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© CC BY-SA 4.0/Andy Scott
Les saints
Milan (Italie)
Nº 624
1991 – 2006

Carlo Acutis, faire-valoir de Jésus Hostie (+2006)

La vie de Carlo Acutis, jeune italien de notre siècle, est un puissant « faire-valoir » de Jésus Hostie. À force d’exercer les vertus, Carlo est devenu lui-même un véritable ostensoir du Christ. Ses parents, Andrea et Antonia Salzano-Acutis sont catholiques de tradition, mais pas pratiquants. Cependant, dès son jeune âge, Carlo découvre Jésus et développe une vie intérieure exceptionnelle. Il est pressé de rencontrer le Seigneur face à face, sans passer par le purgatoire, en allant tout droit au Ciel. Pour cela, il cherche sans cesse à utiliser efficacement son temps pour faire le bien autour de lui. Cette âme de feu est rappelée à Dieu subitement, à quinze ans seulement, à cause d’une leucémie incurable. Mais, si sa mission terrestre est accomplie, sa mission céleste ne fait que commencer : ce sont des myriades de fioretti et de grâces qu’il obtient de Dieu pour tous ici-bas et que la nouvelle génération connectée peut explorer sans difficulté.


Les raisons d'y croire

  • Carlo est choyé ; il ne manque de rien, car la famille Acutis est aisée. Pourtant, il n’est jamais tenté par le matérialisme. Il résiste aux excès et aux distractions vaines ; tout prend une juste place dans sa vie, parce qu’il comprend très vite que la source de toute chose est Jésus vivant dans l’eucharistie. Les sacrements sont pour lui des « moyens exceptionnels » pour s’approcher de Dieu. Depuis le jour de sa première communion, il ne manque aucune messe quotidienne et se confesse une fois par semaine.

  • La foi en l’Eucharistie est en effet centrale chez Carlo : il passe de longs moments en adoration devant le saint sacrement. Sa maman, qui s’interroge sur ce qu’il peut bien dire au bon Dieu dans ce long silence, reçoit cette réponse : « Maman, je ne lui dis rien de spécial. Je suis juste là, avec lui. Et lui, il est là, avec moi. » Ainsi, le comportement de ce jeune adolescent témoigne de la relation véritable qui peut s’établir dans la prière avec la personne vivante du Christ.

  • Carlo est parfois moqué, traité de bigot... Il est un signe de contradiction pour son temps, mais rien ne semble pouvoir le faire douter ou faillir. Sa foi est inébranlable.

  • Depuis tout jeune, régulièrement, Carlo se prive ou partage les choses dont il peut se passer. Un jour, il demande à ses parents ce qu’ils auraient dépensé pour lui acheter une deuxième paire de baskets, afin de donner cet argent à quelqu’un qui en avait besoin. Une autre fois, il dit à ses parents qu’il n’ira pas au ski pour aller enseigner le catéchisme dans sa paroisse. Ces actes démontrent que servir Dieu est une priorité dans sa vie.

  • Carlo ne se contente pas de donner matériellement, il rentre en relation avec la personne et lui manifeste toujours une attention sincère. Les liens d’amitié qu’il tisse ainsi sont visibles à ses funérailles, durant lesquelles des gens complètement inconnus de sa famille ont témoigné.

  • Le comportement de Carlo interpelle si fortement que maintes personnes de son entourage se convertissent à leur tour. Ses parents, bouleversés, se laissent transformer par la grâce et deviennent des soutiens spirituels. C’est aussi le cas de Rajesh Mohur, la personne qui s’est occupée de Carlo lorsque ses parents n’en avaient pas la possibilité. De religion hindouiste, il se convertit à son contact, après des années de recherche spirituelle : « Son comportement me marquait quand il était à l’église, il était tellement respectueux. Il savait que Jésus vivait là… Cela a touché mon cœur. »

  • Il est intéressant de relever la grande conscience que Carlo a de l’existence du paradis et de l’enfer. Il prend complètement en compte ces réalités : « Si vraiment les âmes courent le risque de se damner, comme en effet tant de saints en ont témoigné et comme l’ont confirmé les apparitions de Fatima, je me demande pourquoi, aujourd’hui, on ne parle presque jamais de l’enfer, parce que c’est une chose tellement terrible et épouvantable que je suis effrayé, rien que d’y penser… l’unique chose que nous devions vraiment craindre est le péché. »

  • Grâce à des exemples comme saint Padre Pio, sainte Zita ou sainte Gemma (et bien d’autres), dont il visite les lieux dédiés, Carlo renforce aussi sa certitude de pouvoir compter sur son ange gardien, et il ne manque pas de le prier. Beaucoup de petits signes de sa présence lui sont donnés au quotidien, observés également par son entourage.

