Marie, bénie entre toutes les femmes (Lc 1, 42)

Dans la rencontre entre Marie et Élisabeth, c’est Marie qui se révèle véritablement au centre du mystère divin, reconnue et proclamée par l’Esprit Saint comme « bénie entre toutes les femmes » et Mère du Seigneur, une révélation qui inaugure déjà un culte marial profond et spirituellement riche. Ce moment, empreint d’émerveillement prophétique, souligne la foi et la dignité unique de Marie dans le plan du salut.


Marie et Elisabeth

Après la salutation de Marie, la scène - à première vue - est entièrement occupée par Elisabeth : elle est saluée, elle sent le mouvement de l’enfant, elle est remplie de l’Esprit Saint, elle proclame et raconte. Marie est en silence complet.

Cependant, la figure centrale est Marie et non pas Elisabeth. C’est d’elle, en effet, qu’on parle.

Certainement, en dernière analyse, l’émerveillement d’Elisabeth est la venue du Seigneur, mais le Seigneur est caché dans le sein de Marie et tout est adressé à elle directement.

Elisabeth s’exclama d’une voix forte

Le verbe qui exprime ce cri d’Elisabeth - un cri qui dit la surprise et l’émerveillement - est "anaphoneô", un verbe utilisé pour exprimer des exclamations liturgiques (cf 1Chr 15,28 ; 16,4.5.42 ; 2Chr 5,13) comme si le salut d’Elisabeth était une sorte de cantique.

Une trace du culte marial n’est-elle pas déjà présente dans la communauté de Luc ?

Une révélation

"Avec une voix forte" c’est une mention qui introduit la parole des prophètes, pour dévoiler ce qui est encore caché. Elisabeth ne parle pas d’elle-même, mais inspirée, "remplie" de l’Esprit Saint, comme les prophètes. Ses mots ne sont pas un vœu, comme habituellement dans les salutations, ni une intuition personnelle mais une révélation de Dieu, une interprétation authentique de l’événement qui arrive en Marie.

trois faits concernant Marie :

Le cri d’Elisabeth ne souhaite pas de bénédiction, mais constate une bénédiction déjà donnée. Ce n’est pas Elisabeth qui bénit Marie mais Dieu : ceci est clair dans le "passif divin", bénie.

Autres remarques

"Entre les femmes" c’est une forme comparative : Marie est "la plus" bénie.

"et le fruit de ton sein est béni". Le fait que Marie soit d’abord déclarée "bénie" avant "le fruit de son sein" ne signifie pas l’ordre de la dignité, mais la médiation [cf. commentaire d’Origène ].

Marie et Judith. Selon de nombreux exégètes, les paroles d’Elisabeth à Marie reprennent les paroles adressées dans l’Ancien Testament à Judith (13,18) : "Tu es bénie entre toutes les femmes et béni est le Seigneur" (Jd 13, 18). La nouveauté - et la grandeur - du Nouveau Testament est le changement de l’expression "le Seigneur" en l’expression "le fruit de ton sein". C’est dans ce changement que se voit la grandeur de Marie.


Extraits de Bruno MAGGIONI, La madre del mio Signore. Esegesi di Lc 1, 39-45. in “Theotokos”, 1997, n° 1, p. 11-24, p.17-18 - Synthèse F. Breynaert.


Bruno Maggioni

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