
À travers tout un continent, la trace de sainte Mary MacKillop
Mary MacKillop (en religion sœur Marie de la Croix), née de parents écossais en 1842, est la première sainte australienne. Elle a été canonisée le 17 octobre 2010 par le pape Benoît XVI. Pauvre parmi et avec les pauvres, elle a consacré toute sa vie à l’aide et à l’éducation des pauvres et des marginalisés dans les régions reculées d’Australie.Marie de la Croix est à la fois apôtre de la charité, éducatrice et missionnaire. Elle a également fondé avec le père Julian Tenison-Woods la congrégation des Sœurs de Saint-Joseph du Sacré-Cœur (ou Joséphites).
Les raisons d'y croire
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La sainte réalise une œuvre de charité invraisemblable en faveur des plus nécessiteux de son pays, et au-delà : couvents, écoles, orphelinats, maisons pour sans-abri, asiles pour prisonniers et prostituées… En fondant les Sœurs de Saint-Joseph du Sacré-Cœur, elle organise une œuvre immense avec très peu de moyens. Sa créativité apostolique, sa force intérieure et son zèle témoignent d’une vie animée par quelque chose de plus grand qu’elle.
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Malgré sa santé chancelante, elle parcourt le continent, à cheval la plupart du temps, à l’image de sainte Thérèse d’Avila qui, au XVIe siècle, parcourait l’Espagne en tous sens dans une charrette. MacKillop ne semble craindre aucunement les dangers des voyages dans l’Australie de la fin du XIXe siècle, encore très peu urbanisée. Ce n’est pas tant de courage qu’il faut parler, mais d’une force surnaturelle qui fit d’elle une missionnaire à l’échelle de tout un continent.
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Sa congrégation a essaimé dès son vivant. En 1873, le pape Pie IX approuve son organisation et sa mission lors d’une audience privée avec la future sainte, venue spécialement à Rome. À l’échelle de l’Océanie, le succès de la congrégation qu’elle dirige est inexplicable humainement. Au début, tout manque : la sainte ouvre une première école dans une écurie désaffectée, sans meubles, sans livres ni argent…
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Aujourd’hui, les Joséphites possèdent des communautés en Irlande, au Pérou et au Timor oriental. La fécondité surnaturelle de sa mission, malgré les obstacles humains et matériels, est un signe de la grâce divine à l’œuvre.
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Elle est odieusement calomniée, ce qui conduit en 1871 à son excommunication temporaire, à tort, par l’évêque de son diocèse. Au lieu de se révolter, elle reste humble, obéissante et fidèle à l’Église, même dans l’injustice. Sa fidélité malgré les fautes de l’institution ecclésiale montre qu’elle croit que, bien au-delà d’une simple organisation humaine, Jésus-Christ est présent dans son Église.
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Elle agit avec miséricorde, courage et foi, sans céder à la rancune. Jamais elle ne manifeste de mécontentement et elle ne cesse de prier pour ceux qui la persécutent injustement. Ce témoignage de paix et de pardon dans les épreuves montre un visage crédible de l’Évangile vécu.
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Deux guérisons attribuées à son intercession ont été reconnues comme miraculeuses par l’Église, l’une en 1961, l’autre en 1993, et ont permis sa béatification, puis sa canonisation en 2010. Ces signes surnaturels soutiennent rationnellement la foi dans l’action de Dieu par ses saints. En 1961, une jeune femme de Sydney, âgée de vingt-quatre ans, se remet d’une leucémie en phase terminale après des prières incessantes à la bienheureuse MacKillop ; aucun traitement efficace n’explique sa guérison. En 1993, près de Lake Macquarie, Kathleen Evans, mère de cinq enfants, est atteinte d’un cancer du poumon inopérable, accompagné de métastases au cerveau. Après avoir prié intensément la bienheureuse Mary MacKillop en présence d’une de ses reliques, elle est entièrement guérie, ce que les médecins qualifient d’impossible. Ces guérisons médicalement inexplicables font l’objet d’investigations rigoureuses, tant scientifiques quethéologiques (rapports médicaux, consultations d’experts, examen du Vatican).
En savoir plus
Marie-Hélène MacKillop (en religion sœur Marie de la Croix) voit le jour à Fitzroy, dans une banlieue pauvre de Melbourne (Australie), le 15 janvier 1842. Ses parents sont des Écossais émigrés ; la sainte se souviendra toute sa vie des difficultés qu’ils rencontrèrent dans leur nouveau pays, et elle s’efforcera avec une énergie surnaturelle d’aider tous les migrants qu’elle rencontre.
Sa famille n’a ni argent ni biens, mais une foi profonde unit tous les membres. La fillette grandit dans la joie et la paix d’un foyer uni et aimant.
Sa condition sociale l’empêche de poursuivre de longues études, bien qu’elle soit douée dans de nombreuses disciplines. À seize ans, elle commence une carrière d’institutrice. Elle se démène sans compter pour les enfants qui lui sont confiés. Dès cette époque, Dieu lui fait grâce d’un don remarquable pour l’écoute et pour l’enseignement du catéchisme.
