La plénitude des temps selon saint Jean-Paul II (1987)

Marie, Mère du Rédempteur, occupe une place unique dans le mystère du salut, car en elle s’accomplit la plénitude du temps où Dieu a envoyé son Fils pour racheter l’humanité ; par son « oui » fidèle, elle devient le modèle vivant de la nouvelle Alliance et le commencement spirituel de l’Église.


« LA MÈRE DU RÉDEMPTEUR a une place bien définie dans le plan du salut, parce que :

« Quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme, né sujet de la Loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l’adoption filiale. Et la preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père ! »

(Ga 4, 4-6)

Par ces paroles de l’Apôtre Paul, que le Concile Vatican II reprend au début de son exposé sur la Bienheureuse Vierge Marie, je voudrais, moi aussi, commencer ma réflexion sur le sens du rôle qu’a Marie dans le mystère du Christ et sur sa présence active et exemplaire dans la vie de l’Église.

En effet, ces paroles proclament conjointement l’amour du Père, la mission du Fils, le don de l’Esprit, la femme qui a donné naissance au Rédempteur, notre filiation divine, dans le mystère de la « plénitude du temps ».

Le mystère de la plénitude du temps

Cette plénitude détermine le moment fixé de toute éternité où le Père envoya son Fils « afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16).

Elle désigne l’heureux moment où « le Verbe qui était avec Dieu, ... s’est fait chair et a habité parmi nous » (Jn 1,1.14), se faisant notre frère. Elle marque le moment où l’Esprit, qui avait déjà répandu en Marie de Nazareth la plénitude de la grâce, forma en son sein virginal la nature humaine du Christ.

Elle indique le moment où, par l’entrée de l’éternité dans le temps, le temps lui-même est sauvé et, pénétré par le mystère du Christ, devient définitivement le « temps du salut ».

Enfin, elle désigne le début secret du cheminement de l’Église. Dans la liturgie, en effet, l’Église acclame Marie de Nazareth comme son commencement parce que, dans l’événement de la conception immaculée, elle voit s’appliquer, par anticipation dans le plus noble de ses membres, la grâce salvifique de la Pâque, et surtout parce que dans l’événement de l’Incarnation elle trouve le Christ et Marie indissolublement associés : celui qui est son Seigneur et sa Tête et celle qui, en prononçant le premier fiat de la Nouvelle Alliance, préfigure sa condition d’épouse et de mère. »


(Pape Jean Paul II, lettre encyclique Redemptoris Mater §1)

Précédent
Tous
Suivant