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Les exorcismes au nom du Christ
Rome (Italie)
Nº 751
1914 – 1992

Candido Amantini, témoin du combat entre le Bien et le Mal

Né à Bagnolo (hameau de la commune de Santa Fiora) en 1914, Eraldo Ulisse Amantini, religieux passionniste et prêtre, devient d’abord professeur de théologie morale et d’Écriture sainte à l’université pontificale Saint-Thomas de Rome. En 1961, sa vie change : il est nommé exorciste du diocèse de Rome, ministère dans le cadre duquel il devient célèbre. En quelques années, il reçoit des dizaines de milliers de personnes, de soixante à quatre-vingts par jour. Il écoute chacune d’elles et discerne avec une clarté surnaturelle l’origine de leurs maux : troubles naturels ou action du diable. Il meurt un 22 septembre, jour de la fête de son saint patron, saint Candide (Candido), dont il avait pris le nom en entrant chez les Passionnistes. Sa cause de béatification a été introduite.


Les raisons d'y croire

  • Jésus a pratiqué des exorcismes ( Mc 1,25 ), et c’est de lui que l’Église tient le pouvoir et la charge d’exorciser ( Mc 3,15 ; 6,7 ; 6,13 ; 16,17 ). Ce à quoi est confronté Candido Amantini dans son ministère d’exorciste – manifestations démoniaques, réactions violentes au nom de Jésus, libérations spectaculaires après des prières spécifiques – donne un témoignage concret de la réalité du combat spirituel décrit dans l’Évangile.

  • Ces expériences ne sont pas explicables par des mécanismes purement psychologiques ou symboliques : elles révèlent l’autorité réelle du Christ sur les puissances du mal, qui reconnaissent et craignent le nom de Jésus. Les exorcismes opérés par Amantini sont un signe visible de la victoire du Christ, confirmant la vérité du christianisme.

  • Un document émanant du Saint-Siège, produit lors de la phase diocésaine du procès de béatification en cours, fait état en détail de cinquante-sept grands exorcismes du père Candido, tous couronnés de succès. Deux d’entre eux ont été retenus officiellement par le professeur Wladimir Di Giorgio, consulteur honoraire, dans le cadre du procès de béatification.

  • Être exorciste dans les années soixante et soixante-dix n’est en rien une sinécure ! À l’époque post-conciliaire, les prêtres chargés de ce ministère sont très peu nombreux et ce statut ne jouit d’aucun prestige…

  • Sans jamais polémiquer ou critiquer platement, le père Candido Amantini échange de nombreuses fois avec les personnes, argumentant qu’il y a une origine psychique à toutes les « diableries ». Il sait démontrer la pertinence de ses vues : le démon existe et peut agir parmi les hommes, mais les armes contre lesquelles il ne peut rien sont la prière et la foi.

  • Son discours sur les anges déchus et sur les modes d’action de Satan ici-bas n’est autre que celui de l’Église catholique depuis toujours, tradition qu’il connaît à la perfection.

  • Pour autant, le père Candido ne voit pas le diable partout ! Il n’a rien d’un illuminé, d’un fanatique ou d’un ignorant. Intellectuel doué, il a reçu une longue formation en sciences humaines, en philosophie et en théologie, puis en latin, grec, allemand, hébreu et sanskrit à l’Institut biblique pontifical. Il enseigne lui-même au sein d’une université du plus haut niveau.

  • Il n’est pas non plus un homme superstitieux, étranger aux sciences. C’est exactement le contraire ! Comprenant mieux que personne que l’un des principaux dangers est de confondre les symptômes demaladies naturelles (psychiatriques) avec les signes d’une possession authentique, il est celui qui a rendu possible, à l’échelle des diocèses du monde entier, la collaboration fructueuse entre médecins et prêtres.

  • Dieu lui accorde certaines fois le don de lire dans les cœurs des personnes qu’il reçoit en qualité d’exorciste, ce qui lui permet alors de discerner en un éclair l’origine de leurs troubles – origine qui est ensuite toujours confirmée par les scientifiques qui collaborent avec lui.

  • Son procès de béatification est en cours, non pas parce qu’il fut un exorciste hors pair, mais parce que, en prenant le Christ pour modèle, il manifesta sa vie durant un amour fraternel envers chaque personne qu’il rencontrait. Son abnégation et le don de lui-même qu’il fit à Dieu jusqu’à son dernier jour sont exemplaires.

  • Il a entretenu des relations amicales et épistolaires avec un nombre impressionnant de personnalités religieuses et culturelles. Il fut l’ami, entre autres, de saint Padre Pio , qui disait de lui qu’il était « vraiment un prêtre selon le Cœur de Dieu ». Il fut aussi le maître et l’ami du père Gabriele Amorth , qui lui succéda comme exorciste du diocèse de Rome.

  • Carlo Fioravanti, l’un des fils spirituels du père Candido, a déclaré à l’occasion de la cérémonie de clôture de l’enquête diocésaine qu’il ressentait un inexplicable « parfum de roses » à chaque fois qu’il entrait dans son bureau.


En savoir plus

Eraldo Ulisse Amantini, mieux connu sous le nom de père Candido, vient au monde le 31 janvier 1914 à Bagnolo (hameau de la commune de Santa Fiora), en Toscane. L’enfant est élevé dans un milieu catholique pratiquant. Doué intellectuellement, il effectue un parcours scolaire sans aucune difficulté. Dès son adolescence, il sent que toute sa vie sera consacrée à Dieu. L’idée de devenir prêtre un jour ne le quitte plus guère.

