Marie protège l'église d'Atrîb au IX° siècle (Egypte)
Dans une manifestation miraculeuse à Bagdad, la Vierge Marie intervient avec autorité pour protéger les églises d’Égypte menacées de destruction, témoignant ainsi de sa puissance maternelle et de son rôle de gardienne de la foi chrétienne. Cette apparition, profondément enracinée dans la tradition copte et éthiopienne, révèle la force de la prière et la protection divine accordée à son peuple.
Les traditions de l’Église copte rapportent l’histoire d’une manifestation miraculeuse de la Vierge à Bagdad sous le règne du calife abbasside Al-Ma’moun, qui a régné de 813 à 833.
Cette histoire, très connue en Éthiopie par le truchement du Livre des miracles de Marie, concerne en fait principalement l’Église de la Vierge à Atrîb, ville du Delta.
Le calife avait envoyé un émir en Égypte en lui enjoignant de persécuter les chrétiens et de détruire toutes les églises.
Arrivé à Atrîb, l’émir fut frappé par la beauté incroyable de l’icône de Marie qu’on vénérait dans l’église principale de la cité.
Le prêtre du sanctuaire, Petros, en profita pour le supplier de retarder pendant trois jours la destruction de l’église, le temps de contacter le calife à Bagdad afin que celui-ci revienne sur ses ordres. En cas de non-respect du délai, le prêtre promit en outre de verser une forte somme d’argent à l’émir, qui accepta volontiers la proposition, car il savait que le voyage aller et retour vers Bagdad prenait au minimum trois mois. Le prêtre et ses paroissiens se retranchèrent dans l’église et prièrent la Vierge avec ferveur.
Pendant ce temps, dans son palais de Bagdad, le calife Al-Ma’moun fut témoin, deux nuits consécutives, de l’apparition d’une lumière angélique qui, en l’apostrophant, se révéla être Notre-Dame :
« De quelle autorité, lui dit-Elle, oses-tu détruire mes églises en Égypte et tout particulièrement l’église d’Atrîb ?
Je t’ordonne de révoquer ton édit ! »
Ne sachant comment envoyer l’édit de révocation vers la lointaine Égypte avant que la destruction n’ait eu lieu, le calife se trouva fort désemparé, mais Marie lui dit de ne pas s’en faire pour cela et de préparer le document. Une colombe apparut alors, au cou de laquelle fut lié le décret de révocation, et elle le transporta en Égypte ; il parvint à l’émir dans le terme des trois jours prévu par son accord avec le père Petros.
L’église d’Atrîb et toutes les autres églises d’Égypte furent ainsi sauvées.
Sources :
G. Giamberardini, « Il culto mariano in Egitto II », Pubblicazioni dello Studium Biblicum Franciscanum. Analecta 7, 2e éd., Jérusalem, 1974, 147-148.
Christian Cannuyer, « Bagdad », dans : René Laurentin et Patrick Sbalchiero, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007.