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Corps conservés des saints
Mantoue (Italie)
Nº 669
1449 – 1505

Le temps n’a aucune prise sur la dépouille d’Osanna de Mantoue (+1505)

Malgré l’incompréhension des siens, une famille italienne de grande noblesse, Osanna Andreasi (1449 – 1505) consacre sa vie à Dieu dès l’enfance. Sur le modèle de sainte Catherine de Sienne, elle devient tertiaire dominicaine et sa vie spirituelle profonde s’accompagne de phénomènes mystiques. Osanna exerce aussi une forte influence spirituelle sur les élites de Mantoue, les guidant dans la paix et la foi. Après sa mort, le 18 juin 1505, son corps demeure plusieurs siècles incorrompu, signe tangible de grâce divine. L’Église a reconnu son culte dès le XVIe siècle, soulignant le témoignage de vérité et de beauté que constitue sa vie en faveur de la foi chrétienne.


Les raisons d'y croire

  • L’incorruptibilité du corps de la bienheureuse Osanna est particulièrement bien documentée. En effet, les archives locales et l’évêché de Mantoue conservent les documents relatifs à son enterrement, le décret d’inhumation et les récits des exhumations successives.

  • Après sa mort, le 18 juin 1505, Osanna est inhumée dans l’église Saint-Dominique, à Mantoue, dans uncercueil simple, en bois, conformément à l’humilité prônée par l’ordre dominicain. Mais, trois ans plus tard, en 1508, lors de la première exhumation, on observe que la dépouille est restée fraîche et souple, ce qui est totalement contraire au processus naturel : normalement, dans ces conditions, les premiers signes de décomposition apparaissent en quelques mois.

  • Le 18 mai 1521, le pape Léon X promulgue un décret entérinant le culte rendu à Osanna de Mantoue, dans lequel il est fait mention du miracle d’incorruption : « Son corps [...] fut déposé dans l’église des frères prêcheurs de la ville ; trois ans plus tard, exhumé pour le placer dans une arche de marbre voulue par la vénération [...], il fut trouvé encore intact. Depuis lors, il a été et est encore l’objet d’une grande dévotion. »

  • Au cours des siècles, les évolutions de l’état de la dépouille ont été suivies et consignées avec précision. La conservation du corps est indubitablement surnaturelle. Ce n’est qu’en 1699 (194 ans après sa mort), que le corps, « légèrement desséché », commence à noircir. En 1965, un examen médical officiel confirme un état de conservation admirable et inexplicable, bien que le corps soit à présent desséché et ridé.

  • En 2003, une nouvelle exhumation est réalisée à des fins scientifiques. Des radiologues et des médecins légistes examinent la dépouille. Les scientifiques confirment que le corps est authentique et qu’« aucun processus d’embaumement n’a été détecté ». Ce n’est qu’en 2010 que des mesures de conservation artificielle sont entreprises, notamment des résines écologiques, pour la reconstruction du visage.

  • Aujourd’hui, la dépouille de la bienheureuse repose dans le transept gauche de la cathédrale San Pietro Apostolo, à Mantoue, dans le second autel à gauche. Elle est exposée trois fois par an, notamment le 18 juin, lors de sa fête. Ainsi, le corps extraordinairement bien conservé d’Osanna de Mantoue demeure, encore aujourd’hui malgré les siècles, un signe manifeste donné par Dieu pour préfigurer la résurrection du corps et la gloire réservée aux saints.

  • Osanna Andreasi est d’ailleurs déjà reconnue comme sainte de son vivant. À la cour, on fait référence à elle comme la « santa viva » (« la sainte vivante »). De nombreuses personnes viennent donc chercher ses conseils, y compris la famille régnante de Mantoue, les Gonzaga. Osanna fut un pilier de paix et de réforme spirituelle, montrant que la foi chrétienne est lumière pour le monde.

  • Osanna a mis par écrit le récit de ses expériences spirituelles et mystiques pour son confesseur, le moine bénédictin Girolamo de Monte Oliveto, qui rédigea la biographie de la bienheureuse en 1507. Mais, déjà en 1505, une autre avait été écrite par le dominicain Sylvestre de Ferrare. Ces deux récits ne peuvent pas diverger beaucoup de la réalité, puisqu’ils sont rédigés très rapidement après la mort de l’intéressée. À cela s’ajoutent les échanges épistolaires d’Osanna Andreasi – pas moins de quatre-vingt-dix lettres nous sont parvenues. Nous sommes donc parfaitement renseignés sur les événements de sa vie.

  • La première vision d’Osanna se produit lorsqu’elle a cinq ans, ouvrant une vie mystique intense et durable. Dès l’enfance, elle a des visions des anges, du paradis, de la Trinité… À un âge si tendre, la complexité des thèmes théologiques dont il est question et sa compréhension subtile de l’amour divin sont gages de la réalité de ces expériences mystiques.