Le 26 octobre 1926, âgé de douze ans, Eraldo entre au noviciat de Nettuno (Latium, Italie), tenu par les Passionnistes. C’est pour lui une révélation. Il est heureux de côtoyer ces religieux. En 1929, les supérieurs l’envoient à la maison mère des Passionnistes, sur le Monte Argentario (Toscane). Sa vocation est née : il sera lui aussi un frère en Jésus-Christ. De fait, il prend l’habit religieux le 23 octobre 1929, changeant alors son nom en celui de Candido de l’Immaculée, en raison de son attachement à saint Candide, officier romain mort en martyr pour sa foi au IIIe siècle. Il est ensuite envoyé à Rome, où il entreprend une formation en philosophie et en théologie à l’université pontificale Saint-Thomas-d’Aquin. Il est ordonné prêtre le 13 mars 1937.

En 1941, les supérieurs passionnistes, conscients de ses capacités, l’autorisent à étudier le latin, le grec et l’hébreu à l’Institut biblique pontifical de Rome. Il devient un enseignant recherché et aimé de ses étudiants. Ses cours de théologie morale et d’Écriture sainte sont hautement appréciés. Ayant une dévotion mariale profonde, il écrit un livre intitulé Le Mystère de Marie, dans lequel il consacre des pages merveilleuses à la place de la Vierge dans l’économie du salut chrétien. De 1947 à 1960, sans cesser d’enseigner, il devient chapelain à la basilique Saint-Jean-et-Paul.

Mais Dieu attend autre chose de lui. Sans qu’il ait rien demandé, le père Candido Amantini est appelé à aider l’exorciste du diocèse d’Arezzo (Toscane). C’est une découverte de réalités auxquelles il n’avait pas encore été confronté directement. Jour après jour, il accompagne le père exorciste Alessandro Coletti.

Il prend son nouveau ministère très à cœur, car, il le sait, le combat contre les forces du mal n’est ni abstrait ni imaginaire, mais ô combien réel ! Et c’est pour lui un devoir fait aux prêtres, et spécialement aux exorcistes diocésains, de mener ce combat.

En 1961, fort de cette première expérience, grâce à ses qualités humaines et à sa foi à toute épreuve, il est nommé exorciste du diocèse de Rome. C’est un très lourd combat spirituel que le père mènera dès lors chaque jour, quand des dizaines de personnes viennent lui demander une libération du démon, une guérison, un exorcisme. Ce seront bientôt des milliers de personnes qui, chaque année, frapperont à la porte de son bureau, installé au sanctuaire romain de la Scala Santa, près de la basilique Saint-Jean-du-Latran. L’accompagnement et l’aide des personnes qui le sollicitent en grand nombre sont essentiels à ses yeux, car il voit en chacune d’elle un enfant de Dieu dont l’image est blessée. Il fait preuve dans son ministère d’une charité et d’une patience à toute épreuve.

Son nom devient célèbre dans Rome. Aidé par un charisme de lecture des cœurs (il parvient dans certains cas à discerner avec une lucidité inexplicable l’origine humaine ou diabolique des troubles des gens), cet humble prêtre connaît une vague de popularité. Conscient qu’il n’est qu’un instrument fragile entre les mains de Dieu, il encourage les personnes qui viennent à lui à mener en priorité une vie chrétienne digne de ce nom : à recevoir les sacrements, à méditer la Parole de Dieu, à approfondir leur foi, et à s’éloigner aussi loin que possible des portes d’entrée par lesquelles s’introduisait le diable – spiritisme, occultisme, magie, etc.

Le père Candido collabore plusieurs fois avec le pape Jean-Paul II, à qui il envoie des personnes possédées depuis longtemps afin que le souverain pontife exorcise avec succès ces malheureux, ce qui est le cas.

Outre les dizaines de personnes qu’il reçoit chaque jour, il célèbre la messe, confesse de longues heures et trouve encore le temps de se lever en pleine nuit pour venir prier devant le saint sacrement.

Candido Amantini demeure exorciste pendant trente-six ans, sans jamais fléchir, sans jamais se plaindre ou demander un autre ministère. Pourtant, être exorciste dans les années 60 et 70 n’est en rien une sinécure ! À l’époque post-conciliaire, les prêtres chargés de ce ministère sont très peu nombreux et une opinion assez majoritaire veut systématiquement expliquer les possessions par la psychiatrie et la psychopathologie.

Souffrant de maladies respiratoires et cardiaques, le père Candido se rend une dernière fois en pèlerinage à Lourdes, d’où il ne revient pas guéri mais touché par la grâce : il parvient à offrir ses souffrances à Jésus pour la conversion de tous. Avec un courage exceptionnel, il poursuit son ministère jusqu’à son dernier souffle. Il rend son âme à Dieu dans une grande paix le 22 septembre 1992. Le 13 juillet 2012, le diocèse de Rome a ouvert la cause pour sa béatification.

Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.


Aller plus loin

Antonio Coluccia et Andrea Maniglia, Padre Candido Amantini, Rome’s Exorcist, Lulu.com, 2017.


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