
Dieu agit pour son Église à travers ses révélations à sainte Brigitte
Brigitte, née Birgersdotter en 1303 dans la province de l’Uppland, est la fille d’un prince apparenté à la famille régnante de Suède. Elle épouse très jeune le prince Ulf Gudmarson et ils auront huit enfants. Elle a ses premières visions mystiques à partir de 1343. Devenue veuve l’année suivante, elle séjourne au monastère cistercien d’Alvastra puis fonde le monastère de Vadstena avec l’aide du roi de Suède, dans lequel elle institue l’ordre des Brigittines. En 1345, le Christ lui apparaît et lui demande d’agir auprès du pape d’Avignon pour qu’il retourne à Rome. Elle parle aussi bien au pape, aux rois qu’aux mendiants qui frappent à sa porte. Son activité multiforme prend sa source dans l’incroyable densité de sa prière et de ses révélations mystiques. Elle meurt le 23 juillet 1373 à Rome et l’Église l’élève sur les autels moins de vingt ans plus tard.
Les raisons d'y croire
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La foi de Brigitte, femme issue de la haute noblesse et qui bénéficie de multiples appuis, n’a rien à voir avec une quelconque pratique sociale superficielle. Elle se donne corps et âmes à Dieu et aux autres, accueillant et secourant les pauvres, distribuant sans compter argent, nourriture et réconfort. Elle fait notamment bâtir un dispensaire à l’intérieur de son domaine et prête elle-même assistance en cas de nécessité. Elle sait que la vie chrétienne passe d’abord par l’amour de tous.
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La vie mystique de sainte Brigitte de Suède confirme la réalité surnaturelle de la foi. Le livre Révélations (publié après sa mort avec l’approbation ecclésiale) rassemble les messages de Jésus et de Marie reçus par Brigitte et ses visions de l’au-delà, du Jugement, etc. Il ne contient aucune erreur ni approximation doctrinale et montre une cohérence profonde avec la foi catholique. Ces visions sont un véritable outil pour l’édification spirituelle. En étant un signe de la transcendance réelle de Dieu, la vie mystique apporte une réponse aux doutes rationalistes : la foi catholique permet un véritable contact avec le mystère divin.
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Les visions mystiques de Brigitte se poursuivent sa vie durant : à Milan, à Saint-Pierre de Rome le 24 décembre 1349, puis à Saint-Paul-hors-les-Murs devant un crucifix, à Jérusalem plus tard, etc. Les nombreux messages reçus ne peuvent être l’invention de Brigitte ni de son entourage : ils contiennent une foule de détails inconnus d’elle, de ses confesseurs et des religieuses de son ordre.
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Les prophéties de sainte Brigitte ne sont ni des paroles en l’air ni des propos approximatifs : outre les références au conflit franco-anglais, l’exactitude avec laquelle elles peignent l’avenir de la papauté et de l’Église est stupéfiante. La sainte dialogue en ce sens avec le pape Urbain V, puis avec son successeur Grégoire XI : elle appelle publiquement le pape à revenir sur le siège de saint Pierre, à Rome, estimant à raison que l’exil à Avignon déstabilise l’Église. Son impulsion favorable à l’unité de l’Église est véritablement prophétique : en effet, cinq ans seulement après sa disparition, en 1378, le grand schisme d’Occident divise l’Église catholique en deux partis rivaux.
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D’autres messages concernent les affaires publiques et l’action politique : ils prodiguent des conseils précis au roi de Suède pour gouverner en prince chrétien et évoquent avec force et perspicacité les réformes à entreprendre. Au XIVe siècle, de telles considérations (venant d’une femme qui n’était même pas reine) n’auraient jamais étaient prises au sérieux, à moins d’être prodigieusement éclairantes.
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Au moins trois papes, ainsi que les pères du concile de Bâle, en 1436, ont affirmé l’exactitude des phénomènes mystiques de sainte Brigitte, en particulier ses visions, ses prophéties et les messages recueillis lors des visites que lui fit Jésus. L’attachement que lui portent les plus hauts dignitaires ecclésiastiques depuis le XIVe siècle ne s’est jamais démenti. Elle est canonisée dès 1391, soit seulement dix-huit ans après sa mort, à une époque où les enquêtes sur les candidats aux autels sont déjà dirigées avec une grande rigueur.
En savoir plus
Brigitte Birgersdotter, fille de Birger Persson, sénateur et sénéchal, voit le jour en 1303 dans la province suédoise de l’Uppland. Par sa mère, la fillette est apparentée à la famille régnante. Les parents sont croyants et confiants en Dieu. La future sainte reçoit une éducation aristocratique soignée. Très tôt, elle espère s’engager au service de Jésus.