  • Passionné d’informatique et interpellé par la découverte du miracle eucharistique de Lanciano , Carlo met son temps, son énergie et ses talents au service de l’évangélisation afin de créer une exposition virtuelle recensant, à travers le monde et les époques, les cent trente-six principaux miracles eucharistiques attestés qui révèlent la Présence réelle de Jésus caché dans l’hostie consacrée. Cette exposition touche aujourd’hui des milliers de personnes à travers le monde.

  • Quand il tombe malade, la leucémie est foudroyante et douloureuse. Carlo doit supporter des examens et des traitements difficiles, mais sa joie et son optimisme restent inchangés et même contagieux. Il continue de consoler et de rassurer sereinement son entourage, et il prie dès qu’il le peut. Le personnel soignant en témoignera.

  • Il prédit sa mort au moins à deux reprises. Lorsque l’ambulance l’emmène pour un transfert dans un nouvel hôpital, il sait déjà et prévient sa mère : « Ne t’attends pas à ce que je revienne vivant. »

  • Carlo, enfant unique, prédit également que sa mère donnera naissance à des jumeaux après sa mort, ce qui arrivera effectivement. Francesca et Michele sont nés quelques années après le décès de Carlo.

  • Après sa mort, de nombreux témoignages de grâces et de miracles sont attribués à son intercession. Une guérison inexplicable est étudiée en détail et reconnue comme un miracle pour son procès de béatification : un enfant brésilien atteint d’une grave malformation au pancréas est guéri après avoir touché une relique de Carlo et prié pour son intercession.

  • Le 8 juillet 2022, alors qu’une maman prie devant la dépouille du bienheureux pour sa fille, Valeria, qui a subi un grave accident de vélo six jours plus tôt et qui est depuis entre la vie et la mort, l’hôpital l’informe que Valeria recommence à respirer spontanément. Bien que les chances de survie après son grave traumatisme crânien étaient quasi nulles, elle se rétablit. Cette guérison, dûment enquêtée, conduit à la canonisation de Carlo Acutis.

  • Lors de l’exhumation de sa dépouille, en 2018 (douze ans après sa mort), en vue du procès de canonisation, le corps de Carlo est retrouvé « intègre », c’est-à-dire que ses organes ne se sont pas putréfiés, comme c’est le cas normalement.


En savoir plus

De son vivant, Carlo est fils unique. Il naît dans une famille aisée où tout lui sourit. Douze jours après sa naissance, il est baptisé, le 15 mai 2006, malgré l’absence de pratique religieuse de ses parents. Il est choyé, mais ne sera jamais tenté par le matérialisme. Tout prend une juste place dans sa vie, parce qu’il comprend très vite que la source de toute chose est Jésus vivant dans l’eucharistie. « Pour recevoir plus de grâces, il faut être assidu au sacrement de l’Eucharistie. » Il met totalement en pratique ce qu’il dit, et de cette pratique découlent toutes les vertus observées dans sa vie : simplicité, humilité, joie, charité… Il se construit des programmes de vie spirituelle pour s’améliorer chaque jour et lit énormément les Saintes Écritures ainsi que les vies des saints. Rien ne compte plus que cela dans ses journées. Tout petit, il manifeste déjà un intérêt pour les choses surnaturelles et a vite soif de connaître et d’aimer Jésus lorsque Beata, une aide au foyer qui s’occupe de lui petit, et sa grand-mère maternelle lui parlent de Jésus et lui racontent la Bible. C’est un enfant vif, qui s’intéresse à tout ce qui l’entoure. Cette capacité à observer, puis à en tirer des réflexions et des vertus concrètes à exercer, est caractéristique de sa personnalité et étonne évidemment ses parents, à tel point qu’assez rapidement (Carlo a quatre ans), sa maman Antonia décide de se former en théologie pour pouvoir répondre à ses questions. Elle rencontre alors un prêtre, sans se douter que, grâce à son fils, elle s’apprête à recommencer un chemin de foi. Antonia va avec Carlo à la messe dès qu’elle le peut et se met à interpréter les événements de la vie différemment, avec un nouveau regard de foi. Elle change aussi ses habitudes de confort pour imiter son fils. Ainsi, la grâce agit aussi en elle et en son mari et, au lieu de s’opposer à la foi de leur fils, tous les deux l’accompagnent.

C’est pourtant « un petit garçon comme tous les autres », dira-t-elle, pour rectifier l’impression que son fils serait né avec une auréole. Il est « devenu » saint par son désir de suivre Jésus. Carlo se corrige quand il agit mal, comme au primaire, où il reconnaissait être assez bavard. Il fait alors un examen de conscience poussé,le soir, dans sa prière, et se donne des notes pour s’améliorer. Ce qui fait de lui une personne extraordinaire à nos yeux, c’est le fait qu’il mette en pratique immédiatement les préceptes qu’il reçoit.

