La naissance de Marie dans l’art
La naissance de Marie, célébrée le 8 septembre, est un mystère lumineux qui révèle sa place unique dans le dessein divin, symbolisée par des représentations artistiques riches et variées à travers les siècles, où elle apparaît comme l’arche d’alliance porteuse de la présence de Dieu. Ce parcours iconographique et spirituel invite à contempler la Vierge dans sa simplicité humaine et sa vocation sublime, au cœur de l’Église et de l’histoire du salut.
L’épisode est raconté dans l’apocryphe du protévangile de Jacques. La fête liturgique de la naissance de Marie (8 septembre) fut introduite à Rome par le pape Serge en l’an 695. La « légende dorée » au XIIIe siècle reprend le récit apocryphe.
La composition traditionnelle montre Anne allongée ou assise, une sage-femme lui lave les mains. Marie à peine née est au premier plan, lavée par les femmes.
Le maître de la vie de Marie est un peintre anonyme de Cologne au XVe siècle. Il tire son nom d’un retable provenant de l’église Ursule et conservé aujourd’hui à Munich (Alte Pin.). La nativité de Marie est une scène joyeuse et familière. La représentation d’un lit à deux places est une discrète évocation de la vie conjugale d’Anne : contrairement à la conception de Jésus qui est vrai Dieu vrai homme, la conception de Marie, simple créature, est une conception toute immaculée mais sans être virginale.
Au cours du XIVe siècle, les peintres représentent les femmes qui apportent des cadeaux de naissance tandis que d’autres s’occupent de chauffer l’eau du bain. Ghirlandio représente l’atmosphère princière de Florence en son temps. Beccafumi représente Marie suçant son pouce. À partir du XVIe siècle se produit une réaction contre une vision devenue trop prosaïque.
En 1520, Albrecht Altdorfer représente la scène de la Nativité de la Vierge dans une église. Toute cette Église, immense et lumineuse, est le symbole de Marie. Marie est Église parce qu’elle deviendra l’arche d’Alliance qui porte en elle la présence de Dieu, Jésus.
À gauche, dans le lit, Anne, servie par une compagne. Au centre, une jeune femme porte la petite Marie et la contemple avec émerveillement. Juste au-dessus de Marie, un ange l’encense avec allégresse, au centre d’une ronde des anges en liesse. À droite, Joachim, père de Marie, rentre du travail avec ses outils et un pain sous le bras, il est méditatif et recueilli.
Au XVIIe siècle, on représente de plus en plus souvent les anges au moment de la naissance de la Vierge : il y a là un désir d’indiquer la place de Marie dans le dessein de Dieu créateur.
Les exemples sont nombreux : Simon Vouet, Naissance de Marie, 1618, église San Francesco a Ripa, Roma ; J.B. Suvée, Naissance de Marie, 1779, église Notre-Dame de l’Assomption à Paris.
Au terme de ce parcours, ajoutons ceci :
Autour de 1720-1730, une sœur modelait des visages en cire de Jésus enfant et de Marie enfant. En 1842, une de ses petites effigies de la Vierge enfant est apportée à l’hôpital Ciceri. En 1884, une religieuse présente la statuette aux malades et une postulante gravement malade demande la guérison... Elle est immédiatement guérie. Puis, à partir du 16 janvier 1885, l’image de cire, décolorée et jaunie, commence à devenir belle et à ressembler à une vraie petite fille !
Bibliographie : Iconografia e arte cristiana, diretto da Liana Castelfranchi, Maria Antonietta Crippa. Edizioni San Paolo, Milano 2004, p. 958-959
F. Breynaert