommera « L’Épousée ». Car le Seigneur t’a préférée, et cette terre deviendra « L’Épousée ». Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu.
Psaume
Ton amour, Seigneur, sans fin je le chante !
« Avec mon élu, j’ai fait une alliance, j’ai juré à David, mon serviteur : J’établirai ta dynastie pour toujours, je te bâtis un trône pour la suite des âges. »
Heureux le peuple qui connaît l’ovation ! Seigneur, il marche à la lumière de ta face ; tout le jour, à ton nom il danse de joie, fier de ton juste pouvoir.
« Il me dira :’Tu es mon Père, mon Dieu, mon roc et mon salut !’ Sans fin je lui garderai mon amour, mon alliance avec lui sera fidèle. »
Deuxième lecture
Invité à prendre la parole dans la synagogue d’Antioche de Pisidie, Paul se leva, fit un signe de la main et dit : « Israélites, et vous aussi qui craignez Dieu, écoutez : Le Dieu de ce peuple, le Dieu d’Israël a choisi nos pères ; il a fait grandir son peuple pendant le séjour en Égypte et il l’en a fait sortir à bras étendu. Plus tard, Dieu a, pour eux, suscité David comme roi, et il lui a rendu ce témoignage : J’ai trouvé David, fils de Jessé ; c’est un homme selon mon cœur qui réalisera toutes mes volontés. De la descendance de David, Dieu, selon la promesse, a fait sortir un sauveur pour Israël : c’est Jésus, dont Jean le Baptiste a préparé l’avènement, en proclamant avant lui un baptême de conversion pour tout le peuple d’Israël. Au moment d’achever sa course, Jean disait : ‘Ce que vous pensez que je suis, je ne le suis pas. Mais le voici qui vient après moi, et je ne suis pas digne de retirer les sandales de ses pieds. ’ »
Évangile
Alléluia. Alléluia.
Demain sera détruit le péché de la terre, et sur nous régnera le Sauveur du monde.
Alléluia.
Généalogie de Jésus, Christ, fils de David, fils d’Abraham. Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, Jacob engendra Juda et ses frères, Juda, de son union avec Thamar, engendra Pharès et Zara, Pharès engendra Esrom, Esrom engendra Aram, Aram engendra Aminadab, Aminadab engendra Naassone, Naassone engendra Salmone, Salmone, de son union avec Rahab, engendra Booz, Booz, de son union avec Ruth, engendra Jobed, Jobed engendra Jessé, Jessé engendra le roi David.
David, de son union avec la femme d’Ourias, engendra Salomon, Salomon engendra Roboam, Roboam engendra Abia, Abia engendra Asa, Asa engendra Josaphat, Josaphat engendra Joram, Joram engendra Ozias, Ozias engendra Joatham, Joatham engendra Acaz, Acaz engendra Ézékias, Ézékias engendra Manassé, Manassé engendra Amone, Amone engendra Josias, Josias engendra Jékonias et ses frères à l’époque de l’exil à Babylone.
Après l’exil à Babylone, Jékonias engendra Salathiel, Salathiel engendra Zorobabel, Zorobabel engendra Abioud, Abioud engendra Éliakim, Éliakim engendra Azor, Azor engendra Sadok, Sadok engendra Akim, Akim engendra Élioud, Élioud engendra Éléazar, Éléazar engendra Mattane, Mattane engendra Jacob, Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ.
Le nombre total des générations est donc : depuis Abraham jusqu’à David, quatorze générations ; depuis David jusqu’à l’exil à Babylone, quatorze générations ; depuis l’exil à Babylone jusqu’au Christ, quatorze générations.
Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse, mais il ne s’unit pas à elle, jusqu’à ce qu’elle enfante un fils, auquel il donna le nom de Jésus.
Méditer avec les carmes
Dans quelques instants, en reprenant ensemble le credo de toute l’Église, nous redirons, à propos du Christ Jésus : « Il a été conçu par une action unique de l’Esprit saint, il est né de Marie Vierge ».
Cette affirmation nous arrive en ligne droite de la première et deuxième générations chrétiennes à travers les récits de Mathieu et de Luc. Luc a vu les événements surtout du point de vue de Marie, Mathieu du point de vue de Joseph, et leur convergence n’en que plus significative : nous touchons là le sol ferme de la tradition primitive.
Évidemment, nous aimerions plus de détails, et nous aurions à l’esprit bien des solutions de rechange pour que les choses se soient passées autrement ! En particulier, il y a cette question qui revient si souvent dans les cercles bibliques : dans l’Ancien Testament, Dieu s’est servi parfois de couple longtemps stériles pour réaliser son plan, mais en suivant les processus ordinaires de la nature. Pourquoi, dans le cas de Joseph et de Marie, n’a-t-il pas fait de même ? À cette question, Dieu seul pourrait répondre, et il est bien clair que nos solutions de rechange ne peuvent changer le plan de Dieu. Or en revanche, ce que nous pouvons et devons faire, c’est de lire ces témoignages de Luc et de Matthieu avec toute la loyauté de notre intelligence pour essayer de comprendre l’initiative de Dieu.
L’évangéliste Mathieu n’a pas fouillé la psychologie de Joseph - et nous nous garderons bien, de notre côté, d’inventer quoi que ce soit - mais il a voulu éclairer théologiquement les faits et en tirer une sorte de catéchèse pour ses lecteurs, des chrétiens venus du monde juif. Et son récit, tels qu’il l’a mené, souligne deux idées principales : - Jésus vient au monde dans la lignée de David, répondant ainsi à l’attente de son peuple, - et il le fait par l’intermédiaire de Joseph, qui l’adopte légalement comme fils.