Mais elle a un autre projet : elle veut se donner à Jésus et placer son existence sous le signe de l’Évangile. Elle fait bientôt une rencontre providentielle en la personne du père Julian Tenison-Woods. Celui-ci lui fait immédiatement forte impression et une véritable amitié spirituelle naît entre eux. Le père Woods envisage de fonder une congrégation qui aurait pour mission d’évangéliser et de secourir les pauvres d’Australie, qui, à cette époque, manque encore cruellement d’infrastructures sociales et de moyens caritatifs. Pour la future sainte, c’est une illumination : elle accepte rapidement et se réjouit de vivre pauvrement et de mener dans la prière, l’obéissance et l’humilité une vie de charité.
Marie devient en 1866 le premier membre et la supérieure de cette congrégation des Sœurs de Saint-Joseph du Sacré-Cœur. Elle ouvre rapidement une première école dans une écurie désaffectée à Penola, dans le sud de l’Australie, sans aucun moyen ni aide de qui que ce soit. En moins de quatre ans, la congrégation multiplie des petites fondations d’écoles, de dispensaires, de refuges en tous genres.
C’est alors qu’entre en scène Mgr Lawrence Sheil, évêque d’Adélaïde, ville où les Joséphites mènent de belles actions caritatives. Cet évêque nomme le père Julian Tenison-Woods directeur de l’enseignement catholique de son diocèse. Or, le père Woods rencontre alors des difficultés avec d’autres prêtres diocésains au sujet de l’éducation à dispenser aux jeunes. C’est dans ce contexte qu’en 1870, la future sainte et ses religieuses apprennent qu’un prêtre d’origine irlandaise, l’abbé Keating, de la paroisse de Kapunda, au nord d’Adélaïde, a commis des abus sexuels sur des enfants. Les Joséphites informent immédiatement Mgr Sheil, qui renvoie ce prêtre dans son pays natal.
Mais un proche de celui-ci, conservant la confiance de l’évêque, diffuse une rumeur selon laquelle Marie de la Croix aurait détourné d’importants fonds... Le prélat, alors âgé et souffrant, se laisse convaincre et finit par excommunier Marie en septembre 1871, en faisant fi du droit canonique et sans enquêter davantage. La congrégation reste sur pied mais ses écoles sont fermées sous la contrainte. Marie se voit interdire tout contact avec d’autres catholiques ! Elle traverse ces longs mois avec un courage, une obéissance et une abnégation admirables, se mettant au service d’une famille juive pour laquelle elle devient une amie chère.
Dieu veille sur elle et sur sa congrégation. À la disparition de Mgr Sheil, l’épiscopat australien se saisit de cette affaire, et une enquête est menée de façon rigoureuse. Les accusations proférées contre la sainte s’avèrent infondées et Marie est bientôt définitivement disculpée. Un peu plus tard, la commission démontre que son excommunication avait été décidée au mépris du droit canonique en vigueur.
En 1873, malgré sa santé précaire, elle se rend à Rome, où elle est reçue par le pape Pie IX, qui approuve sa congrégation, tant dans sa mission que dans son organisation. Dès lors, les Joséphites connaissent une période de croissance extraordinaire dans toute l’Australie, puis en Nouvelle-Zélande. La sainte parcourt plusieurs centaines de kilomètres à cheval, sans craindre pour sa sécurité et sans prendre de repos. Couvents, écoles, dispensaires, asiles divers voient le jour à travers ces vastes contrées.
En 1901, usée par ses voyages et l’absence de repos, la fondatrice est victime d’une hémorragie cérébrale. Dorénavant paralysée, elle traverse ses dernières années de vie dans un abandon toujours plus grand au Christ. Sa prière devient constante. Elle rend son âme le 8 août 1909 dans la paix et la joie.
Sa devise « Ne jamais voir un besoin sans chercher à y répondre » devient célèbre dans tout le pays. Dès 1914, une chapelle à son nom (Mary MacKillop Memorial Chapel) a été inaugurée au nord de Sydney. Sa dépouille y repose aujourd’hui.
En 1973, la cause de sa béatification a été introduite par l’épiscopat australien. Béatifiée en 1995 par Jean-Paul II, elle est inscrite au catalogue des saints le 17 octobre 2010 par le pape Benoît XVI. Ce dernier s’était rendu sur sa tombe le 17 juillet 2008 lors de son séjour à Sydney pour les Journées mondiales de la jeunesse. Marie est la première Australienne canonisée. Aujourd’hui, les Joséphites sont présentes en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Pérou, en Irlande et dans le Timor oriental. Elles portent assistance non seulement aux démunis, mais également aux orphelins, aux prostituées, aux migrants et aux populations indigènes.
Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.
Aller plus loin
L’article du site Internet Australian Dictionary of Biography : « MacKillop, Mary Helen (1842 – 1909) ».
En complément
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Life of Mother Mary, Foundress of the Sisterhood of Saint Joseph of the Sacred Heart, Westmead, Sydney, 1916.
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O. Thorpe, Mary McKillop, Londres, 1957.
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L’ homélie du 17 octobre 2010 de Benoît XVI, en italien.
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Sur le site Internet VaticanNews, « Audience générale : Mary MacKillop, une sainte au service des démunis ».
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Site des sœurs de Saint-Joseph du Sacré-Cœur – congrégation qu’elle fonda avec le père Julian Woods en 1866, en anglais.