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© Shutterstock/Simon Mayer
Miracles eucharistiques
Pérou
Nº 698
1649

L’Enfant-Jésus est présent parmi le peuple mochica

Pendant l’été 1649, dans un petit village du nord du Pérou, une assemblée constituée aussi bien d’Occidentaux que d’indigènes, de laïcs et de religieux, voit apparaître, à deux reprises, le visage de l’Enfant-Jésus sur une hostie consacrée. La première apparition a lieu durant une veillée d’adoration, et la seconde apparition pendant une procession eucharistique. Jésus porte l’habit traditionnel de la population locale, les Mochicas. Ce phénomène surnaturel s’est inscrit durablement dans la mémoire collective comme un signe eucharistique puissant, enraciné dans un lieu et une culture : c’est un témoignage vibrant de la proximité réelle du Christ.


Les raisons d'y croire

  • Les apparitions de 1649 sont historiquement bien documentées et attestées. Des manuscrits du notaire ecclésiastique Fernando de la Carrera, consignés dans les archives franciscaines de Lima, relatent les événements en mentionnant les témoignages contemporains de 1649.

  • Le miracle ne s’est pas produit une seule fois, mais à deux reprises en l’espace de quelques semaines. Les dates (2 juin et 22 juillet 1649) sont des fêtes religieuses (Fête-Dieu et fête de sainte Marie-Madeleine).

  • Fray Jérôme de Silva Manrique est le moine franciscain qui présidait les liturgies aux moments des faits. Il est donc le témoin direct le mieux placé et il a lui-même écrit son témoignage.

  • Il n’est cependant pas le seul à avoir observé les faits. Les témoins oculaires ne manquent pas : populations indiennes (Mochicas), clergé franciscain et notables locaux… Comme les apparitions ont été visibles non seulement par un individu, mais par une assemblée entière, nous pouvons écarter l’hypothèse d’une vision « privée » ou d’un délire psychologique.

  • Le fait que la seconde apparition montre Jésus vêtu d’un habit propre à la culture locale (tunique violette typique d’Eten) est un signe d’inculturation divine. Jésus montre l’universalité du salut en soulignant que toutes les cultures peuvent être le lieu de l’expression de la foi, et non des obstacles.

  • Le peuple autochtone d’Eten voit Jésus prendre leur apparence, et non celle des conquistadors. Cette approche pédagogique divine serait difficile à inventer dans un contexte colonial, dans lequel les inégalités sociales et raciales sont très ancrées.

  • Dans l’histoire chrétienne, de nombreux autres signes surnaturels ont intégré cette logique d’inculturation : la Vierge vêtue en princesse aztèque à Guadalupe, ou s’adressant en kinyarwanda à Kibeho, les visions de Jésus miséricordieux adaptées pour le peuple polonais dans les années 1930...

  • Le contenu des apparitions (visage du Christ enfant, Jésus visible dans l’hostie de l’ostensoir) est parfaitement conforme à la doctrine catholique sur l’eucharistie et la présence réelle. Aucune contradiction théologique, aucune hérésie ni message douteux n’ont été rapportés.

  • Le miracle eucharistique d’Eten a donné naissance à une tradition forte ; son impact spirituel est positif et durable. Depuis 1649, une piété eucharistique profonde est enracinée à Eten, avec des guérisons, des conversions et des vocations régulières rapportées localement. Les fruits spirituels recueillis sur le long terme sont un critère clé pour authentifier un phénomène mystique.

  • Lorsqu’il était archevêque de Chiclayo, Mgr Robert Prevost, devenu pape Léon XIV, a relancé l’enquête diocésaine, ce qui suggère qu’il considère les éléments comme sérieux. L’Église mène en toute transparence une enquête canonique complète, avec étude des archives, recueil de témoignages et discernement théologique.

  • Le miracle a été intégré dans la collection officielle des « Miracles eucharistiques dans le monde »,réalisée par le bienheureux Carlo Acutis, dont le sérieux et la rigueur ont déjà été soulignés.


En savoir plus

Au XVIIe siècle, le Pérou est un territoire de la Couronne espagnole, intégré au vice-royaume du Pérou depuis 1542. La région d’Eten se situe dans l’actuelle province de Chiclayo (Lambayeque), originellement peuplée par les Mochicas, peuple précolombien sédentaire, habile en agriculture et en céramique. La région est alors en pleine transition culturelle et religieuse. Les indigènes vivent souvent dans la pauvreté, mais certains ordres religieux, comme les franciscains, développent une pastorale marquée par la compassion envers les peuples autochtones. Ils souhaitent panser les blessures nées de la conquête et faire découvrir le Christ crucifié et miséricordieux.

À l’été 1649, un événement extraordinaire marque l’histoire religieuse locale d’Eten, un petit village côtier situé aunord du Pérou. Le 2 juin, lors de la célébration de la Fête-Dieu, le moine franciscain Jérôme de Silva Manrique expose le saint sacrement dans l’église du village. Soudain, alors qu’il s’apprête à sortir l’hostie de l’ostensoir pour la replacer dans le tabernacle, à la fin de l’adoration et sous les yeux ébahis de l’assemblée, le visage lumineux de l’Enfant-Jésus apparaît dans l’hostie consacrée. Ce phénomène se prolonge durant plusieurs minutes, provoquant l’émotion collective et une grande ferveur.

Quelques semaines plus tard, le 22 juillet, au cours d’une procession organisée en l’honneur de sainte Marie-Madeleine, le miracle se répète : une nouvelle apparition de Jésus-Enfant se manifeste dans l’ostensoir, cette fois vêtu d’une tunique violette – vêtement traditionnel porté par les autochtones de la région. Trois petits cœurs brillants, unis entre eux, sont également visibles, symbolisant la Trinité. Les participants, nombreux, tombent à genoux, bouleversés par ce nouveau signe céleste qui dure environ quinze minutes.

Le vêtement que porte Jésus lors de l’apparition – détail souvent mentionné par les témoins – relève du thème de l’inculturation divine. Par ce geste, le Christ s’identifie au peuple d’Eten dans sa culture propre. Il s’agit d’y intégrer l’Évangile, sans trahir le contenu de la foi. Dans le contexte historique d’alors, marqué par le colonialisme et les hiérarchies sociales et raciales, ce geste réhabilite le peuple mochica dans sa dignité spirituelle. Il manifeste donc à la fois la pédagogie divine et souligne aussi l’universalité de la révélation chrétienne.

Ces deux apparitions péruviennes sont aussitôt consignées dans des documents qui ont traversé le temps jusqu’à nos jours. Et depuis plus de trois siècles, les habitants d’Eten témoignent d’une piété eucharistique constante, marquée par des conversions, des guérisons et une profonde fidélité à la messe.

Solveig Parent


Au delà

En 2025, la présidente du Pérou a fait promulguer une loi instaurant Eten comme « ville eucharistique d’intérêt national ».


Aller plus loin

La chaîne YouTube 1 000 raisons de croire a fait une série de cinq vidéos sur les miracles eucharistiques.


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