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Les saints
Italie et Afrique
Nº 767
1831 – 1881

Daniel Comboni, missionnaire en Afrique, envoyé par Dieu

Dès l’enfance, le petit Daniel Comboni est fasciné par l’Afrique noire, continent alors encore largement fermé aux Européens et inexploré. Très pieux, il est surtout bouleversé à la pensée de toutes ces âmes qui ne connaîtront jamais le Christ. Aussi, quand il se sent appelé au sacerdoce, a-t-il la certitude que Dieu lui demande de se donner à cette mission que d'autres jugent ingrate. Bien que la tâche se révèle encore plus rude et difficile qu’il le supposait, Daniel va tout mettre en œuvre pour intéresser l’Église à l’évangélisation de l’Afrique centrale et envoyer là-bas des missionnaires.


Les raisons d'y croire

  • Daniel est le seul survivant des huit enfants qu’ont eus ses parents. À ce titre, tout le monde comprendrait qu’il soit prêtre dans son diocèse de Vérone pour pouvoir prendre soin de sa vieille mère. Mais, à peine ordonné, en 1854, le jeune homme de vingt-trois ans déclare à sa mère que sa vraie vocation et son seul rêve depuis l’enfance est de devenir missionnaire en Afrique. La signora Comboni, loin de s’opposer au désir de son dernier fils, lui répond : « Va où Dieu t’appelle. » Daniel Comboni et sa mère mettent Dieu à la première place, même si cela coûte, parce qu’ils savent que son appel conduit à la vraie vie.

  • Malgré le grand élan évangélisateur qui anime l’Église dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’Afrique attire peu de vocations missionnaires. L’espérance de vie d’un Blanc est de quatre ans en moyenne : les missionnaires succombent de fatigue, d’accident, de mauvaises conditions de vie, de maladies tropicales, ou assassinés, soit par les sorciers locaux experts en poisons et qui redoutent la « concurrence », soit par les marchands d’esclaves musulmans qui ne veulent pas que l’on se mêle de leur lucratif trafic d’êtres humains... Ces fins-là ne tentent pas grand monde. Ceux qui, comme Comboni, décident de partir ont donc abdiqué toute vanité mondaine, tout rêve de célébrité – serait-elle posthume – et se dévouent uniquement pour la gloire de Dieu, s’oubliant entièrement eux-mêmes. Il faut un vrai dévouement pour s’y donner.

  • Rapidement après son arrivée à Khartoum, en 1857, il voit mourir la plupart de ses camarades arrivés en même temps que lui. Ni cela, ni les échecs initiaux, ni la maladie ne le feront pas renoncer, au contraire. Sa confiance reste inébranlable jusque dans son agonie. Lorsqu'il meurt, le 10 octobre 1881, ses paroles « Je meurs mais mon œuvre, qui est de Dieu, ne mourra pas » reflètent une foi profonde en l’action du Christ au-delà des limites humaines. Son espérance ne sera pas déçue : la mission commencée par Daniel Comboni continue aujourd’hui à travers les Comboniens et Comboniennes présents sur plusieurs continents.

  • Comboni est un homme de prière. Il puise sa force dans sa relation personnelle avec le Christ, voyant en lui non seulement son maître et Seigneur, mais aussi un compagnon de mission. Cette intimité avec Jésus est un témoignage de la réalité vivante du Christ dans la vie des croyants.

  • Au cours d’un séjour à Rome, en 1864, alors qu’il prie dans la basilique Saint-Pierre, il a une « illumination ». Dieu lui souffle que la bonne solution est de « sauver l’Afrique par l’Afrique », autrement dit de laisser les Africains prendre l’évangélisation de leur continent en main. Il s’agit d’une idée révolutionnaire car, partout, la mise en place d’un clergé autochtone est très lente.

  • Cette approche est très en avance sur son temps et rencontre des réticences. Comboni suit néanmoins avec confiance l’intuition qu’il a reçue et choisit d’étendre la mission à toute l’Afrique centrale, même s’il n’a pour l’instant pas les ressources nécessaires. Il faut une grande certitude que l’idée lui a été soufflée par le Saint-Esprit pour prendre de tels risques avec si peu de moyens.

  • Il sait qu’il doit, pour imposer ses vues, quitter l’institut missionnaire du père Mazza afin de fonder le sien. Il faut pour cela des appuis et de l’argent. À chaque retour en Europe, Comboni va désormais solliciter rois et chefs d’État, évêques et cardinaux afin de les sensibiliser aux missions africaines. Il parcourt l’Italie pour donner des conférences, fonde la première revue missionnaire italienne, Les Annales du Bon Pasteur, puis, en 1867, les Missionnaires comboniens. Il rencontre de nombreuses difficultés et encore plus de critiques, mais rien ne le décourage, car il est certain de faire la volonté divine.

