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Miracles eucharistiques
Florence (Italie)
Nº 670
1270 – 1341

L’hostie disparaît dans le cœur de Julienne Falconieri (+1341)

« Le grand miracle de la vie de Julienne, c’est sa mort », a-t-on dit. Les derniers instants de Julienne Falconieri, le 19 juin 1341, furent en effet mémorables, mais il faut aussi rendre justice aux soixante années qu’elle vécut avant cela – soixante années de prière, de sacrifices et de charité également remarquables.


Les raisons d'y croire

  • Inspirée par l’exemple de son oncle, saint Alexis Falconieri, Julienne apprend rapidement à se détacher des biens matériels et des facilités de la vie que lui procure sa naissance dans l’une des plus nobles et riches familles de l’aristocratie florentine. Sa piété ne sera jamais jouée, les sacrifices qu’elle offre au Christ non plus.

  • À quatorze ans, alors que sa mère s’inquiète de son désintérêt pour les choses matérielles et lui dit qu’elle ne parviendra jamais à la marier, Julienne lui répond que la Vierge Marie se chargera de lui trouver un époux. En fait, l’adolescente a déjà fait secrètement vœu de virginité pour Jésus et reçoit, l’année suivante, des mains de son oncle, l’habit du tiers ordre des Servites de Marie.

  • C’est dans la maison familiale que la jeune fille commence sa vie religieuse, ce qui est beaucoup plus difficile que dans un couvent puisque toutes les facilités extérieures restent à sa portée. Sa propre mère essaie de lui éviter l’austérité à laquelle elle veut se livrer par amour du Christ. Il faut que sa détermination soit soutenue par des raisons profondes pour tenir bon dans ces conditions et à un âge si tendre.

  • Ainsi, Julienne Falconieri consacre sa vie au Christ en lui offrant quotidiennement ses privations et en se donnant tout entière à la contemplation et aux œuvres de charité. Cela lui vaut ses premières grâces mystiques, entre autres de nombreuses extases et une inédie partielle. Rien n’est feint ni joué, comme en témoignera son entourage.

  • À son exemple, de nombreuses femmes et jeunes filles de la bonne société florentine se convertissent et se regroupent dans ce qui deviendra le premier couvent des Oblates des Servites de Marie.

  • À la fin de sa vie, probablement atteinte d’un cancer de l’estomac, elle souffre de vomissements perpétuels. Malgré la pénibilité de ses douleurs, elle déplore uniquement de ne plus pouvoir communier, puisqu’elle ne pourrait garder l’hostie. Sentant sa fin venir, elle demande à son confesseur d’apporter le saint sacrement pour qu’elle puisse l’adorer une dernière fois à défaut de communier. C’est un acte de piété ; elle ne s’attend à aucun miracle.

  • Julienne demande ensuite au prêtre de poser un instant l’hostie consacrée sur son cœur. À la seconde même où il obtempère, il est témoin, avec toutes les personnes présentes, d’un fait étonnant : l’hostie disparaît comme si elle avait été engloutie dans le cœur de Julienne, qui murmure « Jésus, je vous aime !» et rend l’âme en pleine extase. On trouve le même événement lors de l’agonie de saint Bonaventure. Il n’y a pas d’illusion ni d’artifice possible (le pape lui-même assistait le cardinal Bonaventure…) et la peur du sacrilège a entraîné moult vérifications. Tous les témoins sont fiables.

  • Lorsque les religieuses font l’ultime toilette de Julienne, elles constatent, stupéfaites, qu’à l’endroit de sa poitrine où le prêtre avait posé l’hostie est tatouée l’image de l’hostie en question – inconfondable car il y avait le dessin d’une croix. L’image, incrustée dans la chair de la morte, authentifie la réalité du miracle. Ce fait prodigieux a été dûment constaté.


En savoir plus

Née en 1270 à Florence, Giuliana est l’héritière inespérée d’un couple de riches aristocrates frappés de stérilité. Sa famille, qui s’est enrichie dans le commerce des étoffes de luxe, est l’une des plus puissantes du parti guelfe, favorable au pape – parti qui domine alors la cité. Dégoûté des luttes politiques, son oncle Alexis a abandonné tout cela dans les années 1230 pour fonder avec six de ses amis, après une apparition de Notre Dame des douleurs, un nouvel ordre religieux marqué par la spiritualité et l’idéal de pauvreté des nouveaux ordres mendiants, les Servites de Marie. Son frère, qui a refusé de l’imiter, tient pour une punition divine l’infécondité de son couple. La venue au monde de sa fille, après qu’il a fait élever la somptueuse église de l’Annonciation, est regardée comme la marque du pardon.

L’oncle de Giuliana, Alexis, est un saint du dépouillement et du renoncement absolus. Très tôt admirative du choix de son oncle, Giuliana, au grand dam de sa mère, refuse de se marier et voue sa virginité au Christ. À quinze ans, elle entre dans le tiers ordre des Servites et, tout en continuant à vivre chez sa mère comme une laïque, elle mène dès lors une existence de religieuse, entre prières, actions caritatives et pénitences. Son exemple attire de nombreuses femmes de son entourage qui, s’étant réunies, obtiennent de fonder les Oblates, branche féminine des Servites de Marie. Giuliana doit attendre le décès maternel pour les rejoindre et liquide alors l’énorme héritage de ses parents, dont elle fait don à sa communauté. Elle en est élue supérieure.

Julienne obtient, comme d’autres saintes italiennes de son époque, des dons de pacificatrice et de réconciliatrice qui lui permettent d’apaiser les terribles querelles et vendettas qui déchirent les cités de son temps. Les femmes ne sont pourtant pas, en principe, partie prenante des conflits politiques à cette époque.

Elle est victime de terribles persécutions démoniaques, allant jusqu’aux violences. Il semble que Julienne, malgré sa pureté, soit longtemps et violemment attaquée sur le plan de la chasteté. Elle prend alors deux décisions radicales et héroïques : ne plus jamais lever les yeux sur un homme et porter en cachette, en guise de ceinture, à même la peau, une chaîne de fer que l’on découvrira à sa mort littéralement incrustée dans sa chair, pour lui rappeler son vœu de chasteté. Grâce à ces résolutions, et par le jeûne, elle se libère de ces tentations.

Elle meurt à soixante et onze ans, le 19 juin 1340, dans une ultime extase, après avoir bénéficié d’un spectaculaire miracle eucharistique pour lui permettre de communier une dernière fois en viatique – miracle qui s’inscrit durablement dans sa chair.

Elle est ensevelie dans l’église de l’Annonciation, bâtie par son père. Elle est canonisée en 1737, bien avant son oncle Alexis et ses compagnons.

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages, pour la plupart consacrés à la sainteté.


Au delà

L’iconographie de sainte Julienne représente la plupart du temps le miracle de sa mort, par exemple la sculpture de Rinaldino di Francia , réalisée peu après la mort de Julienne, que l’on peut voir dans l’église de Santa Maria dei Servi, à Padoue.


Aller plus loin

En ligne, l’article de La Porte Latine : « Sainte Julienne Falconieri».


En complément

  • Auguste Lépicier, Sainte Julienne Falconieri, Bruxelles, 1907.

  • Frédéric Fuzelier, Histoire de l’ordre des Servites de Marie, Paris, 1886.

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