Nous croyons à l'Eglise (Paul VI)

L’Église, fondée par le Christ sur Pierre, est le Corps mystique vivant où se déploie la grâce du Saint-Esprit, appelant chaque fidèle à la sanctification et à l’unité dans la foi. Marie, en tant que Mère de l’Église, éclaire ce mystère d’unité et de salut, guidant le peuple de Dieu vers l’accomplissement du Royaume.


Nous croyons à l’Église une, catholique et apostolique, édifiée par Jésus-Christ sur cette pierre qui est Pierre.

Elle est le Corps mystique du Christ, à la fois société visible instituée avec des organes hiérarchiques et communauté spirituelle, l’Église terrestre ; Elle est le peuple de Dieu pèlerinant ici-bas et l’Église comblée des biens célestes ; Elle est le germe et les prémices du Royaume de Dieu, par lequel se continuent, au long de l’histoire humaine, l’œuvre et les douleurs de la Rédemption et qui aspire à son accomplissement parfait au-delà du temps dans la gloire (19).

Au cours du temps, le Seigneur Jésus forme son Église par les sacrements qui émanent de sa plénitude (20). C’est par eux qu’elle rend ses membres participants au mystère de la mort et de la résurrection du Christ, dans la grâce du Saint-Esprit qui lui donne vie et action (21). Elle est donc, tout en comprenant en son sein des pécheurs, parce qu’elle n’a elle-même d’autre vie que celle de la grâce : c’est en vivant de sa vie que ses membres se sanctifient ; c’est en se soustrayant à sa vie qu’ils tombent dans les péchés et les désordres qui empêchent le rayonnement de sa sainteté. C’est pourquoi elle souffre et fait pénitence pour ces fautes, dont elle a le pouvoir de guérir ses enfants par le sang du Christ et le don de l’Esprit-Saint.

Héritière des divines promesses et fille d’Abraham selon l’Esprit, par cet Israël dont elle garde avec amour les Écritures et dont elle vénère les patriarches et les prophètes ; fondée sur les apôtres et transmettant de siècle en siècle leur parole toujours vivante et leurs pouvoirs de pasteurs dans le successeur de Pierre et les évêques en communion avec lui ; perpétuellement assistée par le Saint-Esprit, elle a charge de garder, enseigner, expliquer et répandre la vérité que Dieu a révélée d’une manière encore voilée par les prophètes et pleinement par le Seigneur Jésus.

Nous croyons tout ce qui est contenu dans la parole de Dieu, écrite ou transmise, et que l’Église propose à croire comme divinement révélé, soit par un jugement solennel, soit par le magistère ordinaire et universel (22). Nous croyons à l’infaillibilité dont jouit le successeur de Pierre quand il enseigne ex cathedra comme pasteur et docteur de tous les fidèles (23), et dont est assuré aussi le corps des évêques lorsqu’il exerce avec lui le magistère suprême (24).

Nous croyons que l’Église, fondée par Jésus-Christ et pour laquelle il a prié, est indéfectiblement une dans la foi, le culte et le lien de la communion hiérarchique (25). Au soin de cette Église, la riche variété des rites liturgiques et la légitime diversité des patrimoines théologiques et spirituels et des disciplines particulières, loin de nuire à son unité, la manifestent davantage (26).

Reconnaissant aussi l’existence, en dehors de l’organisme de l’Église du Christ, de nombreux éléments de vérité et de sanctification qui lui appartiennent en propre et tendent à l’unité catholique (27), et croyant à l’action du Saint-Esprit qui suscite au cœur des disciples du Christ l’amour de cette unité (28), nous avons l’espérance que les chrétiens qui ne sont pas encore dans la pleine communion de l’unique Église se réuniront un jour en un seul troupeau avec un seul pasteur.

Nous croyons que l’Église est nécessaire au Salut, car le Christ, qui est seul Médiateur et voie de salut, se rend présent pour nous dans son Corps qui est l’Église (29). Mais le dessein divin du Salut embrasse tous les hommes ; et ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent Dieu sincèrement et, sous l’influence de la grâce, s’efforcent d’accomplir sa volonté reconnue par les injonctions de leur conscience, ceux-là, en un nombre que Dieu seul connaît, peuvent obtenir le salut (30).

(19) Cf. concile Vatican II, constitution Lumen Gentium, n° 8 et 5 (AAS, LVII, 1965, p. 11-12 et 7-8).

(20) Cf. concile Vatican II, constitution Lumen Gentium, n° 7 et 11 (AAS, LVII, 1965, p. 9-11 et 15-16).

(21) Cf. concile Vatican II, constitution Sacrosanctum Concilium, n° 5 et 6 (AAS, LVI, 1964, p. 99-100) ; constitution Lumen Gentium, n° 7, 12, 50 (AAS, LVII, 1965, p. 9-11, 16-17, 55-57).

(22) Cf. concile Vatican I, constitution Dei Filius (DS 3011).

(23) Cf. concile Vatican I, constitution Pastor aeternus (DS 3074).

(24) Cf. concile Vatican II, constitution Lumen Gentium, n° 25 (AAS, LVII, 1965, p. 29-31)

(25) Cf. concile Vatican II, constitution Lumen Gentium, n° 8, 18-23 (AAS, LVII, 1965, p. 11-12, 21-29) ; décret Unitatis redintegratio, n° 2 (AAS, LVII, 1965, p. 91-92).

(26) Cf. concile Vatican II, constitution Lumen Gentium, n° 23 (AAS, LVII, 1965, p. 27-29) ; décret Orientalium Ecclesiarum, n° 2, 3, 5, 6 (AAS, LVII, 1965, p. 76, 77, 78).

(27) Cf. concile Vatican II, constitution Lumen Gentium, n° 8 (AAS, LVII, 1965, p. 11-12).

(28) Cf. concile Vatican II, constitution Lumen Gentium, n° 15 (AAS, LVII, 1965, p. 19-20).

(29) Cf. concile Vatican II, constitution Lumen Gentium, n° 14 (AAS, LVII, 1965, p. 18-19).

(30) Cf. concile Vatican II, constitution Lumen Gentium, n° 16 (AAS, LVII, 1965, p. 20).


Paul VI,

Profession de Foi (extraits) le 30 juin 1968

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