Convertie par l’anneau
En 2016, Sonia Drapeau, mère de famille et athée, se rend à une réunion au Puy du Fou, où elle est bénévole. C’est là qu’elle a l’occasion de voir en privé l’anneau de Jeanne d’Arc, tout juste rapporté d’Angleterre par Nicolas de Villiers, qui vient de l’acquérir . En le touchant, elle vit une expérience bouleversante : une chaleur intense et un amour infini l’envahissent. Persuadée d’avoir rencontré le divin, elle entame aussitôt un chemin de foi. Soutenue par son mari et par un prêtre, elle se prépare aux sacrements. Sa conversion entraîne ensuite, de façon inattendue, celle des membres de sa famille. Depuis, elle témoigne publiquement de « l’irruption » de Dieu dans sa vie par le biais de cet anneau.
Les raisons d'y croire
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Ce qu'il s’est passé lorsqu'elle a touché l'anneau est un bouleversement totalement imprévisible. Sonia, bien que baptisée à la naissance, est une athée convaincue, sans recherche spirituelle particulière. Sa conversion soudaine et profonde est difficile à expliquer par des causes purement psychologiques.
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Sonia Drapeau témoigne avec précision de ce qu’elle a vécu, et elle décrit très concrètement son ressenti (chaleur, amour infini). Elle se trouve instantanément transformée par une expérience intérieure qu’elle n’attribue pas à elle-même. Elle est la première surprise par ce qui lui arrive, puisqu’elle n’attendait rien de ce contact avec l’anneau, sinon de satisfaire une simple curiosité historique : son geste est totalement dénué d’une quelconque dévotion.
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Juste après ce qu’elle appelle sa « révélation », Sonia Drapeau quitte la réunion, sonnée, sans rien dire de ce qu’elle vient d’éprouver, inquiète de faire un malaise ou de sombrer dans la folie. Arrivée chez elle, elle retrouve son mari, qui voit tout de suite « quelque chose de changé dans son regard ». Après le récit de son épouse, il s’exclame : « Toi qui es athée, jamais tu n’aurais pu inventer un truc pareil ! »
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Le soir même, Sonia Drapeau, fidèle à son esprit cartésien, ne veut pas accorder trop d’importance à son expérience et tente de rationaliser : sans doute est-elle fatiguée, sans doute a-t-elle tout imaginé ; elle aura certainement tout oublié le lendemain et elle passera à autre chose. Elle a peur de passer pour une illuminée et de susciter la moquerie. Mais, le lendemain, le « feu intérieur » est toujours là, signe qu’elle n’a pas rêvé.
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Cette expérience ne peut pas être assimilée à une émotion passagère, car ses fruits sont visibles et pérennes : sa vie a changé durablement et sa famille a été touchée à son tour. On voit mal comment une telle transformation aurait pu avoir lieu sans une action extérieure puissante, autrement dit sans l’action de Dieu.
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L’anneau de Jeanne d’Arc, authentique ou non, a servi de médiation. Cet événement entre donc dans la grande tradition catholique du culte des reliques : Dieu peut agir en passant par la matérialité d’un objet qui est une sorte de pont entre Ciel et terre. Il dispense ses grâces par ce moyen depuis les débuts du christianisme, et les récits de conversions miraculeuses de ce type traversent les siècles jusqu’à aujourd’hui.
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On pourrait objecter que Dieu n’a pas respecté la liberté de Sonia Drapeau en la saisissant ainsi sans qu’elle ait rien demandé. Pourtant, son témoignage complet montre à quel point elle a été libre vis-à-vis de cette expérience spirituelle : elle a eu plusieurs fois à choisir Dieu personnellement, à résister à la tentation de ne rien changer et de faire comme si cette proposition d’amour lui était inconnue… Elle a répondu oui à cet appel et, comme dans n’importe quelle histoire amoureuse, elle sait que c’est chaque jour qu’elle doit redire ce oui, librement.
En savoir plus
Le 4 mars 2016, un événement singulier attire l’attention au Puy du Fou, en Vendée : le retour en France de l’anneau attribué à Jeanne d’Arc, jusque-là conservé en Angleterre. Acquis lors d’une vente aux enchères dans des circonstances providentielles, il est rapporté en France par Nicolas de Villiers, qui, à peine atterri, se rend à une réunion de bénévoles du Puy du Fou. C’est lors de cette réunion qu’il va présenter l’anneau aux personnes présentes, dont Sonia Drapeau.