  • Il pousse même l’audace, en 1872, jusqu’à fonder une branche féminine, les Sœurs des missionnaires comboniens, ou « pieuses mères » dont la création fait scandale, car ces religieuses iront sur le terrain. Jamais personne n’avait osé envoyer des Blanches comme missionnaires en Afrique. Ainsi va-t-il à contre-courant des partis pris et du racisme, se fiant à Dieu seul.


En savoir plus

Fils de très pauvres métayers de Limone sul Garda, près de Brescia (Lombardie, Italie), Daniele Comboni naît le 15 mars 1831. Il est le quatrième d’une fratrie de huit enfants dont il sera le seul survivant. Fiers de son intelligence, ses parents lui offrent des études à Vérone, chez les Missionnaires de l’abbé Mazza, qui se voue au rachat des enfants sur les marchés aux esclaves de Khartoum (Afrique de l’Est) afin de les soustraire à l’islam et de leur donner le baptême. Daniele est très vite fasciné par la mission africaine, à laquelle, à peine ordonné prêtre, il va se vouer.

Comme il l’écrit après son arrivée à Khartoum, en 1857 : « Nous devrons nous fatiguer, transpirer, mourir, mais la pensée qu’on transpire et qu’on meurt par amour du Christ et le salut des âmes les plus abandonnées du monde est trop douce pour nous faire renoncer à cette grande entreprise. » Aux obsèques de l’un des missionnaires qui l’accompagnent, il s’écrie : « Ou l’Afrique, ou la mort ! » Ce sera désormais son programme et sa devise.

Le but premier de l’institut missionnaire fondé par le père Mazza, et où Daniele a fait ses études, était de racheter les enfants africains esclaves, puis de les conduire en Italie pour y être baptisés et éduqués. Par la suite, l’institut a décidé d’implanter des maisons sur place afin d’évangéliser aussi les adultes. Mais, lorsque Comboni arrive, il constate que ce système fonctionne mal. Comme il revient chaque année en Italie pour ramener les enfants échappés aux trafiquants et à la conversion forcée à l’islam, il commence à comprendre que ses supérieurs commettent une erreur en ne proposant pas aux jeunes Africains convertis de partir eux-mêmes en mission et en se reposant uniquement sur des vocations européennes trop rares. Il demande au Ciel de l’aider à résoudre cette difficulté.

Après dix ans en Afrique, il comprend lors d’un temps de prière que l’évangélisation du continent ne pourra s’accomplir que par les Africains eux-mêmes – une idée si originale pour son temps qu’elle vient fatalement de Dieu. Au prix de grandes incompréhensions et difficultés, il réussit à la faire triompher en fondant son propre institut. Daniele ayant été nommé, en 1870, théologien de l’évêque de Vérone, il parvient à obtenir le soutien de soixante-dix pères conciliaires en faveur de l’évangélisation de l’Afrique centrale lors du premier concile du Vatican. Il devient, en 1878, le premier évêque d’Afrique centrale, immense territoire tenu par les animistes et les musulmans, où l’on n’a jamais entendu parler du Christ. Le soutien de l’Église et de la papauté est déterminant pour son œuvre.

Se partageant, sans se ménager, entre son diocèse et l’Italie, accompagnant en Europe de jeunes Africains désireux d’embrasser la vie religieuse, visitant régulièrement la maison de formation qu’il a ouverte au Caire, Mgr Comboni participe aussi à des expéditions d’exploration dans des régions où les Blancs ne sont jamais allés, et il poursuit sa lutte acharnée contre les trafiquants d’esclaves, méprisant le danger. Il meurt à la tâche, le 10 octobre 1881, pendant son huitième séjour africain. Mgr Comboni a été béatifié en 1996 et canonisé en 2003.

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages, pour la plupart consacrés à la sainteté.


Aller plus loin

Daniel Comboni, L’Œuvre de la régénération de l’Afrique par l’Afrique elle-même, 1868, édition fac-similé, BNF / Hachette. Peut -être feuilleté en ligne .


En complément

  • Daniele Comboni, Scritti, Éditions comboniennes (en italien).

  • Giuseppe Fanari, Daniele Comboni, una vita per l’Africa, 1994.

  • Le site Internet des Missionnaires comboniens .

  • La biographie officielle du Vatican.

  • J.-M. Lozano, Afrique, passion d’une vie : itinéraire spirituel de Daniel Comboni, Éditions Saint-Paul, 1990.

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