Justice et grâce (Benoît XVI)
Le Jugement final, loin d’être une image terrifiante, se révèle avant tout comme une source profonde d’espérance, où la justice divine, créée par Dieu, s’allie à la grâce manifestée en Christ crucifié et ressuscité. Cette vision mariale nous invite à accueillir avec responsabilité cette justice pleine d’amour, qui ne gomme pas le mal mais ouvre à la véritable rédemption.
Seul Dieu peut créer la justice. Et la foi nous donne la certitude qu’Il le fait.
L’image du Jugement final est en premier lieu non pas une image terrifiante, mais une image d’espérance ; pour nous peut-être même l’image décisive de l’espérance. Mais n’est-ce pas aussi une image de crainte ? Je dirais : c’est une image qui appelle à la responsabilité.
Une image, donc, de cette crainte dont saint Hilaire dit que chacune de nos craintes a sa place dans l’amour. Dieu est justice et crée la justice. C’est cela notre consolation et notre espérance.
Mais dans sa justice il y a aussi en même temps la grâce. Nous le savons en tournant notre regard vers le Christ crucifié et ressuscité. Justice et grâce doivent toutes les deux être vues dans leur juste relation intérieure.
La grâce n’exclut pas la justice. Elle ne change pas le tort en droit. Ce n’est pas une éponge qui efface tout, de sorte que tout ce qui s’est fait sur la terre finisse par avoir toujours la même valeur.
Par exemple, dans son roman « Les frères Karamazov », Dostoïevski a protesté avec raison contre une telle typologie du ciel et de la grâce. À la fin, au banquet éternel, les méchants ne siégeront pas indistinctement à table à côté des victimes, comme si rien ne s’était passé.
Benoît XVI, encyclique Spe Salvi §44.