La maternité divine, fondement de la vénération envers Marie

La maternité divine de Marie, fondement de la piété mariale depuis les premiers siècles, révèle son rôle unique et essentiel dans le mystère de l’Incarnation et du Salut, où elle coopère librement et pleinement à l’œuvre rédemptrice du Christ. En tant que Mère du Verbe fait chair, Marie incarne la rencontre profonde entre Dieu et l’homme, témoignant d’un amour divin qui éclaire et accomplit les promesses messianiques.


Depuis les premiers siècles, le premier fondement de la vénération envers Marie de Nazareth est sa maternité divine. La piété mariale est d’abord la reconnaissance de « l’immense charge et dignité d’être la Mère du Fils de Dieu » (Vatican II, LG 53).

La maternité de Marie est messianique

On attendait le Messie, sans savoir encore qui il serait, prêtre, prophète et roi… On lisait l’Écriture, et avec l’événement de l’Incarnation s’éclairent et s’accomplissent les prophéties, Gn 3,15, Is 7,14, qui annonçaient donc la maternité de Marie.

« Avec elle, la fille de Sion par excellence, après la longue attente de la promesse, s’accomplissent les temps et s’instaure l’économie nouvelle, lorsque le Fils de Dieu prit d’elle la nature humaine pour libérer l’homme du péché par les mystères de sa chair. »

(Vatican II, Lumen Gentium 55)

« Le Père des miséricordes a voulu que l’Incarnation fût précédée par une acceptation de la part de cette Mère prédestinée, en sorte que, une femme ayant contribué à l’œuvre de mort, de même une femme contribuât aussi à la vie. »

(Vatican II, Lumen Gentium 56)

Le terme « Prédestinée » n’a aucun rapport avec les débats des XVIIe et XVIIIe siècles sur la prédestination au paradis ou à l’enfer. L’interprétation correcte de ce terme, emprunté à l’hymne aux Éphésiens, est de voir, comme le dit la suite du texte, qu’il célèbre le dessein de Dieu car il est impossible de penser à l’Incarnation du Verbe (qui fait partie du dessein éternel de Dieu) sans penser à sa Mère :

« La bienheureuse Vierge, prédestinée de toute éternité, à l’intérieur du dessein d’incarnation du Verbe, pour être la Mère de Dieu, fut sur la terre, en vertu d’une disposition de la Providence divine, la vénérable Mère du divin Rédempteur, généreusement associée à son œuvre à un titre absolument unique, humble servante du Seigneur. »

(Vatican II, Lumen Gentium 61)

La maternité divine est en vue du Salut

Le Verbe incarné est le Sauveur. La maternité divine est en vue du salut et associe Marie au salut :

« En concevant le Christ, en le mettant au monde, en le nourrissant, en le présentant dans le Temple à son Père, en souffrant avec son Fils qui mourrait sur la croix, elle apporta à l’œuvre du Sauveur une coopération absolument sans pareille par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C’est pourquoi elle est devenue pour nous, dans l’Ordre de la grâce, notre Mère. »

(Vatican II, Lumen Gentium 61)

C’est une maternité virginale

Elle inclut le rôle de Joseph, homme juste qui comprend l’intervention de Dieu. Cette maternité virginale est un fait. Et ce fait a une grande signification : Dieu est transcendant, le Christ est né non pas de la volonté de la chair mais de Dieu.

Mais comme pour le fait de la Résurrection, on peut trouver des arguments importants qui le soutiennent sans toutefois pouvoir le démontrer ; ce sont des faits révélés.

« Cette union de la Mère avec son Fils dans l’œuvre du salut est manifeste dès l’heure de la conception virginale du Christ jusqu’à sa mort ; et d’abord quand Marie, partant en hâte pour visiter Élisabeth, est saluée par celle-ci du nom de bienheureuse pour avoir cru au salut promis, tandis que le Précurseur tressaillait au sein de sa mère (cf. Lc 1,41-45) ; lors de la Nativité ensuite, quand la Mère de Dieu présenta dans la joie aux pasteurs et aux mages son Fils premier-né, dont la naissance était non la perte mais la consécration de son intégrité virginale. »

(Vatican II, Lumen Gentium 57)

C’est une humanité humaine, non pas dans un sens qui s’opposerait à la maternité virginale, mais pour souligner que la chair du Christ est une vraie chair.

