
Première lecture
En ces jours-là, à Antioche, un grand nombre de gens devinrent croyants et se tournèrent vers le Seigneur. La nouvelle parvint aux oreilles de l’Église de Jérusalem, et l’on envoya Barnabé jusqu’à Antioche. À son arrivée, voyant la grâce de Dieu à l’œuvre, il fut dans la joie. Il les exhortait tous à rester d’un cœur ferme attachés au Seigneur. C’était en effet un homme de bien, rempli d’Esprit Saint et de foi. Une foule considérable s’attacha au Seigneur. Barnabé partit alors à Tarse chercher Saul. L’ayant trouvé, il l’amena à Antioche. Pendant toute une année, ils participèrent aux assemblées de l’Église, ils instruisirent une foule considérable. Et c’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de « chrétiens ».
Or il y avait dans l’Église qui était à Antioche des prophètes et des hommes chargés d’enseigner : Barnabé, Syméon appelé Le Noir, Lucius de Cyrène, Manahène, compagnon d’enfance d’Hérode le Tétrarque, et Saul. Un jour qu’ils célébraient le culte du Seigneur et qu’ils jeûnaient, l’Esprit Saint leur dit : « Mettez à part pour moi Barnabé et Saul en vue de l’œuvre à laquelle je les ai appelés. » Alors, après avoir jeûné et prié, et leur avoir imposé les mains, ils les laissèrent partir.
Psaume
Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage !
Quand je crie, réponds-moi, Dieu, ma justice ! Toi qui me libères dans la détresse, pitié pour moi, écoute ma prière !
Fils des hommes, jusqu’où irez-vous dans l’insulte à ma gloire, l’amour du néant et la course au mensonge ?
Sachez que le Seigneur a mis à part son fidèle, le Seigneur entend quand je crie vers lui. Mais vous, tremblez, ne péchez pas ; réfléchissez dans le secret, faites silence.
Beaucoup demandent : « Qui nous fera voir le bonheur ? » Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage ! Tu mets dans mon cœur plus de joie que toutes leurs vendanges et leurs moissons.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père. Alléluia.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur ? Il ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens.
Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. »
Méditer avec les carmes
Ainsi nous sommes le sel et la lumière. C’est Jésus lui-même qui le proclame ! Ce n’est donc pas seulement un idéal, mais une réalité : déjà nous sommes sel et lumière.
Nous sommes sel, parce que nous sommes porteurs de l’Évangile de Jésus, et que seule cette bonne nouvelle peut donner à l’existence des hommes son vrai goût, le goût de la tendresse de Dieu et le goût de la gloire. Déjà l’Évangile a pénétré notre vie, et, comme disait Jésus, nous avons « du sel en nous-mêmes », dans la mesure même où nous laissons travailler en nous-mêmes l’Esprit du Seigneur.
Tout notre soin doit être de rester du sel authentique, sans cesse réactivé par l’amitié de Jésus, et des témoins crédibles de sa parole, des croyants qui tablent non pas sur « le prestige du langage humain », ou sur l’efficacité d’une « sagesse tout humaine », mais sur la puissance de Dieu et sur l’Esprit saint qui rend vivant aujourd’hui le message de Jésus.
Nous sommes lumière, déjà lumière.
Par notre baptême et le sceau de l’Esprit, et par l’engagement de notre vie, nous sommes des chrétiens repérables, des chrétiens visibles ; nous sommes disciples de Jésus à la vue de tous. Nous ne pouvons pas plus nous cacher qu’une ville située sur le haut d’une montagne, la première éclairée au soleil levant, la dernière illuminée quand partout le soir tombe. Elle n’est pas la lumière, elle reçoit la lumière, mais tout au long du jour elle rend témoignage à cette lumière qui lui vient d’ailleurs. Et tous ceux qui marchent dans la vallée font route vers elle et se repèrent sur elle.
Nous ne pouvons pas plus renoncer à être lumière qu’une lampe que l’on vient d’allumer et que l’on a placée sur le chandelier pour quelle éclaire, justement, tous ceux qui sont dans la maison.
Au fond, nous sommes une lumière qui ne s’appartient pas.
Nous n’avons pas pu nous allumer tout seuls : c’est Dieu qui nous a allumés à la flamme de son Fils, lumière du monde, lumière éternelle venue dans le monde. Et c’est sa lumière que, de proche en proche, nous répandons par le témoignage de notre foi, mais aussi par notre amour fraternel toujours en éveil et en invention.
« Partage ton pain, disait le prophète Isaïe, ne te dérobe pas à ton semblable, alors ta lumière jaillira comme l’aurore. »
« Si tu donnes de bon cœur, si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera comme la lumière de midi ».
La lumière empruntée au Christ, cette lumière que nous diffusons, accomplit ainsi deux merveilles à la fois : elle fait reculer les ténèbres du monde et transforme nos propres ténèbres en lumière du midi.
L’un des points d’appui de notre confiance est cette force transformante de la lumière dont nous sommes porteurs : « Autrefois nous étions ténèbres ; maintenant nous sommes lumière dans le Seigneur » (cf. Ep 5, 8). Pourquoi ? parce que la lumière de Jésus, que Dieu nous a confiée, a triomphé d’abord de la nuit de notre cœur. Elle est même toujours en train de triompher, et en train de nous illuminer, alors même qu’en nous nous ne voyons que misère et incertitude.
En effet, comme l’affirme saint Paul : « Le Dieu qui a dit : ’Que du sein de la ténèbre brille la lumière’ est celui qui a brillé dans nos cœurs pour y faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu qui sur la face du Christ. »
Nous sommes déjà lumière, car la lumière d’emprunt est devenue la nôtre, sans cesser de briller sur la face du Christ. Jésus est, à lui seul, la lumière du monde, mais c’est aussi de proche en proche que Dieu veut illuminer les confins de la terre : « Dans la nuit de ce monde l’ami de Dieu brillera ».