  • Le point culminant de ses ravissements mystiques est certainement sa participation à la passion du Christ. À l’âge de trente ans, Osanna reçoit les stigmates sur son front, son flanc et ses pieds : ils ne prennent pas la forme de plaies ouvertes, mais de turgescences, « comme des taches rouges douloureuses, particulièrement les mercredis et vendredis, jours où elle revivait les souffrances de la Passion ».


En savoir plus

Osanna Andreasi naît le 17 janvier 1449 dans une noble famille de Mantoue (Italie). Son âme se tourne vers Dieu très tôt et elle reçoit des grâces mystiques extraordinaires : à l’âge de cinq ans, elle a une vision de la Sainte Trinité, qui marquera toute sa vie spirituelle.

L’univers social dont elle fait partie est dominé par les ambitions mondaines. Osanna, dont la beauté physique est soulignée par ses biographes, refuse pourtant le mariage et consacre sa virginité au Christ. Elle choisit une vie simple, vouée à Dieu et devient tertiaire dominicaine à l’âge de quatorze ans. Elle embrasse donc la pauvreté et la prière. Sans entrer au couvent, elle choisit de vivre sa foi au cœur du monde. Dès lors, elle adopte un mode de vie parfaitement sobre, s’employant pour des œuvres de charité en utilisant ses ressources familiales.

Souhaitant vivre une union profonde avec le Christ souffrant, Osanna fait preuve d’une fidélité extraordinaire dans l’ascèse et la prière. Suivant l’exemple de la Vierge Marie, elle passe la majorité de son temps en oraison, absorbée dans la contemplation ou la méditation de la Parole de Dieu. « Elle passait de nombreuses heures en prière, souvent en extase, parlant à Dieu avec une telle ferveur que ceux qui l’écoutaient étaient profondément touchés.» Sa vie mystique se développe : visions, extases, prophéties et stigmates ponctuent son quotidien.

Au sujet de ses extases, Osanna explique au père Jérôme : « Quelle consolation et quelle joie Dieu répand dans l’âme, quand il l’attire près de lui, pour s’unir à elle. Dans ces moments-là, toutes les forces du corps sont affaiblies et inertes, tandis que l’âme descend vers des visions magnifiques, jamais vues par l’œil humain, jamais entendues par l’oreille humaine. Dans la douceur de cette union, l’âme n’est distraite ni à droite ni à gauche, elle se réjouit exclusivement de la vision et de la majesté éternelle de Dieu. Le corps ne ressent alors plus rien, car toutes ses forces sont liées et presque aspirées par la puissance supérieure de l’âme. Quel esprit pourrait comprendre, quel langage pourrait décrire ce que l’âme voit à l’image de la lumière infinie de la majesté divine ! »

Plusieurs œuvres d’art, comme le dessin de Giulio Romano, de 1546, La Bienheureuse Osanna Andreasi avec un ange, foulant le démon aux pieds (conservé au musée du Louvre), illustrent les caractéristiques connues de sa vie mystique.

La sagesse spirituelle d’Osanna Andreasi attire beaucoup de monde à elle. « Quiconque arrivait, à peine lui manifestait-il son cœur et déclarait-il ses peines ou calamités, avec deux paroles d’Osanna, il devenait si serein et apaisé que même le souvenir de sa douleur s’effaçait. » C’est le cas aussi des évêques, des nobles et des princes. Dès lors, les conseils qu’elle prodigue agissent positivement sur la vie religieuse, morale et politique de la région mantouane. Toutefois, cette influence qu’elle exerce ne lui fait pas perdre un brin de modestie. Son âme, comblée par Dieu, lui fait garder une humilité totale : «Je suis une pauvre pécheresse, mais je mets toute ma confiance en la miséricorde de Dieu» (lettre d’Osanna à dom Jérôme de Mont-Olivet).

Vie mystique, conseil auprès des puissants : Osanna de Mantoue présente plusieurs traits spirituels qui la rapprochent de sainte Catherine de Sienne , également tertiaire dominicaine. D’ailleurs, comme elle, à la fin de sa vie et pendant plusieurs années, Osanna vécut presque sans manger.

Lors d’une vision, un ange avait expliqué à Osanna : « La vie et la mort consistent à aimer Dieu. […] Pour entrer au ciel, il est nécessaire d’aimer beaucoup Dieu : regarde comment toutes les choses créées chantent sa gloire et la proclament aux hommes» (extrait de la biographie écrite par dom Jérôme de Mont-Olivet). C’est bien dans cette optique qu’Osanna Andreasi vécut jusqu’à sa mort, le 18 juin 1505.

Solveig Parent


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