
Première lecture
Ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis, et je veillerai sur elles. Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles sont dispersées, ainsi je veillerai sur mes brebis, et j’irai les délivrer dans tous les endroits où elles ont été dispersées un jour de nuages et de sombres nuées. Je les ferai sortir d’entre les peuples, je les rassemblerai des différents pays et je les ramènerai sur leur terre ; je les ferai paître sur les montagnes d’Israël, dans les vallées, dans les endroits les meilleurs. Je les ferai paître dans un bon pâturage, et leurs prairies seront sur les hauteurs d’Israël. Là, mes brebis se reposeront dans de belles prairies, elles brouteront dans de gras pâturages, sur les monts d’Israël. C’est moi qui ferai paître mon troupeau, et c’est moi qui le ferai reposer, – oracle du Seigneur Dieu. La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la panserai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître selon le droit.
Psaume
Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer.
Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer.
Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre ; il me conduit par le juste chemin pour l’honneur de son nom.
Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure.
Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis ; tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante.
Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie ; j’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours.
Deuxième lecture
Frères, l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. Alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les impies que nous étions. Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile ; peut-être quelqu’un s’exposerait-il à mourir pour un homme de bien. Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs. À plus forte raison, maintenant que le sang du Christ nous a fait devenir des justes, serons-nous sauvés par lui de la colère de Dieu. En effet, si nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils alors que nous étions ses ennemis, à plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés, serons-nous sauvés en ayant part à sa vie. Bien plus, nous mettons notre fierté en Dieu, par notre Seigneur Jésus Christ, par qui, maintenant, nous avons reçu la réconciliation.
Évangile
Alléluia. Alléluia.
Je suis le bon Pasteur, dit le Seigneur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent.
Alléluia.
En ce temps-là, s’adressant aux pharisiens et aux scribes, Jésus disait cette parabole : « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les 99 autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux, et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire : ‘Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue ! ’ Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion. »
Méditer avec les carmes
Souvent, dans l’Évangile, Jésus nous le rappelle : si nous voulons vraiment être ses disciples, nous devons en prendre les moyens et y mettre le prix.
Aujourd’hui il nous montre quel prix Dieu est prêt à payer pour nous garder dans son amitié, et comment, lui, Jésus, conçoit son rôle de sauveur.
Le premier exemple qu’il prend a trait directement à la vie communautaire.
Voilà une brebis qui ne se trouve pas bien avec les autres, et qui n’est pas satisfaite de ce que broutent ses compagnes. Insensiblement, elle cherche son bonheur en s’éloignant du troupeau. Elle suit son idée ; elle rejoint son désir, sans s’occuper de ce que vivent ou de ce que cherchent les autres.
Quoi dire ? - « Tant pis pour elle. Après tout, il en reste bien assez ! »
Ce serait voir les choses à la manière humaine. Le Christ Pasteur, lui, raisonne autrement : « Si elle est seule, elle souffre ; si elle est loin, elle va se désespérer. Je vais la chercher ! »
Sa brebis, vous l’avez reconnue : elle a votre visage, votre allure, votre histoire. Plus elle est perdue, plus elle lui manque ; plus elle est isolée, plus il la cherche comme l’unique.
Et ceux qui n’ont rien compris au cœur de Dieu commencent à se scandaliser : « À quoi bon prendre tant de peine pour cette folle, pour cette ingrate qui n’en fait qu’à sa tête ! »
C’est ainsi que les pharisiens et les lettrés récriminaient déjà contre Jésus : « Cet individu fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
Eh bien, oui ! Nous sommes ses invités, nous les indignes, nous les ingrats. Chacun de nous est ramené sur les épaules du Seigneur, qui portent le poids de la rédemption du monde ; et c’est toute l’Église, toute la communauté croyante, qui est conviée à la joie de Jésus : « J’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue », celle qui n’osait plus espérer ni en moi, ni dans les autres, encore moins en elle-même.
Le Christ se compare ensuite à une femme qui cherche une drachme d’argent, une sur les dix qu’elle avait, et qui ne peut pas se résigner à la perte de cette pièce. Elle allume une lampe, en plein jour, car il fait sombre dans les maisons de Galilée, et elle balaye partout, pour ne laisser passer aucune chance, pour avoir tout tenté, au moins, avant de faire son deuil de la pièce égarée.
Cette brebis ramenée, cette pièce retrouvée, c’est l’histoire de toute conversion : Dieu fait l’impossible, par son Fils Jésus, pour nous réunir au bercail. En réponse, il ne nous demande pas grand chose : un peu d’amour reconnaissant, et un geste d’humilité.
Car il faut que la brebis se laisse rejoindre, et qu’elle se laisse ramener. Or elle reste libre de fuir plus loin encore, vers son malheur, vers son désespoir. Il faut qu’elle croie suffisamment à l’amour du Pasteur pour revenir vers lui, toute blessée, toute amaigrie, toute sale.
Mais comment refuser notre confiance à ce Seigneur qui est « incapable de mépris » (Ps 51, 19), qui va rechercher sa brebis en pleine montagne, et ramasse avec douceur son bel argent jusque dans les balayures ?