
Première lecture
En ce temps-là se lèvera Michel, le chef des anges, celui qui se tient auprès des fils de ton peuple. Car ce sera un temps de détresse comme il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent, jusqu’à ce temps-ci. Mais en ce temps-ci, ton peuple sera délivré, tous ceux qui se trouveront inscrits dans le Livre. Beaucoup de gens qui dormaient dans la poussière de la terre s’éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et la déchéance éternelles. Ceux qui ont l’intelligence resplendiront comme la splendeur du firmament, et ceux qui sont des maîtres de justice pour la multitude brilleront comme les étoiles pour toujours et à jamais.
Psaume
Garde-moi, mon Dieu, j’ai fait de toi mon refuge.
Seigneur, mon partage et ma coupe : de toi dépend mon sort. Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable.
Mon cœur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance : tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption.
Tu m’apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie ! À ta droite, éternité de délices !
Deuxième lecture
Dans l’ancienne Alliance, tout prêtre, chaque jour, se tenait debout dans le Lieu saint pour le service liturgique, et il offrait à maintes reprises les mêmes sacrifices, qui ne peuvent jamais enlever les péchés.
Jésus Christ, au contraire, après avoir offert pour les péchés un unique sacrifice, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu. Il attend désormais que ses ennemis soient mis sous ses pieds. Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu’il sanctifie.
Or, quand le pardon est accordé, on n’offre plus le sacrifice pour le péché.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous pourrez vous tenir debout devant le Fils de l’homme. Alléluia.
En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « En ces jours-là, après une grande détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel.
Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père. »
Méditer avec les carmes
Beaucoup de gens, même parmi les chrétiens, essaient d’imaginer la fin du monde. On en fait des romans, on en fait des films, comme si l’important était de faire peur.
Mais est-ce vraiment ainsi que Jésus voyait les choses ?
Une chose est sûre, et Jésus l’a dit formellement, c’est que sa venue en gloire marquera la fin de l’histoire ; et cette fin, il nous faut à la fois l’attendre, l’espérer et la préparer. Comme le dit notre Credo : « J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir ».
Jésus n’a présenté aucun scénario des derniers temps : il se contente de les évoquer en reprenant les images traditionnelles des prophètes, spécialement Daniel, qu’il cite très souvent.
Néanmoins Jésus, dans ce passage de Marc 13, distingue trois moments :
1°) le commencement des douleurs : Jésus décrit là tout ce que les générations de chrétiens depuis lors ont connu : les guerres, les tremblements de terre, les faux messies et les persécutions.
Le temps des douleurs est-il uniquement un temps de catastrophe ? Non, car c’est aussi le temps où l’Évangile est proclamé à toutes les nations et où l’Esprit Saint parle lui-même pour la défense des disciples de Jésus. D’ailleurs les douleurs sont des douleurs d’enfantement : l’humanité selon Dieu, l’Église de Jésus, est enfantée tout au long de ce commencement.
2°) viennent ensuite, dans l’Évangile de Marc, « les jours de détresse », qui visent probablement une épreuve plus précise, comme les combats qui ont marqué la prise de Jérusalem.
3°) mais la fin du monde est encore autre chose. Elle aura lieu « en ces jours-là, après cette détresse ». L’histoire des hommes s’arrêtera ; le soleil et la lune cesseront de marquer les jours et les nuits. Alors on verra le Fils de l’Homme (Jésus Fils de Dieu), venir, entouré de nuées, dans la plénitude de la puissance et dans la gloire.
La fin du monde sera surtout l’irruption du monde nouveau, la manifestation de la gloire du Christ, et l’immense rassemblement de tous les amis de Jésus, tous ses fidèles, les élus de tous les pays et de tous les temps.
Est-ce là une catastrophe ? Non : c’est la réussite du plan de Dieu, c’est le moment, connu de Dieu seul, où Il déclarera : « C’est fait ; mon amour a réussi l’homme », c’est le moment de l’enfantement après les douleurs, c’est le premier cri de l’humanité nouvelle, qui ouvrira les yeux à la gloire du Christ.
La fin du monde, c’est l’été de Dieu, et Jésus y insiste.
Qu’est-ce qui rend si tendres les jeunes pousses du figuier ? Qu’est-ce qui fait apparaître les feuilles ? – La sève, tout simplement. Et quand la sève monte, les fruits viennent, sûrement ; l’été arrive, immanquablement ; de même que, lorsque les douleurs surviennent, c’est que l’enfant demande à naître et à vivre.
Voilà ce qu’est la fin du monde, aux yeux de Jésus : c’est la poussée victorieuse de la sève ; c’est la naissance de l’homme nouveau selon Dieu.
Les hommes guettent partout la catastrophe ; or la fin du monde sera un moment de maturité, le moment de la maturité. Déjà le prophète Daniel l’annonçait de la part de Dieu : « En ce temps-là viendra le salut de tous les peuples, de tous ceux dont le nom se trouvera dans le livre de Dieu ».
Oui, c’est parfois dans la douleur que nous nous préparons à cette victoire de Dieu.
Oui, il y a et il y aura des jours de détresse, et c’est pourquoi nous devons rester éveillés, « tout éveillés dans notre foi » et dans l’amour fraternel, serrant dans le creux de notre main la perle du Royaume, c’est-à-dire la promesse que Jésus nous a faite et la promesse que nous avons faite à Jésus.
Mais Jésus nous a sauvés une fois pour toutes : il n’aura pas besoin de se lever à nouveau pour souffrir et mourir. Il s’est assis, pour toujours, à la droite de Dieu.