Le travail du dimanche en France en 1846 (année des apparitions à la Salette)
L’apparition de Notre-Dame de La Salette en 1846 invite à redécouvrir la valeur sacrée du dimanche, soulignant combien le refus de ce repos dominical pèse sur le bras de son Fils et appelle à une conversion profonde. Ce message prophétique éclaire les défis sociaux de l’époque industrielle, où la dignité de l’ouvrier et le respect du temps consacré à Dieu sont mis à rude épreuve, annonçant ainsi la doctrine sociale de l’Église.
Le 19 septembre 1846, l'apparition de la Salette dit :
« Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième et on ne veut pas me l'accorder. C'est ça qui appesantit tant le bras de mon Fils. »
Et après d'autres paroles elle dit :
« vous le ferez passer à tout le peuple ».
Si le respect du dimanche était encore possible pour les cultivateurs de cet endroit, le message était plus difficile à mettre en application par les ouvriers en cette cruelle époque de la révolution industrielle. Ainsi, le message de la Salette devance ce qui deviendra progressivement la doctrine sociale de l'Église.
Les ouvriers contraints de travailler le dimanche.
Peu avant les apparitions, certains évêques français avaient vigoureusement rappelé la dignité de l'ouvrier et le devoir de lui permettre un repos dominical :
« Qu'est-ce que l'homme pour la cupidité ? Rien autre chose qu'une machine qui fonctionne, une roue qui accélère le mouvement, un levier qui soulève, un marteau qui brise la pierre, une enclume qui façonne le fer. Qu'est-ce que le jeune enfant ? Elle n'y voit qu'une pièce d'engrenage qui n'a pas encore toute sa puissance. Voilà à ces yeux toute la dignité de la nature humaine...
Le dimanche, vous ne souffrez pas d'interruption dans les travaux publics : il faut que les maisons s'élèvent, que les canaux se creusent, que les machines fonctionnent. La religion vous crie : Mais les forces de l'ouvrier s'épuisent ! Vos entrailles ne sont point émues. Mais les fatigues abrutissent son âme et abrègent son existence ! Vous ne savez que répondre : il vous faut des produits et de l'argent. Mais l'enfance se flétrie ! Un enfant descendu vers la tombe, un autre prendra sa place à l'atelier. Il faut que vos trésors s'accumulent et que les commandes soient prêtes ! Ce sont là toutes vos excuses. »[1]
Les banlieues ouvrières sans églises.[2]
En France, pendant le concordat (signé par Napoléon en 1801, ce concordat prit fin en 1905), les immenses banlieues ouvrières se constituèrent, délaissées par le clergé, faute d'autorisation ! Le clergé était souvent impuissant, les évêques étaient séparés entre eux, et aucune concertation, même à l'échelon diocésain, ne pouvait avoir lieu. La correspondance n'était même pas sûre. Certains évêques écrivaient avec du lait (le texte apparaissait en chauffant la lettre) !
[1] Mgr DE BONALD, archevêque de Lyon, mandement de carême 1842. Cité par Paul CHRISTOPHE, L'Église dans l'histoire des hommes, Droguet Ardent, Paris 1983 ? p. 427.
[2] Extrait de Paul CHRISTOPHE, L'Église dans l'histoire des hommes, Droguet Ardent, Paris 1983, p. 348-350.
Synthèse F. Breynaert