
Première lecture
Moïse disait au peuple d’Israël : « Aujourd’hui le Seigneur ton Dieu te commande de mettre en pratique ces décrets et ces ordonnances. Tu veilleras à les pratiquer de tout ton cœur et de toute ton âme. Aujourd’hui tu as obtenu du Seigneur cette déclaration : lui sera ton Dieu ; toi, tu suivras ses chemins, tu garderas ses décrets, ses commandements et ses ordonnances, tu écouteras sa voix. Aujourd’hui le Seigneur a obtenu de toi cette déclaration : tu seras son peuple, son domaine particulier, comme il te l’a dit, tu devras garder tous ses commandements. Il te fera dépasser en prestige, renommée et gloire toutes les nations qu’il a faites, et tu seras un peuple consacré au Seigneur ton Dieu, comme il l’a dit. » – Parole du Seigneur.
Psaume
Heureux ceux qui marchent suivant la loi du Seigneur !
Heureux les hommes intègres dans leurs voies qui marchent suivant la loi du Seigneur ! Heureux ceux qui gardent ses exigences, ils le cherchent de tout cœur !
Toi, tu promulgues des préceptes à observer entièrement. Puissent mes voies s’affermir à observer tes commandements !
D’un cœur droit, je pourrai te rendre grâce, instruit de tes justes décisions. Tes commandements, je les observe : ne m’abandonne pas entièrement.
Évangile
Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. Voici maintenant le moment favorable, voici maintenant le jour du salut. Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »
Méditer avec les carmes
« Aimez vos ennemis », dit Jésus.
Mais peut-être disons-nous : « Moi, je n’ai pas d’ennemis. Je ne suis pas connu ; je n’ai pas de responsabilités politiques. Je n’ai pas à commander, et très peu à donner mon avis ! ».
C’est vrai : nous ne sommes pas vraiment en danger : personne ne menace notre vie ni notre liberté. Et pourtant, si nous regardons en vérité ce qui se passe dans notre cœur, dans notre désir, dans notre mémoire, nous découvrons combien l’agressivité nous habite et nous travaille. Nous n’avons pas de vrais ennemis, mais nous en voulons parfois à beaucoup de gens, lointains ou proches.
Nous leur en voulons de ne pas nous reconnaître tels que nous nous voyons, de ne pas deviner ce que nous désirons, de ne pas nous accepter tel que nous sommes ; nous leur en voulons d’être eux-mêmes et de le rester. Même quand personne n’en vient à nous haïr, nous en voulons à beaucoup de ne pas nous aimer.
Même si nous n’avons pas vraiment de haine pour personne, nous laissons se rétrécir le cercle de ceux qui nous intéressent. Au-delà du cercle, très près de nous parfois, mais déjà très loin de notre cœur, nous apercevons ceux et celles dont nous n’attendons plus rien, ni affection, ni regard, ni compréhension ni sympathie.
Nous aimons « ceux qui nous aiment », nous nous attachons à ceux qui nous valorisent, nous saluons ceux qui les premiers ont fait le geste de nous saluer.
Bref, notre moi reste au centre de tout, et c’est cela que vise Jésus, car si l’on ignore la gratuité, on tourne le dos à l’amour. Le remède existe, mais il est onéreux, et Jésus ne le cache pas : « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ».
Notre Père est parfait dans sa manière d’aimer, parce que sa tendresse est toute gratuite et sans frontières. Il n’y a pas de frontières, dans le cœur de Dieu, entre les bons et des méchants.
Il n’y a pas de cercle de privilégiés, car tous ont le privilège d’être aimés comme des fils et des filles. Même si nous n’avons pas d’ennemis acharnés, la grande affaire pour nous et de vivre vraiment comme les fils et les filles d’un tel Père, et de garder toujours dans notre cœur un peu de soleil pour tous ceux que nous côtoyons, un peu de pluie pour leur jardin et leurs semailles, une petite lumière qui les invite à entrer.
II ne suffit pas de reconnaître l’agressivité qui parasite nos sentiments, il faut surtout libérer la bonté qui en nous se cache ou s’endort.
Car on peut vivre authentiquement sans connaître la renommée et sans laisser aucune œuvre mesurable, mais on aura tout manqué sur cette terre si l’on n’a pas fait à la bonté toute sa place.
C’est par elle qu’on ressemble à Dieu. Avec lui c’est notre air de famille.