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Les saints
Lucques et Rome (Italie)
Nº 766
1541 – 1609

Saint Jean Leonardi, au service du « Grand Médecin »

Saint Jean Leonardi (1541 – 1609), pharmacien de formation, devient prêtre en 1572 à Lucques (Toscane). Très marqué par l’élan de renouveau du concile de Trente de 1563, il s’emploie avec ferveur à la réforme du clergé et à la catéchèse du peuple, ce qui lui vaut de l’admiration, mais aussi des inimitiés. Il poursuit sa mission à Rome, fonde la congrégation des Clercs réguliers de la Mère de Dieu et collabore à la fondation de la Congrégation pour la propagation de la foi.


Les raisons d'y croire

  • Jean Leonardi exerce en tant que pharmacien jusqu’à l’âge de vingt-six ans. Cette première vocation au soin des corps s’élargit progressivement à une vocation au soin des âmes. Il ressent un appel intérieur profond et le désir vivre pour Dieu seul : il quitte donc tout pour devenir prêtre et se mettre au service des autres. Son regard de soignant est prolongé dans son approche spirituelle, convaincu que « la médecine de Dieu est Jésus-Christ... à la mesure de toutes choses ».

  • Sa vie témoigne de ce que provoque la rencontre avec le Christ, qui donne un nouveau sens à l’existence et réoriente tout, non pas pour répondre à une ambition personnelle, mais pour aimer et servir.

  • Jean Leonardi écrit : « Le Christ doit être le centre du cœur, de la bouche et de toutes les actions. » On comprend que pour lui Jésus n’est pas seulement un modèle moral, ou une idée, mais une présence vivante qui change tout son être. Il insiste sans cesse sur la centralité du Christ dans toute vie chrétienne, dans la prière, la mission, la réforme de l’Église et le témoignage du quotidien...

  • Il vit à une époque troublée par des tensions politiques et des divisions internes à l’Église. Ses tentatives de réforme spirituelle et de fondation d’un nouvel ordre religieux rencontrent de fortes résistances. Certains y voient une menace pour leur pouvoir ou leurs habitudes, et s’y opposent. De plus, son zèle missionnaire et sa popularité suscitent des jalousies. Malgré les oppositions, son expulsion de Lucques et les calomnies dont il est l’objet, il ne jette pas l’éponge, convaincu que la vérité du Christ ne peut être étouffée. Son courage paisible face à l’injustice est un témoignage puissant de la force de sa foi.

  • Pour lui, l’Évangile reste la réponse la plus juste aux blessures humaines et il déploie cette conviction non par la polémique, mais par le service, l’éducation et la prière.

  • À la fin de sa vie, lors d’une épidémie de peste à Rome, Jean Leonardi se met au service des malades, sans se soucier du risque pour lui-même. Il contracte la maladie et meurt le 9 octobre 1609. Il fait don de sa vie jusqu’au bout ; à travers ce geste de pur amour pour les plus faibles, le Christ se rend visible.

  • L’action bienfaisante de Jean Leonardi ne s’est pas arrêtée avec sa mort : de nombreux fidèles rapportent avoir reçu des grâces par son intercession. Plusieurs guérisons inexpliquées ont été vérifiées dans le cadre des procès ecclésiastiques (avec témoignages, preuves médicales, etc.), comme l’exige la procédure catholique pour la canonisation, et ont été reconnues comme miracles : celle de la gangrène de Francesco Maria Febei en 1712 ou de l’ulcère de Gennaro Nappi en 1832...


En savoir plus

Jean Leonardi naît en 1541 à Diecimo, près de Lucques (Toscane), dans une Italie marquée par les tensions religieuses de la Réforme protestante et la mise en œuvre du concile de Trente. Destiné initialement à la profession de pharmacien, il exerce ce métier plusieurs années tout en approfondissant sa vie spirituelle. À vingt-six ans, mû par une vocation sacerdotale tardive mais déterminée, il entre au séminaire et est ordonné prêtre en 1572.

Très vite, il se distingue par un zèle apostolique intense, en particulier auprès de la jeunesse et des malades. Il fonde à Lucques une association de laïcs appelée les « Fils de Marie », qui vise la réforme morale et spirituelle de la société par la catéchèse, la prière et l’assistance aux pauvres. Cette œuvre évolue rapidement vers la fondation, en 1574, de la congrégation des Clercs réguliers de la Mère de Dieu. Il milite activement pour la réforme de l’Église, dans l’esprit du concile de Trente.

Benoît XVI, au sujet de saint Jean Leonardi, explique : « C’est seulement de la fidélité au Christ que pourra jaillir un renouveau ecclésial authentique […]. Saint Jean Leonardi comprit que toute réforme doit se faire dans l’Église et jamais contre l’Église […]. Toute réforme doit, bien sûr, toucher aux structures, mais elle doit, d’abord, s’inscrire dans le cœur des croyants » (audience générale du 7 octobre 2009). L’engagement pour la réforme de l’Église de Jean Leonardi suscite l’admiration, mais aussi de fortes oppositions. À Lucques, ses projets sont entravés par des résistances locales, parfois internes à l’Église, et il est finalement expulsé de sa ville natale.

Il poursuit alors son œuvre à Rome, où il bénéficie du soutien de personnalités majeures, comme saint Philippe Néri, qui devient son père spirituel, ou le pape Clément VIII. Quand saint Philippe quitte Rome, Jean Leonardi installe sa communauté dans la maison que celui-ci lui a laissé. Il participe alors étroitement aux travaux de réforme ecclésiale engagés par la Curie romaine et collabore à la fondation de la Congrégation pour la propagation de la foi (Propaganda Fide), instituée plus tard officiellement en 1622. Cette institution formera des missionnaires pour l’Église universelle.

Dans ses dernières années, il s’engage activement dans le soin des malades lors d’une épidémie à Rome. C’est dans ce contexte qu’il contracte lui-même la maladie et meurt le 9 octobre 1609. Sa dépouille est vénérée dans l’église Santa Maria in Campitelli, où repose encore aujourd’hui son corps. Jean Leonardi est béatifié en 1861 et canonisé en 1938.

Solveig Parent


Au delà

En 2006, Benoît XVI l’a proposé comme patron des pharmaciens et modèle pour la formation sacerdotale.


Aller plus loin

La brève biographie du site Internet CodexDei.


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