La réponse de Jésus (Jn 2, 4)

La réponse de Jésus à sa mère, « Quoi à moi et à toi ? », révèle un profond accord entre eux, exprimant en termes sémitiques une complicité spirituelle plutôt qu’un désaccord. Ce dialogue souligne la pleine communion entre Marie et son Fils dans le mystère de l’heure divine qui s’accomplit, invitant à méditer sur la confiance et l’obéissance qui unissent la Vierge à la mission salvifique du Christ.


Littéralement traduite, la réponse du Maître à la demande de sa mère est : « Quoi à moi et à toi ? Mon heure n'est pas encore venue ». [...]

Cette expression constitue un hébraïsme, dont on rencontre un certain nombre d'exemples dans l'Ancien et dans le Nouveau Testament. Comme c'est le cas ordinaire pour tous les idiotismes, elle ne peut se rendre exactement par aucune phrase exprimant toutes les nuances de pensée et de sentiment de l'original. Entre « à moi » et « à toi » un mot est sous-entendu.

Dans les langues classiques, on est porté à sous-entendre le mot « commun » : qu'y a-t-il de commun entre moi et toi ? La locution indiquerait un désaccord plus ou moins prononcé et Jésus semblerait signifier de ne pas s'occuper de l'affaire.

Mais dans les langues sémitiques - hébreu, araméen, arabe - les mots « quoi à moi et à toi ? » signifient : « Qu'y a-t-il entre moi et toi ? » Réponse : rien ; c'est-à-dire, nous sommes du même sentiment, nous sommes d'accord ; nous avons les mêmes vues ou intérêts. [...] Rien de plus fréquent de nos jours encore, en pays arabe, d'entendre des indigènes répondre à une demande : "Ma lèch ?" Quoi à toi ? C'est-à-dire "D'accord ! Volontiers !"

À la prière implicite de sa Mère, Jésus répond par le même acquiescement : « Oui, volontiers, nous sommes d'accord ». [...] « Mon heure n'est-elle pas encore venue » [...]

On trouve de fait cette interprétation chez plusieurs anciens, Tatien (IIᵉ siècle), saint Ephrem et saint Grégoire de Nysse (IVᵉ siècle), et elle a été reprise par quelques modernes parmi les catholiques [...] L'heure était donc venue pour lui de montrer par quelque fait extraordinaire qu'il était vraiment l'envoyé de Dieu et de confirmer la foi de ses compagnons. « Quoi à moi et à toi ? [...] Nous sommes d'accord. Mon heure n'est-elle pas encore venue ? »


Emile Neubert, Vie de Marie, Mulhouse, Salvator, 1936, pp. 138-145.

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