Carlo ne cherche pas à imposer sa foi ni ne fait de grands discours, mais il vit simplement la sienne avec joie et authenticité, ce qui attire ses amis ou ses proches. Sa maman, Antonia, témoigne l’avoir entendu plus d’une fois consoler, rassurer, conseiller des amis. Il veut aider les autres, surtout quand il sent une difficulté particulière chez quelqu’un. Il rédige d’ailleurs un Kit de sainteté, selon ses mots, pour guider et encourager ceux qui souhaitent emprunter ce chemin. Des méditations, des réflexions ou des enseignements sont trouvés en nombre sur son ordinateur, concernant la religion, le catéchisme, les évangiles, etc. qui témoignent de ses nombreuses lectures et des connaissances acquises.

Carlo est un enfant normal dans le sens où il n’est ni moralisateur, ni terne, ni aigri. C’est un bon compagnon, il est joyeux et agréable, aime la montagne, le sport et les jeux vidéo ou les films policiers. Il aime aussi beaucoup les animaux, chats et chiens en particulier – ils en ont quatre, dont il s’occupe beaucoup et qu’il aime mettre en scène dans des vidéos comiques. Cette affection à leur égard est déjà un reflet de son amour pour la création, à l’image de saint François qu’il affectionne particulièrement. Il joue volontiers au football, apprend en autodidacte le saxophone et, plus tard, se passionne pour l’informatique. Il fait ainsi fructifier les talents qu’il a reçus de Dieu.

Carlo aime transmettre naturellement et simplement, s’étonnant parfois que les autres ne partagent pas toujours la même fougue, ce qui accentue sa candeur. Il déteste la vantardise, le fait de se mettre en avant et n’a aucun attrait pour la mode, alors que ses parents ont les moyens de lui acheter ce qu’il souhaite. À l’école, il noue de fortes amitiés, mais il n’est pas toujours compris. Plusieurs se demandent, par exemple, pourquoi il passe toujours ses vacances à Assise, alors que ses parents pourraient lui offrir des voyages dans des pays lointains et des lieux exotiques. Peu avant de mourir, Carlo confiera à son père spirituel : « Assise est le lieu où je me sens le plus heureux ! »

En grandissant, face aux menaces d’addictions courantes pour les jeunes de son âge et dont il est parfois témoin, Carlo ose la pureté et la chasteté. Il encourage ses amis à ne pas aller sur les sites pornographiques et limite son temps de jeu vidéo à une heure par semaine. Cela illustre sa volonté de se maîtriser et de ne pas se laisser dominer par des plaisirs passagers, pour rester fixé sur l’essentiel.

Les nombreuses amitiés de l’adolescent, masculines comme féminines, se maintiennent dans les limites d’une chasteté sans compromission. Il refuse tout ce qui aurait attrait à l’impureté ou à l’irrespect du corps. À plusieurs reprises, sans crainte du jugement des autres, il expose sa position ferme concernant l’avortement, argumentant que l’embryon est un être humain dès sa conception et que sa suppression est un homicide, tout en essayant de ne pas blesser et de montrer qu’il comprend la difficulté et la peine ressenties dans certaines situations.

À sa mort, le 12 octobre 2006, il a dit en souriant à sa mère : « Je suis content de mourir parce que je n’ai pas gâché une minute de ma vie en choses qui ne plaisent pas à Dieu. »Sa courte vie nous fait vibrer comme lorsqu’on aperçoit une comète dans le firmament : elle est rapide, intense et lumineuse.

Carlo est vénéré comme bienheureux par l’Église catholique depuis le 10 octobre 2020, et sa dépouille est exposée à Assise (Italie) pour que les fidèles puissent venir le prier. Sa canonisation a été annoncée. Être officiellement ajouté au nombre des saints, c’est ce que signifie une canonisation. Le Seigneur a donc voulu que ce saint soit connu de tous et puisse être prié. Le fait d’être canonisé n’est pas ce que Carlo recherchait – ce serait le triomphe de l’orgueil. Il désirait la sainteté pour retrouver Jésus et la cour céleste : « Notre objectif doit être l’infini, pas le fini. » « Être toujours uni à Jésus, voilà le but de ma vie », écrivait-il déjà à sept ans, au lendemain de sa première communion.

Elisabeth de Sansal, pigiste, a étudié la bioéthique à Rome pendant quatre ans.


Au delà

Si l’on se sent incapable ou frustré vis-à-vis d’une telle sainteté, ou même si l’on est tenté de ne pas y croire…, il est urgent de changer de regard. Il est vrai que la sainteté force l’admiration et peut aussi dérouter, sembler un mystère pour le commun des mortels. Qui ne se sent pas en décalage dans sa vie personnelle face à une telle pureté et à une telle conscience de la vie éternelle ?

