
L’œuvre de Laurent de Brindes, lumière pour l’intelligence de la foi chrétienne
Laurent de Brindes, selon le nom religieux que la postérité lui a donné, est né en 1559 dans la ville homonyme, au royaume de Naples, alors possession espagnole. Prêtre capucin – une réforme de l’ordre franciscain –, il dédie sa vie à l’activité apostolique par la prédication et l’écriture : ses nombreux ouvrages sont des lumières pour l’intelligence de la foi chrétienne. La congrégation lui doit son développement en Autriche et en Bohème. Il est aussi chargé de missions diplomatiques auprès de l’empereur des Romains, Rodolphe II, qui lutte contre les Turcs, ou en Allemagne afin de défendre et raviver la foi catholique. Il meurt à Lisbonne, le 22 juillet 1619. Il est canonisé puis déclaré docteur de l’Église en 1959.
Les raisons d'y croire
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Il prononce ses vœux le 24 mars 1576 chez les Capucins de la province de Venise, à Vérone. Il prend le nom de Laurent, en souvenir du diacre saint Laurent, mort martyr sur le gril en 258. Il a alors dix-neuf ans : alors que beaucoup d’autres jeunes gens préfèrent à cet âge les plaisirs qu’offre la vie, lui choisit la vie religieuse pour suivre Jésus-Christ, en observant les vœux de pauvreté, de chasteté parfaite et d’obéissance.
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Au couvent de Padoue, des études de philosophie et de théologie particulièrement soignées le préparent au ministère de la prédication et aux controverses auxquelles il devra prendre part. D’une intelligence vive et brillante, doté d’une mémoire hors du commun, il parviendra à répondre avec clarté aux idées hérétiques de son temps. Son intelligence orientée vers la foi témoigne que foi et raison sont pleinement compatibles dans la tradition catholique : son génie n’a pas contredit la foi, il l’a servie. L’édition critique de ses Œuvres complètes, entamée en 1928, comprend actuellement dix épais volumes. Le frère Laurent illustre parfaitement l’attrait pour les études et le labeur fructueux que l’Église a toujours entrepris dans ces domaines.
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Laurent parlait au moins neuf langues (latin, grec, hébreu, italien, allemand, espagnol, français, syriaque, arabe). Connaître les langues anciennes (latine, grecque, hébraïque, araméenne et syriaque) lui permet de lire la Bible, la littérature rabbinique, les écrits des Pères de l’Église et les écrivains ecclésiastiques de l’Antiquité chrétienne dans les langues originales. Il rencontre de nombreux rabbins qui demeurent stupéfaits par son érudition, et il donne des leçons d’Écriture sainte en hébreu aux Juifs de Rome eux-mêmes.
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Ordonné prêtre le 18 décembre 1582, il se consacre avec succès à la prédication, voyageant à travers l’Italie et une grande partie de l’Europe, et prêchant dans leur langue à presque tous les peuples d’Europe. Son activité apostolique est fructueuse au point qu’il est appelé Doctor apostolicus. On recense plus de huit cent cinquante homélies de sa main. Cette fécondité missionnaire hors norme est le fruit d’une grâce spéciale.
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Tous voient que la doctrine qu’il enseigne s’incarne dans les vertus qu’il pratique. Cette cohérence, toujours constatée dans la vie des saints, entraîne à sa suite ses contemporains vers le Christ : « Même les fidèles les plus simples, dépourvus d’une grande culture, tirèrent profit de la parole convaincante de Laurent, qui s’adressait aux personnes humbles pour rappeler à tous la cohérence de leur vie avec la foi professée. Cela a été un grand mérite des capucins et d’autres ordres religieux, qui, aux XVIIe et XVIIIe siècles, contribuèrent au renouveau de la vie chrétienne en pénétrant en profondeur dans la société à travers leur témoignage de vie et leur enseignement » (Benoît XVI, Audience générale).
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En 1606, en Allemagne, où l’envoie le pape Paul V, il défend avec douceur et clarté les fondements scripturaires et patristiques de la foi catholique contre les attaques de Martin Luther. Le primat du pape, l’origine divine de l’épiscopat, la justification comme transformation intérieure de l’homme et la nécessité des bonnes œuvres pour le salut sont des thèmes de controverse qu’il aborde de manière exhaustive et parfaitement convaincante.
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Il célèbre la messe avec une grande piété, prolongeant parfois longuement sa célébration, emporté par l’extase.
