
Première lecture
Mon fils, ne refuse pas un bienfait à qui tu le dois, quand ce geste est à ta portée. Ne dis pas à ton prochain : « Va-t’en, tu reviendras, je donnerai demain ! », alors que tu as de quoi. Ne travaille pas au malheur de ton prochain, alors qu’il vit sans méfiance auprès de toi. Ne cherche pas de vaine querelle à qui ne t’a pas fait de mal. N’envie pas l’homme violent, n’adopte pas ses procédés. Car le Seigneur a horreur des gens tortueux ; il ne s’attache qu’aux hommes droits. Malédiction du Seigneur sur la maison du méchant, bénédiction sur la demeure des justes. Il se moque des moqueurs, aux humbles il accorde sa grâce.
Psaume
Le juste habitera ta sainte montagne, Seigneur.
Seigneur, qui séjournera sous ta tente ? Celui qui se conduit parfaitement, qui agit avec justice et dit la vérité selon son cœur.
Il ne fait pas de tort à son frère et n’outrage pas son prochain. À ses yeux, le réprouvé est méprisable mais il honore les fidèles du Seigneur.
Il ne reprend pas sa parole. Il prête son argent sans intérêt, n’accepte rien qui nuise à l’innocent. Qui fait ainsi demeure inébranlable.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père.
Alléluia.
En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Personne, après avoir allumé une lampe, ne la couvre d’un vase ou ne la met sous le lit ; on la met sur le lampadaire pour que ceux qui entrent voient la lumière. Car rien n’est caché qui ne doive paraître au grand jour ; rien n’est secret qui ne doive être connu et venir au grand jour.
Faites attention à la manière dont vous écoutez. Car à celui qui a, on donnera ; et à celui qui n’a pas, même ce qu’il croit avoir sera enlevé. »
Méditer avec les carmes
Il n’y a rien de si triste qu’une lumière qui ne brille pour personne, rien de plus insensé que de contraindre ou de masquer la lumière. Personne n’aurait la folie d’allumer une lampe pour la cacher aussitôt ; à plus forte raison le Père du ciel ne veut-il pas cacher la lumière qu’il a lui-même allumée en nous à la flamme de la parole de Jésus et qui nous donne accès aux secrets du Royaume.
Il nous a placés là où nous sommes, humbles lampes de tous les jours, pour qu’en nous consumant nous fassions pauvrement reculer les ténèbres de ce monde. Là où Dieu nous a placés, notre pauvreté est irremplaçable. Et notre pauvreté devient richesse dès qu’un frère ou une sœur approche de l’entrée ; car alors notre lumière révèle son visage.
Celui qui revient en pleine nuit cherche péniblement la maison et tâtonne ensuite longuement dans l’entrée, parce que personne ne l’attend. Et bien souvent, c’est l’expérience douloureuse que nous faisons dans la vie fraternelle : nous ne trouvons pas l’accès de la maison du frère, et l’entrée de son cœur n’est pas éclairée, parce qu’il ne nous attend pas... ou n’attend plus personne.
Cette difficulté de rejoindre l’autre, cette déception sans cesse renaissante dans le dialogue, doivent nous convertir nous-mêmes à l’accueil : à quelque heure qu’il se présente, le frère doit trouver en nous une lumière pour lui.
D’ailleurs cette lumière ne vient pas de nous et ne nous appartient pas : elle ne marque pas l’entrée de notre maison, mais le vestibule de la maison de Dieu, car c’est Dieu qui attend mon frère ; c’est Dieu qui l’invite.
Bien souvent le frère entrera sans même remarquer la lumière. Il trouvera naturel que Dieu l’ait allumée ; et ce sera bien ainsi, puisqu’il entre pour rencontrer Dieu.
Et quand le frère aura trouvé Dieu, notre pauvre lumière continuera de veiller, au service d’un nouveau visage qui sortira de l’ombre à l’heure de Dieu, à l’appel de Dieu. Car il n’est rien de caché qui ne devienne un jour manifeste, en venant à la lumière de Dieu ; il n’est rien de fermé qui ne puisse s’ouvrir quand s’ouvrent les mains de Dieu ; il n’est rien de secret, ni misère ni richesse, qui doive redouter le plein jour du Verbe de Dieu.
Et notre lampe, pourtant dérisoire, est un relais de cette clarté qui brille sur la Face du Christ.