La polyphonie (Ars antica et Ars nova)

La richesse de la musique polyphonique médiévale révèle une profonde dévotion mariale, où des compositeurs tels que Guillaume de Machault, Josquin Des Prés ou Guillaume Dufay ont élevé la louange à la Vierge Marie à travers des œuvres d’une grande beauté spirituelle et théologique, témoignant de l’importance centrale de Marie dans la prière et la liturgie chrétiennes. Ce parcours musical, de l’Ars antica à l’Ars nova, illustre comment la foi s’exprime et s’enrichit par le chant, invitant à contempler Marie comme source d’inspiration et de grâce.


Il est inné d’accompagner le chant : d’abord par des percussions, puis par un bourdon (une note tenue pendant tout le chant), puis par un accord, et, vers la fin du premier millénaire, par un mouvement de plusieurs voix.

En outre, la notation musicale devient plus claire à partir de la fin du XI° siècle.

Ars antica

Les formes musicales de l’Ars antica sont :

Les premières compositions, avec deux voix à intervalles superposés, s’appellent « organum ».

Le « conductus » (à deux ou, rarement à trois voix) est la chanson avec des refrains (héritée de la chanson de geste).

Le « Mottetto » semble tirer son nom du français « mot », c’est une composition où le texte a une grande importance. Il se chante à 3 ou 4 voix.

D’un point de vue marial, nous pouvons donner ces exemples :

Gautier de Coinci a composé, entre 1214 et 1233, « Les chansons à la Vierge », dans la langue d’Oil, en s’inspirant de sa narration « les miracles de Notre Dame ».

Peu après, au XIII° siècle, Rutebeuf s’en inspire.

Ars nova

La polyphonie devient plus riche dans sa forme, dans son langage, dans ses moyens. Cet art atteint des sommets avec les messes chantées.

D’un point de vue marial, nous pouvons donner ces exemples :

Guillaume de Machault (1300-1377),

  • Introit au Mottetto « Felix Virgo inviolata »[1]

  • « La messe de Notre Dame » qui est le premier exemple de messe chantée en polyphonie.

  • Et les musiques mariales : Felix Virgo - Inviolata Genitrix - Ad te suspiramus.

En Angleterre :

Lionel Power (Canterbury 1445) : Salve regina - Sancta Parens - Quam pulchra es - Mater ora Filium.

Dunstable John (1380-1453).

Et surtout :

Guillaume Dufay (1400-1474). Prêtre et chanoine flamand, il s’intéressait aussi beaucoup aux formes de la musique profane (ballades, rondeaux, virelais). Pour la Vierge Marie, il a composé « Ave Regina Coelorum ».

Josquin Des Prés (1450-1521). C’est l’un des plus grands compositeurs de tous les temps. Il a fréquenté les centres musicaux les plus prestigieux (dôme de Milan ; cours de Ferrara ; chapelle de Louis XII, chapelle papale...).

Digne d’attention est son « Ave Maria » à quatre voix, riche d’accents de sincère piété et offrant un texte de très grande beauté.

Il composa aussi :

- Missus Gabriel Angelus ad Mariam - Magnificat - Quando natus es de Maria - Ave Maria - Stabat mater - Resurrexist sicut dixit - Salve regina misericordiae - Ora pro nobis - Etc.

En Espagne, signalons le Codex musical de Las Huelgas (XIII° - XIV° siècle).

En Allemagne, Lochamer Liederbuch (1442-1460) témoigne de l’importance du chant polyphonique.


[1] Storia della musica di Oxford - vol III, p. 25

cf. Pellegrino Santuci, La Madonna nella musica, cappella musicale D. Maria dei Servi, Bologna, 1981. Vol I, p. 173-286


F. Breynaert

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