En savoir plus
Laurent, selon le nom qu’il prend en entrant chez les Capucins, naît à Brindes (Brindisi), dans les Pouilles (le talon de la botte italienne), le 22 juillet 1559. Ses parents, Guillaume Rossi et Élisabeth Masella, le prénomment Jules César (nom courant en Italie). Le jeune Jules semble porté dès le plus jeune âge à la prédication : ses contemporains affirment que, tout jeune encore, il imite les prédicateurs et harangue devant le portail de la cathédrale de Brindes ceux qui s’arrêtent. Est-ce un présage ?
La rigueur ascétique qu’il acquiert chez les capucins de Vérone lui permettra de mettre toute son énergie, intellectuelle, morale et physique, au service de l’action apostolique. Ordonné prêtre en 1582, il assume de nombreuses charges dans l’ordre. Ses talents intellectuels lui valent d’être lecteur en théologie et en Écriture sainte (c’est-à-dire d’enseigner ces matières) au couvent de Venise l’année suivante et jusqu’en 1586, date à laquelle il est nommé supérieur et maître des novices au couvent de Bassano del Grappa, près de Vicence (Vicenza). Puis ce sont les charges provinciales et celles de la curie générale qui lui incombent : d’abord ministre provincial en Toscane de 1590 à 1592, il devient définiteur général (charge de conseil auprès du ministre général) de 1596 à 1602 et ministre général – il reçoit la charge du gouvernement général de l’ordre – de cette année à 1605.
Le père Laurent est envoyé entre 1601 et 1602 par le pape Clément VIII auprès de l’empereur Rodolphe II de Habsbourg. Ce prince commande alors les forces catholiques contre les Turcs. Il a nommé comme lieutenant-général des armées impériales en Hongrie le duc de Mercœur, Philippe-Emmanuel de Lorraine, dont saint François de Sales dira, à l’occasion de son oraison funèbre, qu’il prononcera le jour de son inhumation : « Le duc de Mercœur avait toujours en son armée des pères capucins, lesquels, portant une grande croix, non seulement animaient les soldats, mais aussi, après la confession générale que tous les catholiques faisaient en signe de contrition, leur donnaient la sainte bénédiction. Mais, surtout, c’était une belle chose que de voir ce général exhorter ses capitaines à la constance, leur remontrer que, s’ils mouraient, ce serait avec le mérite du martyre, et parler à chacun en sa propre langue, français, allemand, italien » (Œuvres complètes, édition d’Annecy, VII, p. 448). Le père Laurent fait partie de ces pères capucins, veille au bon état moral de l’armée, et encourage les hommes à se confesser avant de prendre part au combat. Il fait aussi preuve d’une ferveur mystique remarquable qui enflamme les soldats, au point que Clément VIII dit de lui : « Ce capucin, animateur spirituel, vaut une armée entière. » En 1601, lors de la bataille contre les musulmans, en Hongrie, qui aboutit à la prise d’Albe Royale (l’actuelle Szekesfehervar), il entre courageusement au combat, menant les soldats chrétiens à la victoire.
En 1618, le père Laurent se rend à Lisbonne pour intercéder auprès du roi d’Espagne, Philippe III, en faveur de ses sujets napolitains, opprimés par le vice-roi Pedro Tellez-Giron, duc d’Osuna. Il meurt à Belem, près de Lisbonne, durant cette mission, le 22 juillet 1619. Il est alors âgé de soixante ans. Le père Laurent de Brindes est élevé au rang des bienheureux le 1er juin 1783 par le pape Pie VI, et canonisé le 8 décembre 1881 par le pape Léon XIII. Le 19 mars 1959, par le bref apostolique Celsitudo ex humilitate, le pape Jean XXIII le proclame docteur de l’Égliseuniverselle : ses nombreux ouvrages exégétiques, théologiques, apologétiques et oratoires (parmi lesquels le traité sur la Sainte Vierge mérite d’être mentionné) sont des lumières pour l’intelligence de la foi chrétienne.
Docteur en philosophie, Vincent-Marie Thomas est prêtre.
Aller plus loin
Arthur de Carmignano, O.F.M. Cap., Saint Laurent de Brindes : essai biographique, Rome, Postulation générale des Frères Mineurs Capucins, 1959, 163 p.
En complément
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Benoît XVI, audience générale du 23 mars 2011. Disponible sur le site du Vatican.
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Laurent d’Aoste O.F.M. Cap., Le Bienheureux Laurent de Brindes, général des Frères Mineurs Capucins, Paris, Poussielgues, 1867, 472 p.
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Arthur de Carmignano, O.F.M. Cap., Mission diplomatique de saint Laurent de Brindes auprès de Philippe III en faveur de la Ligue catholique allemande (1609), Padoue, 1964, 83 p.