Quel est le secret de Carlo ? Il répond finalement à cette question qui, avouons-le, est sur toutes les lèvres à la lecture de la vie de certains saints, touchés par la grâce dès la naissance. Il y a en chacun de nous la possibilité d’être saint, avec ou sans prédisposition, et en chacun de nous la possibilité d’enfouir cette quête, avec ou sans prédisposition. La prédisposition à la grâce, c’est le baptême. Ce n’est pas le tempérament ou quelques facilités innées qui font que la grâce est abondante et communicative. Il s’agit bien de recevoir la grâce de la foi par le baptême. Carlo a accueilli ce don et la greffe a pris, il est vrai, dans « un terreau fertile », comme le dit sa mère : un tempérament optimiste, foncièrement docile et des capacités intellectuelles indiscutables. Il aurait pu ne pas laisser Dieu agir en lui. Il aurait pu enfouir ses talents, fermer son cœur aux réponses qui lui ont été données… Il restait libre.

Sa vie permet d’affirmer que la foi vivante peut agir très vite et transformer quelqu’un qui la met en pratique. Voici le programme que Carlo a suivi : « La conversion n’est pas un processus d’addition, mais de soustraction, moins de moi pour faire plus de place à Dieu. » En pratique : bébé, il reçoit le baptême, ce sceau divin qui active l’âme chrétienne, lui ouvrant les portes du Ciel ; dès qu’il a su parler, il interroge son entourage, nourri et encouragé par la vie des saints et la lecture de la Bible, développant ainsi sa connaissance rationnelle de Dieu et décuplant son amour pour lui ; à sept ans, déjà enflammé d’amour pour Jésus, il met sa foi en actes grâce aux sacrements de la communion et de la confession et par un programme de vie spirituelle. « Les vertus théologales trouvent leur actualisation dans les sacrements », écrivait-il sur son ordinateur.

Ce chemin n’est pas plus facile pour lui que pour les autres, si l’on en croit ses conseils pour devenir saint (Kit de sainteté). La transformation intérieure que Carlo réalise est ce à quoi nous sommes tous appelés à réaliser un jour : accepter de descendre dans les abîmes de nos cœurs pour y parcourir le pèlerinage le plus important, ce chemin intérieur qui nous apprend à nous connaître. « La rencontre avec l’ennemi est la rencontre avec l’anti-moi, comparable à la face cachée de la lune qui n’est pas éclairée par le soleil. C’est-à-dire que, en moi, il reste une zone obscure et inexplorée qui réserve d’incroyables surprises. Pour progresser, il est nécessaire d’éclairer cette partie, de lever les voiles qui ne me permettent pas de voir, de sonder ses propres "profondeurs". Cela peut être douloureux. Tôt ou tard, il faut affronter l’anti-moi pour le rééquilibrer, le réharmoniser, le purifier. »

Ces vérités lui sont révélées non parce qu’il aurait reçu un privilège (Carlo demandait des prières pour devenir saint et espérait de tout son cœur échapper au purgatoire), mais parce qu’il aimait le Christ et la Sainte Vierge, et qu’il pratiquait concrètement les vertus et le catéchisme. C’est le seul message de Carlo, finalement : être saint, c’est être uni à Dieu en tout temps, en toute chose. Croire ce que Dieu a fait dans la vie de Carlo relève de la foi vivante en la toute-puissance divine.


Aller plus loin

Marie et Jean-Baptiste Maillard, Carlo Acutis, une âme de feu. La biographie indispensable du nouveau saint ! Artège, 2025.


En complément

  • Récit de la maman de Carlo Acutis : Carlo Acutis, le secret de mon fils. Comment il est devenu saint, Antonia Salzano-Acutis avec Paolo Rodari, Éditions Artège, 2022.

  • Le site de l’exposition des miracles eucharistiques recensés par Carlo Acutis : Les miracles eucharistiques dans le monde : exposition internationale imaginée et réalisée par Carlo Acutis .

  • Un livre pour les jeunes, de Marie et Jean-Baptiste Maillard : Le Kit sainteté de Carlo Acutis, d’après sa méthode inédite, Éditions de l’Emmanuel, septembre 2024.

  • Plusieurs miracles eucharistiques recensés dans l’exposition ont aussi fait l’objet d’ articles 1 000 raisons de croire .

  • Le site recensant les fioretti et miracles actuels obtenus par l’intercession de Carlo : miraclesdecarlo.com et lightsinthedark.info

  • Pour les personnes en proie à l’addiction de la pornographie, une initiative inspirée par Carlo Acutis.

  • Le récit de la conversion de Rajesh Mohur, par Courtney Mares : Blessed Carlo Acutis : A Saint in Sneakers, Ignatus, 2023.

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