C’est une maternité libre et responsable

« Marie, fille d’Adam, donnant à la parole de Dieu son consentement, devient Mère de Jésus et, épousant à plein cœur, sans que nul péché ne la retienne, la volonté divine de salut, se livra elle-même intégralement, comme la servante du Seigneur, à la personne et à l’œuvre de son Fils, pour servir, dans sa dépendance et avec lui, par la grâce du Dieu tout-puissant au mystère de la Rédemption. C’est donc à juste titre que les saints Pères considèrent Marie comme apportant au salut des hommes non pas simplement la coopération d’un instrument passif aux mains de Dieu, mais la liberté de sa foi et de son obéissance. »

(Vatican II, Lumen Gentium 56)

C’est une maternité sponsale

Marie est l’épouse du Verbe, et en la regardant, l’Église apprend aussi à être épouse du Verbe :

« En se recueillant avec piété dans la pensée de Marie, qu’elle contemple dans la lumière du Verbe fait homme, l’Église pénètre avec respect plus avant dans le mystère suprême de l’Incarnation et devient sans cesse plus conforme à son Époux. »

(Vatican II, Lumen Gentium 65)

C’est une maternité qui révèle la Trinité

En elle s’incarne le Fils unique de Dieu le Père, par l’opération de l’Esprit Saint.

C’est une maternité eschatologique

Cette maternité fait d’elle la nouvelle Ève (Lumen Gentium 56), à côté du nouveau Adam, portant à son accomplissement eschatologique le dessein du créateur.

C’est une maternité singulière

Au pied de la croix, c’est le Fils qui dit à la mère « voici ton fils » et au disciple « voici ta mère » : la maternité de Marie se dilate.

« En concevant le Christ, en le mettant au monde, en le nourrissant, en le présentant dans le Temple à son Père, en souffrant avec son Fils qui mourrait sur la croix, elle apporta à l’œuvre du Sauveur une coopération absolument sans pareille par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C’est pourquoi elle est devenue pour nous, dans l’Ordre de la grâce, notre Mère.»

(Vatican II, Lumen Gentium 61)

... La maternité de Marie est unique...

Nous pouvons poursuivre notre contemplation :

  • La maternité divine est l’expression la plus haute de l’amour de Dieu pour la Vierge Marie.

  • La maternité divine exprime le lien le plus profond entre Marie de Nazareth et le Verbe incarné et même entre Marie et le Père et l’Esprit Saint (en ce sens, bien qu’elle ne fasse pas partie de la Trinité, elle appartient à « l’ordre hypostatique », c’est-à-dire qu’elle a un lien personnel avec chaque personne de la Trinité).

Ceci dit, il y a une différence essentielle entre l’adoration due à Dieu et la vénération envers Marie :

  • La maternité divine exprime la totalité de l’être et la mission de Marie ; elle explique ses privilèges et ses fonctions ;

  • La maternité divine est l’espace de la rencontre maximale entre Dieu et l’homme, de la nouvelle création en son maximum ;

  • La Vierge Marie est la "bienheureuse"... par le fait qu’elle est la mère de Dieu !

Telle est la thèse thomiste qui est sur ce point très simple :

« L’humanité du Christ, du fait qu’elle est unie à Dieu ; la béatitude créée, du fait qu’elle est jouissance de Dieu ; et la bienheureuse Vierge, du fait qu’elle est Mère de Dieu, ont en quelque sorte une dignité infinie, dérivée du bien infini qu’est Dieu.

Sous ce rapport rien ne peut être fait de meilleur qu’eux, comme rien ne peut être meilleur que Dieu. »

(Saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique, I Qu.25 a. 6 ad 4.)


Françoise Breynaert

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