Mère immaculée (N. Nissiotis, 1983)
Marie, à la fois pécheresse repentie et Mère immaculée de Dieu, incarne le mystère profond de la sanctification de l’humanité : en elle se réalise la tension entre la solidarité avec le péché originel et la vocation à la grâce, révélant ainsi la dynamique de rédemption offerte par le Verbe incarné. Ce paradoxe, souligné par la tradition orthodoxe, invite à contempler Marie comme modèle unique de l’humanité restaurée dans la communion des saints.
Nikos Nissiotis , théologien orthodoxe, explique :
La conception immaculée peut être seulement objet de louange, mais ne peut pas devenir un dogme. Ce qui est peccamineux devient inactif, pendant que le péché originel reste avec Marie en tant qu’être humain. Comme pécheresse repentie elle est purifiée pour pouvoir devenir la Mère de Dieu, bien qu’elle reste solidaire avec toute l’humanité devant Dieu, en préfigurant le fait que le Verbe prendra sur soi le péché du monde, puisque "Dieu l’a fait péché" (2 Co 5, 21), sans cependant qu’il devînt pécheur.
L’identité avec l’humanité pécheresse est garantie, mais la vocation immaculée dans la nouvelle réalité humaine réintégrée dans la grâce est aussi affirmée et rendue active.
Les orthodoxes orientaux louent la Theotokos comme vierge et mère immaculée (aspilos), sans cependant l’exempter dogmatiquement du péché originel.
C’est dans ce paradoxe qu’il faut comprendre le mystère de la sanctification de toute l’humanité pécheresse demeure, comme processus dialectique du pécheur repenti et sanctifié.
Marie représente de manière exceptionnelle, unique, dans sa personne, l’archétype de tous les êtres humains en même temps pécheurs et en même temps restaurés par et dans la communion des saints.
Théologien orthodoxe, observateur au concile Vatican II
[Cf. « concilium » 19 [1983] n° 8, 66-91]
G. Gharib e E. Toniolo (ed) Testi mariani del secondo Millennio.
I Autori orientali, Città nuova Roma 2008, p.812-831