En ce qui concerne Jésus, il est dit d’abord qu’il vient au monde dans la grande famille d’Abraham et de David et qu’il est le Messie attendu. C’est le sens de la longue généalogie qui ouvre l’évangile de Matthieu, qui d’Abraham descend au roi David et se termine ainsi : « Mattan engendra Jacob, Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle naquit Jésus, appelé Messie. » Saint Paul nous le confirmait, à sa manière, il y a un instant : du point de vue humain, il est né de la race de David, et dès l’aurore du christianisme, dans la communauté où enseignait Matthieu, on a reconnu en Jésus né de Marie le Messie promis par Isaïe comme devant naître d’une vierge. Le Messie, c’est-à-dire l’Elu de Dieu rempli de l’Esprit Saint pour réaliser sa mission au milieu des hommes.
Le nom que recevra cet enfant attendu par Marie est chargé de signification. Souvent dans l’Ancien Testament, le nom indique ce qu’est et ce que doit faire un homme dans le dessein de Dieu. C’est à la fois un résumé de la personne et un programme de vie. Ce Jésus à naître sera : « le Seigneur qui sauve », il sera celui qui libérera son peuple de ses péchés.
Libération d’ordre moral et spirituel, et toute libération qui se réclame du Christ doit promouvoir cette restauration du rapport entre l’homme et Dieu.
Libération universelle, qui s’adressera non seulement au peuple de l’ancienne alliance, mais à tous ceux et toutes celles qui par la foi, deviendront enfants d’Abraham. Le titre d’Emmanuel vient compléter ce portrait théologique du Fils de Marie. Il vient du prophète Isaïe et constitue, lui aussi, un programme, une mission. Ce Jésus sera « Dieu avec nous »,
Dieu présent dans l’histoire des hommes, Dieu prenant fait et cause pour réussir l’homme, Dieu cheminant avec les hommes pour se les réconcilier.
Et ce titre d’Emmanuel, Jésus le revendiquera solennellement, au moment de quitter ses disciples et après les avoir envoyés à toutes les nations : « Voici que moi, je vais être avec vous jusqu’à la fin du monde ».
Mais si Jésus entre ainsi dans la mission qui est celle du Messie dans l’histoire du peuple de Dieu, c’est par l’intermédiaire de Joseph, qui l’adopte légalement comme fils, et c’est le deuxième point sur lequel Matthieu insiste. En un seul mot, Matthieu campe cet homme devant nous : Joseph était un homme juste. Juste au sens biblique, c’est-à-dire un croyant cohérent avec sa foi, un homme disposé, par sa sainteté, à entrer dans le dessein de Dieu, quel qu’il soit, un homme juste, parce que totalement « ajusté » au vouloir de Dieu. Joseph sait qu’au besoin il aurait la Loi pour lui, il sait aussi qu’une dénonciation fracassante aurait des conséquences terribles pour Marie et l’enfant ; il sait surtout qu’il ne sait pas et il n’en dort plus. Il se décide pour la solution la plus discrète, la plus respectueuse des personnes, la plus proche possible de celle que Dieu lui-même prendrait. Et Dieu, qui est déjà à l’œuvre par son Esprit Saint dans l’existence de Marie, intervient parallèlement dans la vie de Joseph et lui découvre l’essentiel de son plan. Aussitôt Joseph infléchit sa route : il ne craindra plus d’accueillir chez lui Marie, son épouse ; et il va avoir un rôle irremplaçable dans l’avènement du Messie. Grâce à lui, en effet, l’enfant à naître sera légalement rattaché à la lignée de David. Grâce à lui, en Jésus de Nazareth on pourra reconnaître le Christ de Dieu, tel qu’il était annoncé par Isaïe.
Au fond, la grande force de Joseph a été d’accueillir l’initiative de Dieu. C’est en cela surtout qu’il était intimement accordé à ce que vivait Marie ; c’est en cela aussi qu’il conteste nos lenteurs, nos réticences et qu’il vient nous réveiller, quand la tentation nous guette de faire de Dieu notre satellite, et de le mettre à notre service. Un jeune garçon de cinquième commentait ce passage : « Il n’y a pas à craindre de perte la face, quand c’est Dieu qui agit dans notre vie ».
Mais peut être le message le plus urgent de Joseph à notre temps est-il celui de sa mesure et de sa discrétion, parce la discrétion a été pour lui une forme héroïque de non-violence. Devant des situations inextricables, révoltantes, ou désespérées, situation d’Eglise, de paroisse, de famille, de foyer, de communauté, volontiers nous réagirions en libérant notre agressivité, en nous donnant le droit d’être intransigeants, en refusant désormais d’être solidaires des nôtres dans le difficile cheminement de l’Evangile. C’est alors qu’il nous faut réapprendre le style de Joseph. Quelquefois même, nous serions tentés de menacer, d’imposer des ruptures. Mais on ne réforme pas un corps, si petit soit-il, par une menace de rupture. C’est toujours de l’intérieur et avec une infinie patience, que l’on réanime ce qui doit être réanimé. Alors seulement la confrontation édifie. Toute rupture qui, sur le moment, semble apaiser les tensions, est, en définitive, un appauvrissement, un refus d’opérer les dépassements essentiels à toute vie chrétienne pleinement responsable et solidaire. (d’après le Pasteur Schütz).