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© Unsplash/Mink Mingle
Les mystiques
Île-de-France (France)
Nº 703
1924 – 1983

Symphorose Chopin, mystique cachée (†1983)

Symphorose Chopin (1924 – 1983) est une mystique catholique française marquée par une enfance difficile dans une famille pauvre. Elle bénéficie dès sa jeunesse et toute sa vie durant de manifestations surnaturelles extraordinaires (apparitions, stigmates, bilocations, lévitation, extases, inédie…), mais elle n’y accorde pas grande importance, s’attachant quotidiennement à aider les autres et à sauver des âmes. Sa vie, celle d’une mystique cachée, a profondément marqué son entourage.


Les raisons d'y croire

  • André Combes († 1969) est un prêtre, historien et théologien respecté, directeur scientifique au CNRS, expert au concile Vatican II. Il prend en charge l’accompagnement spirituel de Symphorose Chopin. Il témoigne être convaincu du caractère divin de ses grâces, ce qui participe à fonder la crédibilité de ses dons spirituels exceptionnels : stigmatisation, extases, science infuse, bilocation… Il voit en elle une personne riche d’un « trésor de grâces » et « l’étoffe d’une sainte », et il écrit : « Vous avez bien raison de reconnaître une authentique inspiration divine chez cette enfant privilégiée. »

  • Joachim Bouflet, historien et auteur de plusieurs livres sur la mystique, a été un proche de Symphorose durant dix années : il a recueilli son témoignage et dit avoir lui-même vu plusieurs phénomènes extraordinaires.

  • Une sœur de Symphorose, Berthe, a aussi laissé des témoignages, notamment relatifs à la guérison de 1954, aux stigmates visibles lors du Vendredi saint, à la lumière miraculeuse lors de la communion de Noël 1965, etc.

  • À la demande de son directeur spirituel, Symphorose a tenu sur plusieurs années des journaux intimes spirituels : les « cahiers noir et bleu ». Les étudier permet d’apprécier la crédibilité de la vie mystique de l’auteur. Ces cahiers sont écrits avec spontanéité dans un style simple, de façon quasiment phonétique etmaladroite, mais traversé d’une grande densité spirituelle. Ils révèlent une âme « profondément unie à Dieu, sans recherche de mise en scène ni de séduction mystique » (J. Bouflet). Cela éclaire donc la cohérence, l’humilité et la profondeur de son expérience spirituelle.

  • D’autre part, ses écrits ne contiennent aucune hérésie ni aucun élément doctrinalement douteux – ce qui est notable pour une femme peu instruite, sans formation théologique formelle. Symphorose exprime une compréhension intime des mystères chrétiens (souffrance rédemptrice, eucharistie, humilité, purification). Le père Combes, par exemple, s’étonne : « Ce qu’elle reçoit dans la lumière dépasse parfois ce que je pourrais exprimer en dix années d’enseignement. »

  • Les stigmatisations de Symphorose sont particulièrement bien attestées, car leur caractère répété a permis à plusieurs témoins oculaires de les observer directement. Des plaies correspondant à la Passion du Christ sont visibles sur elle le Vendredi saint, chaque année à partir de 1954, mais invisibles le reste de l’année, bien que la douleur persiste. Ce phénomène récurrent est relaté de manière cohérente dans ses écrits et par son entourage, ce qui permet de combiner plusieurs témoignages directs aux descriptions convergentes.

  • Elle fait toujours preuve d’une profonde discrétion quant aux phénomènes mystiques dont elle est gratifiée. Si elle apprend que quelqu’un a parlé d’elle à l’extérieur, elle refuse de recevoir à nouveau la personne indiscrète et, lorsqu’on l’interroge sur ce sujet, elle répond avec simplicité que « ce n’est pas l’essentiel dans la vie ».

  • Symphorose Chopin quitte l’école très tôt pour subvenir aux besoins familiaux et ne reçoit qu’une instruction rudimentaire – on la décrit comme à peine alphabétisée. Pourtant, nombreux sont ceux qui viennent chercher conseil auprès d’elle, religieux comme laïcs, car son autorité spirituelle est reçue, non construite, comme le fruit d’une communion mystique et d’une proximité avec Dieu. Ses dons de scrutation des cœurs, de conseil et de science infuse sont reconnus par ceux qu’elle conseille comme la marque de l’Esprit de Dieu.

  • En 1973, alors qu’elle est gravement malade, la Vierge lui propose de rester dix années supplémentaires sur terre afin de poursuivre sa mission, ce que Symphorose accepte. Cette date marque le début d’une période de sursaut de vie malgré son très mauvais état de santé. Exactement dix ans plus tard, le 27 juillet 1983, à la date prévue, Symphorose meurt, à l’âge de cinquante-neuf ans.


En savoir plus

Symphorose Chopin naît en 1924 dans une famille ouvrière pauvre de La Garenne-Colombes. Elle est l’aînée de beaucoup d’enfants et, dès l’âge de huit ans, elle doit quitter l’école pour aider ses parents, en travaillant comme ramasseuse de balles sur un golf, puis en récupérant du charbon le long des voies ferrées. Elle vit dans des conditions matérielles très dures, marquées par la violence. Malgré cela, elle développe une foi vive et refuse de manquer la messe, préférant être punie que de se priver de la communion ou de la prière. Ses parents estiment que c’est du temps perdu puisque l’on ne gagne pas d’argent.

Elle souffre dès sa jeunesse d’une très mauvaise santé et finit par être atteinte de paralysie à une jambe et d’une blessure à la colonne vertébrale, puis de contracter la tuberculose. Mais elle guérit de façon inexplicable à Lourdes le 15 août 1954. Par humilité, ne souhaitant pas être le centre des attentions, elle choisit de ne pas en parler au Bureau des constatations médicales du sanctuaire.

À partir de là commence pour elle une profonde vie spirituelle, marquée par divers phénomènes mystiques :extases, visions, locutions intérieures, stigmatisation, lévitation, bilocation, inédie... On peut donner l’exemple du miracle eucharistique de Noël 1965, où, trop malade pour aller à la messe, elle reçoit la communion d’un ange. Sa sœur Berthe, présente, affirme avoir vu une intense lumière surnaturelle dans la chambre à ce moment-là.

Symphorose considère que sa mission est d’offrir sa vie pour les prêtres et pour l’Église : « Il faut aimer l’Église à la manière du Christ, manière de sacrifice et jusqu’à la mort, parce qu’elle est amour total. Mon service, c’est de donner par amour et, pour réaliser mes fins d’amour, je désire être hostie de l’Amour miséricordieux et rédempteur : c’est là le sens de mes offrandes pour la Sainte Église. Aucun sacrifice ne pourra ralentir mon zèle. »

Ses écrits révèlent une âme unie à Dieu et d’une étonnante cohérence et profondeur spirituelle. Ils sont aujourd’hui une pièce centrale de son dossier de béatification. En effet, à l’aide des archives de l’association Symphorose, historiens et biographes ont commencé l’étude pour sa cause en 2012. Une de ses toutes dernières paroles a été : « Confiance, les anges travaillent ! »

Solveig Parent


Aller plus loin

Édouard Huber, « Symphorose Chopin : la stigmatisée du quart-monde », Famille Chrétienne,‎ 4 août 2020.


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