Âgée de sept ans, elle a une première apparition de la Vierge Marie. Quelques années plus tard, le Christ en Croix lui apparaît à son tour. L’adolescente est terrifiée par l’aspect physique du Messie et, toute sa vie, elle éprouvera de la dévotion pour les plaies du Crucifié.
Son milieu rejetant son projet de vie consacrée, elle se marie en 1316 (elle n’a alors que treize ans) avec un jeune homme de la haute noblesse, âgé, quant à lui, de dix-huit ans, Ulf Gudmarson, futur sénéchal du royaume, qui lui donne huit enfants, dont trois meurent en bas âge. Avec son époux, elle mène une vie chrétienne exemplaire :prière, étude de la Bible et célébration des offices liturgiques. Charitable, Brigitte vient en aide aux pauvres de sa région et fait construire un dispensaire à l’intérieur du domaine familial d’Ulvasa.
En 1341, à une époque où les routes présentent mille dangers, Brigitte et son mari partent à pied pour Saint-Jacques-de-Compostelle (Espagne). Sur la route du retour, Ulf tombe malade et doit se retirer au monastère cistercien d’Alvastra, où il meurt en 1344. Devenue veuve, Brigitte s’installe d’abord dans une dépendance du monastère où son époux a succombé. Là, Dieu va la gratifier de charismes exceptionnels : visions, don de prophétie, extases… Le père Pierre Olafsson, prieur, devient son confesseur. Il recueille les messages célestes, reçus en suédois, et il les traduit immédiatement en latin. Brigitte relit tout elle-même, afin de s’assurer que les traductions soient conformes. Ses prophéties, exactes, circonstanciées, évoquent l’Évangile et les dangers que court alors l’Église d’Avignon si le pape refuse, comme ses révélations privées le demandent, de revenir à Rome. Cinq ans seulement après sa mort, le grand schisme d’Occident déchire le monde catholique pour plusieurs décennies en deux factions rivales. La future sainte n’a de cesse de supplier Urbain V puis Grégoire XI d’œuvrer pour l’unité de l’Église.
Brigitte, tout en poursuivant son apostolat auprès des pauvres, fonde un nouvel ordre consacré au Saint Sauveur, les Brigittines, qui sera approuvé par la papauté quelques années plus tard.
En 1371, elle décide de se rendre en Terre sainte, accompagnée de quelques hommes en armes. La découverte de cette région du monde est pour elle une joie absolue. À cette époque, elle reçoit un grand nombre de messages surnaturels sur la Passion du Christ, sa Nativité, la vie de la Vierge, le Cénacle, le Jardin des Oliviers au Ier siècle, etc. La sainte est associée à la vie du Christ, en particulier à sa Passion, vivant chaque étape selon un ordre chronologique parfait.
Brigitte trouve la mort en 1373 alors qu’elle séjourne à Rome. Elle est canonisée le 23 juillet 1391. Son livre, les Révélations, contenant l’ensemble des messages prophétiques et spirituels reçus au cours de son existence, n’a jamais cessé d’être réédité depuis le XVe siècle. Elles ont encore été rééditées à notre époque, en douze volumes, de 1971 à 2001.
Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.
Au delà
Le pape Jean-Paul II l’a proclamée en 1999 co-patronne de l’Europe aux côtés de sainte Catherine de Sienne et d’ Édith Stein .
Aller plus loin
Bernard Forthomme, « Brigitte de Suède, sainte, visionnaire et prophétesse », dans Les Femmes mystiques. Histoire et dictionnaire, sous la direction d’Audrey Fella, collection « Bouquins », Robert Laffont, 2013, p. 185-188.
En complément
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Corinne Péneau, « Révélations et élections : le corps du roi et la parole dans les Révélations de sainte Brigitte », Médiévales, no 50, 2006, p. 77-102.
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Sylvia Schein, « Bridget of Sweden, Margery Kempe and women’s Jerusalem pilgrimages in the middle ages »,Mediterranean Historical Review, vol. 14, no 1, 1999, p. 44–58.
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Bénédicte Demeulenaere, Sainte Brigitte de Suède : mystique et femme de tête, Monaco, Le Rocher, 1996.
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En octobre 2010, le pape Benoît XVI consacre sa catéchèse publique à la sainte. Disponible en ligne et en audio .
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Sur le site Internet du Collège des Bernardins, l’article : « Sainte Brigitte de Suède, patronne de l’Europe ».
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Dans le Guide des saints d’Hozana : « Vie, révélations, oraisons, prières de sainte Brigitte de Suède ».