Le judéo-christianisme et les ‘Transitus’
Les apocryphes de la Dormition révèlent une profonde influence judéo-chrétienne, témoignant d’un héritage spirituel ancien où Marie occupe une place centrale dans la tradition de l’Église Mère de Jérusalem. Ces textes, issus d’un prototype primitif, éclairent la richesse théologique et la continuité de la foi mariale jusqu’à l’émergence de la doctrine de l’Assomption.
Caractère judéo-chrétien des apocryphes de la Dormition.[1]
E Cothenet note l'influence du milieu judéo-chrétien sur certains écrits à partir de certains détails tels que :
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La veillée funèbre de trois jours.
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La nécessité du corps pour le voyage aux « séjours d’outre-tombe ».
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L’intercession de l’archange Michel pour les damnés.
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Les spéculations au sujet de l’arbre de vie.
Attention, E Cothenet se réfère au judéo-christianisme défini par J. Daniélou[2] : une réalité abstraite, et non pas une communauté historique.
Il est donc très discutable de dater des textes à partir de ces considérations.
Hypothèse d’un prototype judéo-chrétien à tous les apocryphes sur la Dormition[3]
Certains pensent que tous les évangiles apocryphes dépendent d’un prototype, d’un premier document judéo-chrétien écrit aux environs du second siècle dans le milieu de l’Église Mère de Jérusalem. Le tissu du texte primitif est attribué, depuis l’antiquité, à Lucius Carinus (= Leucio), disciple et collaborateur de Jean l’évangéliste.
Ce prototype demeura propriété exclusive de la communauté judéo-chrétienne jusqu’au V° siècle, époque où les sanctuaires et les œuvres littéraires des judéo-chrétiens passèrent à l’Église des gentils (chrétiens d’origine païenne).
À partir du V° siècle, les pères de l’Église commencèrent à parler de l’Assomption, et le prototype a été adapté par les églises qui l’adoptaient en donnant lieu à plusieurs récits.
[1] S. Mimouni, Dormition et Assomption de Marie. Histoire des traditions anciennes, Paris, Beauchesne, 1995, p. 85
[2] J. Daniélou, Théologie du judéo-christianisme, Tournai 1958
[3] Pia COMPAGNONI, La tombe de Marie, dans « La terre », N° 589 (72° année), mai-juin 2007, p. 48-49
Synthèse F. Breynaert