Sonia est alors une athée convaincue. Elle se définit comme éloignée de toute religion, indifférente aux pratiques spirituelles, voire réticente à l’idée même de foi. Jusqu’alors, rien dans sa vie ne la disposait à une expérience religieuse. Pourtant, ce 4 mars 2016, elle se trouve face à l’anneau de la Pucelle d’Orléans. Par curiosité, elle s’en approche et l’admire, consciente qu’elle vit un moment très important du point de vue historique. Mais il ne se passe rien de plus à ce moment-là. Retournée auprès d’un groupe d’amis, on lui demande si elle a pris en photo l’anneau. Comme ce n’est pas le cas, elle retourne dans la file d’attente afin de le photographier. C’est alors qu’une personne passe son bras au-dessus d’elle et touche l’anneau, ce qu’elle n’osait pas faire. Mais voyant que Nicolas de Villiers ne s’y oppose pas, elle décide de toucher à son tour l’anneau.
C’est à ce moment précis qu’elle vit une expérience bouleversante et inattendue. En posant ses doigts sur l’anneau, elle ressent une chaleur intense qui traverse son corps et, plus profondément encore, une irruption d’amour infini. Ce qu’elle perçoit dépasse l’ordre du sensible ordinaire : elle a la conviction, immédiate et irréversible, qu’elle rencontre une présence invisible, bienveillante et vivante : « Je suis saisie par un sentiment d’amour infini, merveilleux, indescriptible. » L’athée qu’elle était se trouve saisie par une certitude nouvelle : Dieu existe.
Ce basculement ne reste pas une simple émotion passagère. Dès ce soir-là, Sonia se met en route dans un chemin de foi. Elle se rapproche d’une amie très fervente et d’un prêtre pour être accompagnée. Elle entreprend progressivement une préparation aux sacrements de l’initiation chrétienne : elle redécouvre ce que signifie le baptême, se prépare à la confirmation et à la première communion. Son mari, témoin de ce bouleversement, l’encourage et la soutient dans ce parcours et voit la foi endormie de son épouse se réveiller.
Peu à peu, sa conversion personnelle produit des fruits inattendus autour d’elle. Les membres de sa famille, jusque-là également éloignés de la foi catholique, sont touchés. L’un après l’autre, parfois à travers des circonstances imprévisibles, ils connaissent eux aussi un chemin de retour ou de découverte de la foi. Ce rayonnement familial devient l’un des signes les plus frappants de la fécondité de son expérience. Citons l’exemple d’une de ses filles, qui, après avoir pourtant nié l’existence historique de Jeanne d’Arc et rechigné à se rendre à la présentation officielle de l’anneau dans la chapelle du Puy du Fou, vit elle aussi une expérience radicale en le regardant.
En 2023, Sonia Drapeau publie son témoignage sous le titre Convertie par l’anneau de Jehanne d’Arc. Dans ce livre, elle retrace avec précision le contexte de cette journée, la surprise radicale de son expérience, les résistances qu’elle a dû dépasser, mais aussi la joie profonde d’avoir découvert une relation personnelle avec Dieu. Elle y raconte également le cheminement de ses proches, ainsi que les étapes de leur entrée progressive dans la vie chrétienne.
Ce récit, largement relayé dans la presse chrétienne, a marqué de nombreux lecteurs par sa simplicité et sa force. Beaucoup y voient un signe de la manière dont Dieu se manifeste parfois à travers des médiations concrètes. Car, si l’authenticité historique de l’anneau de Jeanne d’Arc a été débattue, pour Sonia, la question est secondaire : ce n’est pas l’objet en lui-même qui l’a bouleversée, mais la grâce qui est passée à travers lui.
Sophie Stevenson, normalienne diplômée en histoire.
Aller plus loin
Sonia Drapeau, Convertie par l’anneau de Jehanne d’Arc, Salvator, 2023. Le récit couvre non seulement sa conversion mais aussi le cheminement de foi de toute sa famille et les joies et épreuves spirituelles qui ont suivi.
En complément
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Sur la chaîne YouTube Rassemblement à Son Image, le témoignage filmé de Sonia Drapeau, en 2021.
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L’article 1 000 raisons de croire : « Retour de l’anneau de Jeanne d’Arc en France : une affaire providentielle ».